Qu'est-ce que le poinçon de maître ?

Le poinçon de maître est une signature, celle du joaillier qui a réalisé le bijou. En France, sa forme est inchangée depuis 1797. Il s'agit d'un losange dans lequel apparaissent généralement les initiales du joaillier et un symbole au centre de ces deux lettres. Le plus souvent, ce symbole (appelé « différend ») a un lien avec son nom de famille. On appelle ce poinçon « de maître » car pour avoir le droit d'insculper sa marque et d'exercer son métier, le joaillier doit passer un examen devant jury, une maîtrise. Cette pratique est la même depuis la fin du XVIe siècle, à l'époque où la bijouterie était réglementée par une corporation, laquelle fut dissoute à la Révolution, mais les pratiques demeurent. Ce poinçon est officiellement enregistré au Bureau des Douanes où il est frappé sur une plaque de métal pour être archivé. Grâce à ce procédé, il est possible de retrouver les poinçons des plus anciens orfèvres et joailliers français. 




Où le trouve-t-on sur un bijou ? 

L’endroit où le poinçon de maître doit être apposé est également réglementé. Il se trouve sur les bijoux au niveau des anneaux de bout, près des fermoirs, ou encore au pourtour d'une bague sur la partie qui sera à l'intérieur de la main. L'objectif du poinçon de maître est de signer la pièce sans altérer visuellement la beauté de l’objet.

Un poinçon de maître est aussi important qu'un poinçon de titrage du métal précieux car il renseigne sur la provenance de la pièce. Grâce à ce poinçon, on peut retrouver qui est l'auteur du bijou. Malheureusement tous les poinçons de maître ne sont pas répertoriés et tous les bijoux n'en portent pas, soit parce qu'avec le temps il s'est effacé, soit parce qu'une modification du bijou a ôté la partie sur laquelle il figurait (mise à taille d'une bague par exemple). Il peut aussi être incomplet et, dans ce cas, nous devons nous plonger dans des recherches pour le compléter.

Le poinçon de maître correspond à l’année de maîtrise du joaillier, celle où il a débuté sa carrière. Cela permet de connaître la période à laquelle le joaillier a exercé son métier. C'est une indication importante pour dater l'époque d'un bijou.

Les ateliers de joaillerie réunissent plusieurs professionnels du bijou, chacun ayant sa spécialité : sertisseurs, fondeurs, lapidaires (tailleurs de pierres), polisseurs, ciseleurs... Par le passé et encore de nos jours, de nombreuses maisons joaillières, étant dans l’incapacité de réaliser dans leurs ateliers la totalité de leur production, ont fait appel aux compétences d’ateliers indépendants pour sous-traiter la fabrication de certaines pièces. Ainsi, il n’est pas rare de trouver sur des bijoux signés de maisons joaillières de la place Vendôme, les poinçons d'autres orfèvres. 

À ce titre, nous pouvons citer plusieurs exemples. Les ateliers Péry & Fils ont longuement collaboré avec la maison Van Cleef & Arpels jusqu’à la fin du XXe siècle et ont produit la majorité des clips animaliers « humoristiques » tels que le « Lion ébouriffé » qui connait un grand succès aux enchères. L’atelier Gröene and Darde a travaillé exclusivement pour Suzanne Belperron. Aussi, en ce qui les concerne, l’identification de leur poinçon sur un bijou permet de l’authentifier de façon certaine.







Des joailliers indépendants ont aussi travaillé pour de grandes maisons, le poinçon de Georges Lenfant est présent sur des pièces Van Cleef & Arpels identiques à d’autres pièces Boucheron ou Cartier mais aussi des bracelets « chaîne d’ancre » Hermès qui leurs sont réservés. Pierre Sterlé a collaboré avec la maison Chaumet notamment pour ses célèbres broches oiseaux.

La liste est longue pour rendre hommage à ces artistes dont le nom est souvent méconnu du grand public. Fort heureusement, les poinçons de maîtres, leurs signatures, nous renseignent, parfois plusieurs siècles plus tard, sur celui qui a réalisé un bijou ayant traversé le temps.