Maternité par Tsuguharu Foujita



 
Léonard Tsuguharu Foujita est né en 1886 à Tokyo. Issu d’une famille aisée de la bourgeoisie militaire japonaise, il est très tôt initié à la culture occidentale par ses proches. Il intègre rapidement l’École des Beaux-Arts de Tokyo où il se tourne vers l’apprentissage de la peinture occidentale, obtenant son diplôme en 1910. Dès 1913, Foujita gagne la France, destination fantasmée depuis toujours ; il réside bientôt à Montparnasse où il côtoiera les protagonistes les plus célèbres de l’École de Paris. Le style développé par Foujita, qui lui vaudra une place de véritable icône de la scène artistique française à partir des Années folles, est issu d’un savant mélange entre la marque indélébile de sa culture japonaise natale et l’imprégnation de la tradition occidentale, du gothique à l’art contemporain en passant par les icônes de la fin du XIXe siècle.





Tsuguharu Foujita (1886-1968)
Maternité, 1957
Aquarelle et feuille d'or sur papier contrecollé sur carton, signée et située "Paris" en bas à droite
23 x 17 .5 cm
Provenance : Galerie Claude Bernard, 1957 - Ancienne collection privée, France
Bibliographie : Sylvie Buisson, Léonard-Tsuguharu Foujita, Catalogue général de l'œuvre, Volume II, ACR Edition, Paris, 2001

Estimation : 215 000 - 250 000 €



Le thème de la Maternité est important dans l’œuvre de Foujita. Si l’artiste en présente une dès 1919 au Salon d’Automne de Paris, la représentation de ces mères est marquée par une évolution stylistique dans les années 1950. Les influences occidentales et orientales qui caractérisent le travail de l’artiste sont alors à leur apogée. Cette Maternité de 1957 témoigne merveilleusement bien du pont opéré entre la culture japonaise et occidentale mais aussi entre l’art sacré et profane. Si le sujet n’est pas sans rappeler une Vierge à l’Enfant, Foujita adopte sa propre iconographie, ne gardant des personnages religieux que celui de la Mère, remplaçant l'Enfant Jésus par une petite fille.

La position hiératique mais aussi le cadrage et l’isolement des modèles sur un fond à la feuille d’or évoquent ces icônes byzantines que l’artiste s’est plu à admirer. Les influences des œuvres de la Renaissance Italienne peuvent également se lire à travers la douceur des visages et par la représentation du lien unissant une mère à son enfant. Les formes longilignes des visages et les mains graciles sont empruntées aux maniéristes italiens. Revisitant le primitivisme italien et le hiératisme Moyenâgeux, Foujita créé un langage propre qui pourrait être qualifié de « gothique ». Privilégiant le dessin et la ligne, l’artiste sacralise son sujet et revisite ainsi les livres Saints pour offrir un art unique dont lui seul détient le secret.


 
Œuvre en rapport :
Duccio, Madone et enfant,
vers 1280, Pinacothèque Nationale,
Sienne
Œuvre en rapport :
Giovanni Bellini, Vierge à l'Enfant,
vers 1470-75, Musée Fesch, Ajaccio
Œuvre en rapport :
Raphaël, La Madone du Grand Duc,
vers 1505-06, Palazzo Pitti, Florence


 

IMPRESSIONNISTE & MODERNE
Mardi 4 mai 2021, 14h30
Aguttes Neuilly

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Charlotte Aguttes-Reynier : reynier@aguttes.com - +33 (0)1 41 92 06 49 

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