Vente
ARTS CLASSIQUES : AU TRAVERS DU TEMPS



 
À l’occasion de sa vente « Arts Classiques », Aguttes présente, le 30 juin 2022 à Neuilly-sur-Seine, quelque 200 lots, parmi lesquels une réduction de la fontaine dite du Maure de la place Navone à Rome, un bronze d’après Le Bernin. Figurent également au catalogue un grand Ouchebti et quelque 2 000 pierres du Château des Herbiers.

Estimé 30 000 - 50 000 €, ce bronze représente Triton chevauchant un dauphin, debout sur une grande conque au milieu des rochers. Fondue à la cire perdue, en deux parties, cette épreuve unique présente une patine brune. Il s’agit d’une réduction de la Fontaine dite du Maure de la place Navone à Rome. Conçue en 1575, par Giacomo della Porta, avec un dauphin et quatre tritons, la Fontaine du Maure se voit complétée en 1653 par le Maure, sculpture réalisée d’après un dessin du Bernin (1598-1680). Le sculpteur, Giovanni Antonio Mari, se chargea de son exécution. Bien qu'il existe quelques rares réductions en bronze du célèbre Maure de la place Navone, seule cette sculpture présente exactement les mêmes caractéristiques que celles du modello en terre cuite, conservé au Kimbell Art Museum de Fort Worth (États-Unis). En effet, sur la fontaine, comme sur les réductions préalablement connues, la conque, sur laquelle repose le Triton, semble flotter sur les eaux du bassin.

En revanche, ce bronze, dévoilé par Aguttes, offre une terrasse qui forme un piédestal de rochers tout à fait singulier. La seule et unique autre occurrence identique ne se retrouve que sur le modello en terre cuite du Bernin acquis en 2003 par le Kimbell Art Museum (n°AP 2003.01). Cet amas de rochers ne se retrouve sur aucun dessin ni aucune gravure. Il apparaît donc évident que l'artiste ayant formé la cire qui servit à l'élaboration de ce bronze, unique, avait sous les yeux ce chef modèle du Bernin, dont les dimensions - hauteur : 80 cm - s’avèrent comparables. Recherche du mouvement, torsion des formes, dramaturgie des expressions et mise en scène théâtrale composent l’art du chef de fil du baroque italien, et se retrouvent dans ce bronze.





D'après Gian Lorenzo BERNINI, dit Le BERNIN (1598-1680)
Triton chevauchant un dauphin, debout sur une grande conque au milieu des rochers
Bronze à patine brune. Cire perdue (en deux parties). France ou Italie, probablement XVIIIe siècle
Hauteur : 77,6 cm - Largeur base : 36,1 cm - Profondeur base : 43 cm  (Reprises anciennes par le dessous, une fente ancienne, usures)
Estimation : 30 000 - 50 000 €



 
Egyptologie
 
Parmi les autres lots, les amateurs remarqueront, un grand ouchebti de Psamtek (ou Psametik), fils de Sébarekhyt (XXVIe dynastie ; VIe siècle avant J.-C.). En terre siliceuse recouverte d’une glaçure bleue, cette figurine funéraire, avec une coiffure tripartite striée, présente un visage soigneusement sculpté avec une barbe osirienne. Ses mains croisées serrent un hoyau, une houe et une cordelette, qui soutient un sac à grain dorsal.

Le reste du corps élancé présente neuf lignes de beaux hiéroglyphes incisés. Cet ouchbeti provient de la tombe de Psamtek, fils de Sebarekhyt, découverte au milieu du XIXe siècle. Celle-ci n’a pas encore été exactement relocalisée mais elle se situait aux environs de Saqqarah. Divers collectionneurs de l’époque acquirent son mobilier funéraire parfaitement conservé, qui se trouve aujourd’hui dispersé dans les grands musées et collections particulières. La qualité exceptionnelle de l’ensemble ne repose pas seulement sur la situation de Psamte, intime du roi Amasis : les fonctions de ce grand personnage dans la nécropole l’expliquent également. Elles sont énumérées sur son sarcophage : « Inspecteur des prêtres-sem, administrateur de la Montagne Occidentale (nécropole de Memphis) ».    

