La revue
EUGÈNE BOUDIN, LE HAVRE AU CŒUR


Le Havre joue un rôle de tout premier plan dans la vie tant personnelle qu’artistique d’Eugène Boudin (1826-1898). Siège d’exercice de sa première activité, lieu de rencontres fécondes et source d’inspiration constante, Le Havre est l’une des terres d’élection de celui qu’on appelle le « maître des ciels ».

C’est au Havre qu’Eugène Boudin (1824-1898), fils de marin né à Honfleur, ouvre à seulement vingt ans un négoce de papeterie dont il utiliser la vitrine pour exposer les tableaux des peintres de passage qui, en retour, le conseillent et l’encouragent à abandonner son commerce pour l’art.
C’est encore au Havre, et grâce aux paysages qu’il y envoie en 1850, que Boudin se fait remarquer et pensionner par la ville. S’il fréquente alors assidûment Paris, capitale des arts, il reste fidèle au Havre, à Honfleur et à la ferme Saint-Siméon, où il côtoie les peintres connus autrefois et s’adonne à la pratique du plein air.
En 1858, c’est sans surprise au Havre qu’a lieu la rencontre capitale entre le jeune Monet et Boudin, qui entraîne ce dernier sur le motif et l’alerte sur le caractère transitoire de toute chose.
L’été suivant, Boudin se lie d’amitié avec Courbet et les deux hommes font la connaissance de Baudelaire qui s’enthousiasme pour ses ciels des environs du Havre.

Grâce au succès de la vente de ses œuvres en 1868, Boudin a enfin les moyens de voyager. Il quadrille l’Ouest de la France, se rend à Venise, et renouvelle son inspiration. Il retourne cependant inlassablement en Normandie pour y décliner ses vues de port avec une nette prédilection pour celui du Havre, sans oublier ses scènes de plage où fleurissent les crinolines et ses paisibles troupeaux. Loin d’être des redites, ces tableaux - à la fois tous semblables et tous différents - sont des variations sur un thème qui éclairent sa participation à la première exposition impressionniste de 1874.

Eugène Boudin laisse un œuvre abondant qui accorde une place de choix aux vues du Havre, à l’instar de notre tableau au millésime de 1884. Prêté par Jules Choquet à la rétrospective Eugène Boudin de 1899, il est typique du travail de l’artiste par sa touche spontanée, qui ne sacrifie en rien l’acuité de l’observation, et son aspiration à fixer l’éphémère - eau, air et humanité en mouvement - dans le droit fil des Impressionnistes alors au sommet de leur art.



Eugène Boudin (1824-1898) Le Havre. Le Bassin du Commerce, 1884
Huile sur panneau, Signée, datée '[18]84' et située 'Le Havre' en bas à gauche
32,5 x 41 cm

Provenance
• Collection Jules-Charles Choquet, Paris
• Collection particulière, France (par descendance)

Exposition
Exposition des oeuvres d'Eugène Boudin, Paris, École des Beaux-Arts, 9-30 janvier 1899, n°351

Bibliographie
Exposition des œuvres d'Eugène Boudin du 9 au 30 janvier 1899, Supplément au catalogue, s. e. [École des Beaux-Arts], n. d. [1899], décrit sous le nº351, n. p.
• Robert Schmit, Eugène Boudin, 1824-1898, Tome II, Paris : Galerie Schmit, 1973, décrit et reproduit sous le n°1883, p. 224




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