SAND George (1804-1876).

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SAND George (1804-1876).
L.A.S. adressée à Alexandre Dumas fils. Nohant, 7 octobre 1851. 4 pp. in-8. Encre turquoise. Longue et belle lettre : « J'ai reçu, enfin, ce que vous aviez remis pour moi à mon homme d'affaires [Gabriel Falampin]. Le retard ne provenait que de mon fait, je croyais tous les jours aller à Paris, et je n'y allais pas et je suis encore ici pour un mois. Merci, Monsieur, merci mille fois pour la délicatesse, et j'oserai dire, le dévouement que vous avez mis dans tout cela. Le mot n'est pas orgueilleux entre artistes. Ils se le devraient les uns aux autres ; mais bien peu sont capables de le prouver ou de l'accepter. Puisque vous avez eu la patience de lire ce recueil assez insignifiant par les redites, que je viens de relire moi-même, et qui me semble n'avoir d'intérêt que pour mon propre coeur, vous savez maintenant quelle maternelle tendresse a rempli neuf ans de ma vie. Certes, il n'y a pas là de secret, et j'aurais plutôt à me glorifier qu'à rougir d'avoir soigné et consolé, comme mon enfant, ce noble et inguérissable coeur. Mais le côté secret de cette correspondance, vous le savez maintenant. Illl nn'est pas bien grave mais il m'eût été douloureux de le voir commenter et exagérer. On dit tout à ses enfants, quand ils ont âge d'homme. Je disais donc alors à mon pauvre ami ce que je dis maintenant à mon fils. Quand ma fille me faisait souffrir par les hauteurs et les aspérités de son caractère d'enfant gâté, je m'en plaignais à celui qui était mon autre moi-même. Ce caractère, qui m'a bien souvent navrée et effrayée, s'est modifié grâce à Dieu et à un peu d'expérience. D'ailleurs l'esprit inquiet d'une mère s'exagère ces premières manifestations de la force, ces défauts qui sont souvent son propre ouvrage, quand elle a trop aimé ou trop gâté. De tout cela au bout de quelques années, il n'est plus sérieusement question. Mais ces révélations familières peuvent prendre de l'importance à de certains yeux malveillants ; et j'aurais bien souffert d'ouvrir à tout le monde ce livre mystérieux de ma vie intime, à la page où est écrit tant de fois, avec des sourires mêlés de larmes, le nom de ma fille. Pour rien au monde cependant, je ne vous aurais demandé de me renvoyer la copie que vous aviez commencé à faire. Je savais que vous me la renverriez ou que vous la brûleriez aussitôt que vous auriez compris le motif de mes inquiétudes [...] ». Elle ajoute « J'ai fini avec bien de l'émotion ce beau roman qui n'a qu'un défaut, c'est d'être trop court ! J'ai donné l'ordre qu'on vous envoyât mon édition illustrée par Johannot. Ce n'est pas pour vous engager à lire tout ce fatras, mais en voyant traîner quelquefois ces incommodes feuillets autour de la table où vous travaillez, vous vous direz que ma pensée est autour de vous pour applaudir d'avance à votre succès ». Sand ajoute : « Embrassez pour moi votre bon et illustre père ».
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