Reconnaissables entre tous, ces ouchebtis de Psamtek fils de Sébarekhyt, sont d'une couleur bleu ciel exceptionnelle que l’on retrouve dans les principaux musées et grandes collections du monde : musée du Louvre (N 2734 I), World Museum de Liverpool (56.21.99),Victoria & Albert Museum de Londres (986-1853)…

Le remarquable sarcophage de Psamtek est, quant à lui, actuellement conservé au musée de Grenoble : il s’agit d’un don de Gabriel de Saint-Ferriol, fils du comte Louis de Saint-Ferriol, en 1916 (Inv. : MG 1996).  



GRAND OUCHEBTI de Psamtek (ou Psametik) fils de Sébarekhyt
Terre siliceuse et glaçure bleue.  Egypte, Saqqarah, XXVIe dynastie. VIe siècle avant J.-C.  
H.18,2 cm
Estimation : 12 000 - 15 000 €





Cadeau de Napoléon Ier

Estimé 2 000 - 3 000 €, un lot réunit des souvenirs de Louis-Etienne Saint-Denis dit le « Mamelouk Ali » (1788-1856).
Dans ses mémoires, Souvenirs sur l'empereur Napoléon, Mamelouk Ali évoque une bague : « Quelques temps auparavant, il avait fait remettre une bague à ma femme. » [p. 236 dans la réédition de 2002 chez Arléa]. Cette bague, en or jaune à décor de fleurettes en millegrains, ayant appartenu à Napoléon Ier, fut offerte en souvenir à Mamelouk Ali à Sainte-Hélène, vraissemblablement à l'occasion de son mariage avec Marie Hall, le 16 octobre 1819, et passera sous le feu des enchères le 30 juin 2022 chez Aguttes. L’accompagnera, un dessin autographe au monograme de son épouse Marie Hall, augmenté d'un mot de l'empereur : « amoureux » accompagné d'une note explicative autographe de Louis Etienne Saint-Denis « Mamelouk Ali ».  

« À un moment où j'étais absent de la bibliothèque, l'Empereur y vint, sortant de ses deux petites chambre et se dirigea vers ma petite table pour voir où j'en étais du travail qu'il m'avait donné. Sur mon pupitre, il y avait un quarré de papier sur lequel je m'étais amusé à dessiner au crayon le chiffre de ma femme, et pour mieux suivre ma prétendue, car alors, je crois, je n'étais pas encore marié.  Il exima l'image, ce que je suppose, et ecrivit le mot amoureux. Puis après je rentrais. l'Empereur était passé et lui s'en était allé dans le jardin. En m'asseyant pour me remettre au travail , mes yeux se posèrent immédiatement sur le quarré de papier et j'aperçut ce que l'Empereur avait écrit. Je donnai encore quelques coups de crayon pour finir mon petit dessin que m'empressais de serrer pour que quelqu'un n'eut pas l'idée de se l'approprier. »  

Extrait de la note explicative autographe de Louis-Etienne Saint-Denis « Mamelouk Ali ».  



Un lot insolite : 2 000 pierres du Château des Herbiers

Cette demeure historique, autrefois classée, fut construite dans la seconde moitié du XVIIIe siècle à Mérignac, près de Bordeaux. Il s’agit probablement de l'œuvre de l'architecte Victor Louis (1731-1800) qui réalisa notamment le Théâtre de la Ville à Bordeaux, ou de son entourage. Ancienne propriété de la famille Graterolle, le château des Herbiers, qui mesurait environs 25 m de long pour 15 m de large sur deux étages, se vit entièrement démonté. La maison de ventes Aguttes propose, le 30 juin 2022, un ensemble de quelque 2 000 moellons, qui constituaient autrefois le château des Herbiers à Mérignac. Y sont joints la cage d'escalier en fer forgé, sur trois niveaux, ainsi que la monumentale cheminée des cuisines. Estimé 40 000 - 60 000 €, ce lot, témoin de l’Histoire devrait permettre la sauvegarde d’une partie de notre patrimoine.





Une vue de l'ancien chateau des Herbiers



 


INFORMATIONS PRATIQUES

Vente aux enchères publique : jeudi 30 juin à 14h30

Exposition publique :
Les mardi 28 et mercredi 29 juin : 10h - 13h puis 14h - 18h


Aguttes • 164 bis, avenue Charles-de-Gaulle - Neuilly-sur-Seine


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Grégoire de Thoury
Responsable du département Mobilier & Objets d'Arts
+33 1 41 92 06 46 • thoury@aguttes.com