FRÉDÉRIC II (1712-1786) Roi de Prusse

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FRÉDÉRIC II (1712-1786) Roi de Prusse
L.S. «Federic» avec 3 lignes autographes, Potsdam 3 janvier 1773, à VOLTAIRE ; 4 pages in-4 (petite tache à la dernière page). Très belle lettre à Voltaire à propos de la gloire. Il ouvre sa lettre par un hommage ironique de 16 vers, à Nicolas THIERIOT, son «correspondant littéraire», décédé le 23 novembre 1772 : «Que Tiriot a de l'esprit Depuis que le trepas en a fait un squelete, Mais lorsqu'il vegetait dans ce monde maudit Du Parnasse français composant la gazette Il n'eut ni gloire, ni crédit»... On ne peut juger du mérite d'un homme qu'après sa mort : «au lieu de m'envoyer souvent un fatras non lisible d'extraits de mauvais livres, Tyriot aurait du me regaler de tels vers, devant lesquels les meilleurs qu'il m'arrive de faire baissent le pavillon, aparement qu'il méprisait la gloire, au point qu'il dédaignait d'en jouir. Cette philosophie ascetique surpasse je l'avoue mes forces»... Cependant la gloire se réduit à peu de chose, et il n'y a pas de quoi s'enorgueillir d'être jugé par des imbéciles, mais la réputation encourage les travaux, et on est sensible aux jugements de la postérité, surtout les rois, qui ne craignent pas d'autre tribunal. «Si l'on vouloit receuillir tous les préjugés qui gouvernent le monde, ce catalogue remplirait un gros in folio. Contentons nous de combattre ceux qui nuisent à la société, et ne détruisons pas les erreurs utiles autant qu'agréables»... Frédéric place les grands auteurs au-dessus des bons princes, parce que leurs bienfaits sont pérennes : «le nom d'Aristote retentit plus dans les écoles que celui d'Alexandre, on lit et relit plus souvent Ciceron que les Commentaires de César. Les bons auteurs du dernier siecle ont rendu le regne de Louis XIV plus fameux, que les victoires du Conquérant»... Il cite d'autres grands classiques de l'Antiquité et de l'Angleterre, supérieurs aux exploits de leurs temps, pour prouver que «vous autres Précepteurs du genre humain, si vous aspirés à la gloire, votre attente est remplie, au lieu que souvent nos espérances sont trompées, parce que nous ne travaillons que pour nos contemporains et vous pour tous les siecles. On ne vit plus avec nous, quant un peu de terre a couvert nos cendres, au lieu que l'on converse avec tous les beaux esprits de l'Antiquité qui nous parlent par leurs livres. Nonobstant tout ce que je viens de vous exposer, je n'en travaillerai pas moins pour la gloire, dûssai-je crever à la peine, parce qu'on est incorrigible à 61 ans, et parce qu'il est prouvé que celui qui ne desire pas l'estime de ses contemporains, en est indigne, voila l'aveu sincere de ce que je suis et de ce que la nature a voulu que je fusse, si le Patriarche de Fernex qui pense comme moi, juge mon cas un péché mortel, je lui demande l'absolution. J'attendrai humblement sa sentence, et si même il me condamne, je ne l'en aimerai pas moins. Puisse-t-il vivre la millieme partie de ce que durera sa reputation, il passera l'age des patriarches, c'est ce que lui souhaite le Philosophe de Sans-Souci : valè»... Il ajoute, de sa main : «Je fais copiér mes lettres parce que ma main comance a devenir tremblante et qu'ecrivant tres petit caractere cela pourroit fatiguér vos yeux»
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