Une rare laque de Lê Quoc Loc ainsi que des tableaux emblématiques de peintres de renom tels que Mai Trung Thứ, Lé Phô, Vũ Cao Đàm et Alix Aymé composent ce 35e catalogue, que vient compléter une sélection de sculptures, en bois laqué et en métal, et de porcelaines « bleu de Huê ».





Grands noms de l’art moderne vietnamien aux enchères

La magnifique soie En plein air (circa 1940-1945) par Mai Trung Thứ (1906-1980) remportait 794 720 €, chez Aguttes le 2 juin dernier, et la maison de ventes a connu un premier semestre 2022 avec de nouveaux records mondiaux. Le département précurseur sur ce marché présentera, une fois encore, ces artistes qui suscitent un véritable engouement sur le marché international. Noms qu’Aguttes a révélés, lors de précédentes vacations, et fait redécouvrir aux amateurs depuis près de 10 ans.



Mai Trung Thứ (1909-1980)

Parmi ces talents, citons Mai Trung Thứ, peintre vietnamien issu de l’Ecole des Beaux-Arts d’Indochine, qui décida de s’installer en France à la fin des années 1930. Les 34 précédentes vacations organisées par Aguttes ont remis en lumière son œuvre, longtemps restée confidentielle. Qu’il s’agisse de jeunes filles, ou de mises en scène dans des paysages, Mai Trung Thứ rend hommage à la beauté des femmes de son pays d’origine en faisant d’elles l’un de ses thèmes de prédilection.



 

Lot 4
Mai Trung Thứ (1909-1980)
Jeunes filles aux coussins, 1961
19.5 x 89.5 cm
Estimation : 100 000 - 150 000 €




Dans ses œuvres, Mai Trung Thứ décrit la féminité au travers de plusieurs perspectives, quelque peu nostalgiques, d’un passé idéalisé. Les figures féminines représentées dans Jeunes filles aux coussins nous laissent percevoir la vision tendre du peintre sur l’esthétique traditionnelle de la beauté des Vietnamiennes, et celle d’une ambiance fantasmée. Le trait assuré du peintre fait ressortir les subtiles nuances de la palette riche et vive de cette composition. La délicatesse du visage des trois protagonistes se mêle à la douceur de la composition, dans laquelle les jeunes filles prennent place. Appuyées sur des coussins-accoudoirs traditionnels, elles ont abandonné leurs occupations et se distraient à l’annonce heureuse, qui vient d’être faite et qui accompagne le mouvement de cette petite fleur dressée. 




 
Lot 7
Mai Trung Thứ (1909-1980)
L’écharpe bleue, 1942
30 x 21.7 cm
Provenance : Collection de la Princesse d’Annam, épouse de l’Empereur Hàm Nghi, El-Biar, Algérie Collection privée d’un entrepreneur local ayant travaillé à la construction de la résidence princière (offert par la précédente en remerciement de nombreux services)
Collection privée, Sud de la France (arrière-petit-fils de l’entrepreneur algérois, rapporté vers 1962 et transmis familialement depuis)
Estimation : 80 000 - 120 000 €




Toujours autour de la féminité, L’écharpe bleue nous montre la grâce et l’élégance d’une jeune fille, qui ne manqueront pas d’interpeller l’œil du spectateur. Celui-ci succombera au coup de pinceau de Mai Trung Thứ : la légèreté de la composition, rythmée par le mouvement du voile et sa transparence, rend hommage à la féminité, tant célébrée par l’artiste. Cette soie provient de la Collection de la Princesse d’Annam, épouse de l’Empereur Hàm Nghi, El-Biar, qui l’offrit ensuite à un entrepreneur algérois.



 

Lot 12
Mai Trung Thứ (1909-1980)
Pommes, 1959
30 x 30 cm
Estimation : 100 000 - 150 000 €




« L’art moderne est né le jour où Cézanne a découvert que, pour l’artiste, la pomme n’était pas la pomme, mais un sujet d’observation ». 
Pierre Francastel, historien de l’art

Au regard de l’histoire de l’art, la pomme constitue un sujet universel, riche et complexe que les artistes s’évertuent à dépeindre. Ici, le peintre Mai Trung Thứ offre sa propre version de la nature morte à la pomme, en posant avec délicatesse une palette douce et subtile sur la soie. Toute la virtuosité du peintre se ressent dans le traitement de ces trois fruits, posés sur un plateau jaune octogonale, captant ainsi l’œil du spectateur. Le fond neutre, caractéristique de Mai Trung Thứ, donne le ton aux nuances chaudes. Avec subtilité, l’artiste vient affirmer les lignes d’un fin trait noir, contrastant délicatement avec la douceur générale de l’œuvre. 




