PROUST Marcel (1871-1922)

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PROUST Marcel (1871-1922)
L.A.S. «Marcel», [22 mai 1915], au comte Clément de MAUGNY ; 4 pages in-8. Belle évocation des amis et des proches disparus. Il a beaucoup pensé à son «cher Clément» «en apprenant la mort de M. de LUDRE. Je sais combien tu l'aimais, et le perdre ainsi sans l'avoir revu, jeune comme on meurt souvent hélas en ce moment, mais quand on est à la guerre ! Que j'aurais aimé être auprès de toi pour, à force de douceur et d'amitié, tâcher d'apaiser dans ton cœur si bon, si sensible, la tristesse que personne, en campagne ne pouvait consoler. Le mien, mon cher Clément, toujours tendre pour toi, oublie ses peines pour penser à la tienne. Et pourtant les miennes sont bien grandes, tu ne le sais, tant nos vies sont séparées maintenant, d'un ami que j'ai perdu il y a un an [Alfred AGOSTINELLI], et qui avec ma mère, mon père et Reynaldo [HAHN] est la personne que j'ai le plus aimée. Mais depuis les morts se sont succédées sans interruption. Bertrand de FÉNELON [tué le 17 décembre 1914], qui, quand tu as cessé de me voir, était devenu mon Clément et s'est montré pour moi un ami incomparable, Bertrand de Fénelon qui n'avait pas à être mobilisé et rendait plus de services où il était, a voulu partir et a été tué. Il y avait dix ans que je ne l'avais pas vu, mais je le pleurerai toujours. La mort de d'Humières [Robert d'HUMIÈRES, tué le 26 avril] m'a fait beaucoup de peine. Mon frère vient d'être décoré pour des actes de courage, mais qui signifient aussi les dangers qu'il court. Enfin je puis te dire que c'est le cœur saignant que je pense à toi et à tout ce que tu dois souffrir dans cette vie glorieuse, mais si pleine de deuils»... Correspondance, t. XIV, n° 64 (p. 135)
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