QUENEAU RAYMOND (1903-1976)

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QUENEAU RAYMOND (1903-1976)
MANUSCRIT autographe, Morale élémentaire, [1973-1975] ; 108 pages in-4, et 16 pages in-4 ou in-8. Manuscrit complet du dernier recueil poétique de Queneau, avec un dossier complémentaire. Morale élémentaire a paru en octobre 1975 chez Gallimard dans la collection Blanche ; Queneau y a travaillé d’avril 1973 à mai 1975. Il s’agit du dernier recueil poétique de Raymond Queneau, et de son dernier livre. «Morale élémentaire, c’est ce que j’ai écrit de mieux », note-t-il dans son journal quelques mois avant sa mort. Le recueil, divisé en trois parties, repose sur une structure cachée complexe. La première partie est composée de 51 « lipolepses », forme inventée par Queneau dans la lignée des exercices oulipiens, les deux suivantes rassemblent 16 et 64 poèmes en prose, exprimant à la fois le moi et le monde, quête spirituelle avant la mort prochaine, organisée selon le Yi king ou Livre des changements, très ancien livre de sagesse chinoise. Le manuscrit comprend les manuscrits des trois parties de Morale élémentaire. I. Le manuscrit de la première partie compte 50 pages chiffrées 1-50, au recto de feuillets de papier vélin (27 x 21 cm). Selon les dates placées à la fin de certains poèmes, l’écriture des poèmes a commencé en avril-mai 1973 pour s’achever le « lundi de Pâques 1974 ». Cette partie est composée de ce que Queneau a nommé des « lipolepses », terme forgé à partir de deux verbes grecs signifiant « je prends » et « je laisse ». Une note autographe de Queneau (1 p. in-4, avec sa dactylographie), jointe au dossier, et destinée à accompagner la publication de certains de ces poèmes dans La Nouvelle Revue française, définit la forme fixe de ces poèmes : « D’abord trois fois plus un groupes substantif plus adjectif (ou participe) avec quelques répétitions, rimes, allitérations, échos ad libitum ; puis une petite parenthèse de sept vers de une à cinq syllabes ; enfin une conclusion de trois plus un groupes substantif plus adjectif (ou participe) reprenant plus ou moins quelques-uns des vingt-quatre mots utilisés dans la première partie. Des vers de six, sept ou huit syllabes (huit au maximum) dans la parenthèse, mais l’ordre substantif-adjectif est absolument impératif. Des “raisons” purement internes ont déterminé cette forme qui n’a été précédée d’aucune recherche mathématique ou rythmique explicitable »… Le premier poème du recueil («refait le 15 sept.» est-il noté sur le manus­crit) servira d'exemple : «Isis sombre Fruit vert Animal tacheté Néologismes clairs Fleur rouge Attitude transparente Étoile orangé Source claire Forêt brune Sanglier roux Troupeau bêlant Arbre clair Un bateau sur l'eau seulabre suit le courant Un crocodile mord la quille en vain Isis ocre Statue meuble Totem abricot Néologismes clairs» Ces poèmes à la structure inflexible n’ont rien d’exercices rhétoriques. Ils sont au contraire chargés d’éléments personnels et dessinent même une sorte d’autobiographie. On retrouve des allusions à sa femme Janine disparue, à son passage dans le surréalisme (« Songe creux / Songe pâle / Songerie blême / Singerie vide »), au bombardement du Havre («Ville rasée / Ville pliée / Ville concassée / Ruines générales »), au Saint-Germain-desPrés des années cinquante («Vertiges vainqueurs / Alcools rocailleux / Comptoirs sirupeux / Échos noachites »).   Un dossier de poèmes préparatoires ou écartés (14 ff. in-4 ou in-8, dont 6 sur papier de la nrf), à l’encre noire ou au stylo bleu, montre notamment que Queneau avait eu l’idée de composer des lipolepses à partir de poèmes célèbres de la littérature française, ou même de ses propres œuvres ; ainsi pour Mallarmé : «Glaive nu / siècle épouvanté / voix étrange / Sursaut vil », ou pour Pierrot mon ami : « moyenne petite / temps beau / autos électriques / manèges déserts » ; mais aussi Ronsard, du Bellay, Malherbe, Le Lac de Lamartine, Le Balcon de Baudelaire, Verlaine… II et III. Le manuscrit, à l’encre noire, est paginé de 1-58, sur de feuillets arrachés à des cahiers d’écoliers à grands carreaux (22 x 17 cm), sauf le premier feuillet de papier vélin (27 x 21 cm). Il présente des ratures et corrections (249 mots ou passages biffés, corrigés ou ajoutés), et des variantes. Tous les poèmes sont datés, et ont été rédigés du 6 avril au 19 mai 1975, à raison d’un ou deux par jour. Les deux derniers poèmes du manuscrit seront placés en tête de la IIIe partie. En tête du dossier, un tableau autographe (sur une page d’un cahier d’écolier) est divisé en cases où sont caractérisés en quelques mots les 16 poèmes de Morale élémentaire II et les 64 poèmes de Morale élémentaire III, d’après le Yi king, constitué de 64 kouà, parmi lesquels le Khièn représente le principe d’activité ou masculin et le Khouen le principe de passivité ou féminin. Dans le tableau
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