POL CHAMBOST (1906-1983)

Lot 84
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POL CHAMBOST (1906-1983)
GRAND VASE CYLINDRIQUE MODÈLE 1100 Émaillé blanc à l'extérieur et jaune tilleul à l'intérieur. Décor d'un violon cubiste à la manière de Braque, émaillé en noir. Circa 1959 Haut. 37,5 cm (Quelques manques d'émail) PROVENANCE Collection particulière, Paris HISTORIQUE Ce vase est une commande de Colette Gueden à Pol Chambost pour sa foire-exposition «Commedia dell'arte» qui a été inaugurée en avril 1959. En l'état actuel de nos connaissances seules 6 pièces de cette série ont été répertoriées dans le facturier de la Poterie Pol Chambost. Ces vases n'ont été édités que pour Colette Gueden. Nous remercions Philippe Chambost pour le texte qui accompagne cette notice et pour ses précieuses recherches dans les archives de Pol Chambost. Large cylindrical vase decorated with a violin. 14 9/16 in. Alors qu'elle succède à Charlotte Chauchet-Guilleré en 1938 à la direction artistique de Primavera, Colette Gueden n'aura de cesse de rechercher le meilleur de l'artisanat français pour présenter des objets décoratifs de grande qualité lors de ses «petites foires» qui font courir le Tout-Paris en quête de cette nouvelle esthétique Parisienne, synonyme de chic et de bon goût français. Sa collaboration avec le sculpteur-céramiste Pol Chambost installé à Ivry-sur-Seine (là où Jean Besnard exerce son art) est connue dès 1943, lui demandant de la dépanner «d'un plat décoratif tourné et d'un panier modelé à la main» qu'elle présentera au prochain Salon de l'Imagerie. Sur deux décennies quasiment, le céramiste sera présent par ses créations aux côtés de la styliste pour témoigner de l'évolution de cet art décoratif de prestige mais accessible à tous. Colette Gueden, préparant son exposition de printemps 1959, sollicite à nouveau Chambost dans une lettre datée du 16 décembre 1958 dans laquelle elle lui expose son projet : «Le thème général est sur la danse genre Commedia del Arte... je voudrais que vous me cherchiez... différents modèles (dont) un vase décoré en Arlequin losanges noirs et blancs». Il s'agit en fait, croquis à main levée à l'appui, d'une suggestion d'un vase cylindre de 39 à 40 cm de haut et 18cm de diamètre. Finalement les pages de croquis s'enchaînent et la main levée aboutit à trois «vases cylindres» d'un décor de principe d'instruments de musique : violon, guitare et mandoline. La note de commande du 17 février 1959 permet de confirmer la précision de la demande, à savoir «Très haut vase cylindrique avec décor instrument de musique en noir sur émail blanc, intérieur rouge, jaune tilleul ou noir». Elle ajoute : «une guitare et un violon à accrocher au mur pour mettre des fleurs seraient jolis aussi». Les factures de la «Poterie Pol Chambost» des 9, 13 et 19 mars 1959 rendent compte de la livraison des oeuvres sous l'appellation Modèle 1100 ou «vase décor musique». Six exemplaires au total sont commercialisés sans précision de décors. Si le modèle au violon est inscrit dans le répertoire des modèles de la Poterie d'Ivry, il semble qu'à la lecture de toutes les factures constituant le fonds d'archives Chambost, ces vases «décor musique» n'ont été édités que pour Colette Gueden. Si Colette Gueden connait l'aptitude du céramiste à traduire en modelage ses aspirations plastiques, elle n'ignore pas non plus sa série aux décors figuratifs peints dans l'esprit de Braque et de Picasso et éditée au cours de l'année 1956. Pol ne va pas tracer de façon simpliste la ligne des instruments de musique dessinée par la styliste. S'il a rencontré Picasso et son oeuvre céramique à Vallauris en 1954, il penche davantage vers la vision de Georges Braque pour alimenter son imagination créatrice. Sérieusement documenté sur le sujet, c'est dans l'ouvrage de Maurice Gieure édité chez Pierre Tisné qu'il trouve modèle pictural à son violon ici représenté. La pose, l'entourage, le trait sont inspirés de certains dessins de Braque comme «Broc et violon» de 1910 ou encore «La Bouteille de Marc», une encre de chine de 1914. Il fait siennes, mais par l'émail, la vision et la technique du Maître. L'émail blanc est ici support du trait noir, ce qui suffit à révéler l'appétence du céramiste pour le dessin. Il faut dire que, né d'un père sculpteur et d'une mère peintre et professeur de dessin, Chambost fait partie de ces premiers créateurs, issus de la toute nouvelle réforme de l'enseignement de l'Ecole des Arts appliqués à l'industrie et justement initiée, dès 1922 par le Conseil Municipal de la ville de Paris, à l'orée de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Dessinateur, modeleur, cuiseur... mais aussi émailleur, avec ce contraste de jaune intérieur qui caractérise si bien le style des années 50. Philippe Chambost
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