Vũ Cao Đàm (1908-2000)

Ce catalogue nous permet d’apprécier la pluridisciplinarité de Vũ Cao Đàm (1908-2000) au travers de trois mediums différents : la soie, matière noble en vogue à la fin des années 1920 dans les ateliers de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, la sculpture, art que Vũ Cao Đàm affectionne tout particulièrement et dans lequel il se spécialisera, et enfin l’huile, à laquelle il s’adonnera une grande partie de sa vie, au contact notamment de Chagall, qu’il côtoiera à Saint-Paul-de-Vence.


 

Lot 10
Vũ Cao Đàm (1908-2000)
Tête de jeune garçon, circa 1945-1950
Terre cuite, signée au revers
20 x 6 x 10 cm -  30 cm avec le socle 
Estimation : 30 000 - 50 000 €




Grand sujet de la peinture classique, la maternité constitue également l’une des thématiques récurrentes de cet artiste complet. Cette vente en propose trois de Vũ Cao Đàm. Reconnu pour ses représentations de jeunes femmes douces et délicates, tracées par la finesse de son pinceau, Vũ Cao Đàm rend  hommage, dans Maternité, à cette mère et à son enfant. Les yeux mi-clos des personnages et la tendresse de leurs gestes l’un pour l’autre, suffisent à représenter la beauté de cet instant partagé. Si la famille fait partie des valeurs essentielles dans la culture asiatique, la maternité représente un langage universel, que Vũ Cao Đàm parvient à honorer avec talent.



 
Lot 5
Vũ Cao Đàm (1908-2000)
Maternité, circa 1950
61 x 46 cm 
Estimation : 180 000 - 220 000 €

Lot 9
Vũ Cao Đàm (1908-2000)
Maternité, 1961
65 x 54 cm 
Estimation : 40 000 - 60 000 €

Lot 8
Vũ Cao Đàm (1908-2000)
Mère et enfant, 1956
Huile sur panneau, signée en bas à droite, contresignée, titrée, datée et située Vence au dos.
Dans son cadre d’origine, fait par l’artiste
100 x 73 cm 
Estimation : 70 000 - 100 000 €




Lê Quoc Loc (1918-1987)

Virtuose de la laque, Lê Quoc Loc a récemment atteint des records de vente sur le marché de l’art. Artiste diplômé de la douzième promotion de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine en 1942, il se spécialise dans l’art de la laque.
L’œuvre ici présentée, composée de six panneaux, s’inscrit dans la ligne créatrice de l’artiste. Regorgeant d’une végétation luxuriante à la palette chaude et chatoyante, elle présente un savant mélange entre lyrisme et nature. L’artiste s’attache à valoriser sa culture vietnamienne, et si ce paravent s’affiche comme un faire-valoir du talent de l’artiste, il constitue avant tout un véritable hommage au Vietnam. 

Lot 6
Lê Quoc Loc (1918-1987)
Les rapides de Cho Bo, 1942
100 x 32.7 cm 
Estimation : 300 000 - 400 000 €




Second volet de la vacation du 3 octobre 2022, les Arts du Vietnam
 

Lot 53
Chine pour le Vietnam XIXe siècle
Importante jarre balustre couverte à long col très évasé en porcelaine bleu-blanc, à décor d'oiseaux et de papillons dans les fleurs et les roches percées, le col et le couvercle soulignés d'une frise de chevrons.
Double-cercle sur la base.
H. 46 cm
(Fêlures à la panse et petite égrenure au bord)
Estimation : 1000 - 1500 €




La seconde partie de cette vente met à l’honneur la sculpture, en bois laqué et en métal, et la porcelaine chinoise d'exportation pour le Vietnam, plus connue sous le nom de « bleu de Huê ». Ce dernier chapitre, composé de plus de quarante lots, provient principalement de deux anciennes collections particulières françaises. Il illustre autant la perfection technique de ces céramiques de commande que la diversité de leurs formes et de leurs décors qui réalisent une synthèse inédite entre les cultures chinoise et vietnamienne. La grande jarre couverte à décor d’oiseaux et les deux grands bols en porcelaine bleu-blanc, à riche décor de dragons, qui furent en usage à la cour de Thiêu Tri (1841-1847), constituent indéniablement les lots-phares de ce dernier chapitre. 




 

Lot 56
Chine pour le Vietnam période Thiêu Tri (1841 - 1847)
Important bol en porcelaine bleu-blanc, à décor de trois réserves mouvementées décrivant la métamorphose de la carpe en dragon, chacune des réserves séparée par un tapis de motifs hexagonaux criblés de points évoquant une carapace de tortue.
Marque au dragon en médaillon sur la base.
H. 9,5 cm - D. 19,8 cm
(Infime égrenure au bord et petites fêlures de cuisson sur la base)
Estimation : 2000 - 3000 €