La revue 
LES MAJESTUEUX VERROUS D’HENRI II DU CHATEAU D’ANET :
SYMBOLE HUMANISTE D’UN CULTE DE L’IMAGE AU SERVICE DES ARMES ET DE L’AMOUR



 
Si l’image se révèle être un vecteur d’érudition majeur, encore est-il nécessaire d’en saisir tout le raffinement intellectuel qui lui est inhérent. La culture de l’image est, à la Renaissance décuplée à la faveur de l’invention de l’imprimerie dès 1454 mais également grâce à sa qualité transmissible et intemporelle portée par le fantastique biais de l’objet d’art. 


Les targettes, dits aussi verrous sont à ce titre, l’éloquent transmetteur d’un art royal servant la politique militaire et artistique de son instigateur. Ornés de l’écu de France aux trois fleurs de Lys et de la couronne royale, les verrous renaissants d’Henri II ne font pas fi de cette tradition vouée au culte de l’imagerie royale. Encloisonnés en fer forgé, repoussé et ciselé, ce travail du fer exprimant un haut degré de technicité est emblématique de la quête humaniste régnante, où les éléments figuratifs doivent intriguer et instruire le regardeur pour le mener à déchiffrer la clé de compréhension narrative. 

Les attributs de la déesse Diane historiés, un médaillon aux trois croissants entrelacés, le chiffre de Diane de Poitiers surmonté du chiffre royale d’Henri II, le H entrelacé de deux croissants formant un double D sont autant d’indices permettant de résoudre la savante illustration du Roi. 

En Europe au XVIe siècle, il est d’usage pour les seigneurs d’élire une devise afin de favoriser la pérennisation de leurs exploits dans la postérité. La réunion d’une image et d’une brève inscription, de préférence en latin, diffuse par la primauté de la vue le projet héroïque et amoureux de son commanditaire. Donec totum impleat orbem signifiant jusqu’à ce qu’il remplisse tout le cercle fût celle d’Henri II dès 1536. Elle s’appréhende tant au regard de son dessein de majesté en l’interprétant telle que suit : « jusqu’à ce qu’il règne sur tout l’orbe terrestre, comme la lumière solaire sur tout le cercle lunaire », qu’à l’égard de sa favorite Diane de Poitiers assimilée à la déesse de la lune. 

Ces deux verrous, provenant du château d’Anet, écrin de la magnificence renaissante à la française fût construit en 1548 par Henri II pour sa maîtresse, Diane de Potiers. Fervent témoignage de l’art de la ferronnerie du XVIe siècle, ces targettes ont été encadrées au XIXe siècle dans une grammaire iconographique analogue. 

Véritable jeu d’esprit en société, les verrous d’Henri II demeurent l’authentique empreinte humaniste d’un usage artistique et d’une culture de l’image au service du pouvoir. Ces mirifiques targettes seront présentées à l’occasion de notre prochaine vacation consacrée au Mobilier, Sculpture & Objets d'Art – Haute Époque le 11 mai prochain à l’Hôtel Drouot en salle 9.

Pour les curieux : Paul Jove, Dialogue des devises d’armes et d’amours, 1561




Paire de verrous ou targettes encloisonnées en fer forgé en provenance du château d'Anet
Milieu du XVIe siècle





 
MOBILIER & OBJETS D'ART
HAUTE ÉPOQUE

Vente aux enchères
Le mercredi 11 mai, à 14h30 
Hôtel Drouot • Salle 9
Expert de la vente : Cabinet Fligny

Grégoire de Thoury
Responsable du département Mobilier & Objets d'Art
+33 1 41 92 06 46 • thoury@aguttes.com