« Ce violon a été vu et examiné par de grands musiciens venus à l’exposition. Le monde entier était au courant de cette vente et c’est un musicien qui l’a acheté : l’un des souhaits du vendeur était que l’instrument continue à vivre. Ce qui est le cas, je suis ravi » indique Claude Aguttes, commissaire-priseur
3,3 millions d’euros pour le premier Guarnerius de la période intermédiaire adjugé en vente au XXIe siècle.
Fabriqué en Italie en 1736 par le légendaire Bartolomeo Giuseppe Guarnerius dit « del Gesù », ce rarissime instrument, qui provient de Crémone, berceau de la lutherie, a marqué 3,3 millions d’euros sous le marteau de Claude Aguttes. Le « Pasquier » appartient à la période intermédiaire qui contient certaines des œuvres les plus attrayantes du prestigieux luthier. Pour la première fois depuis le début du XXIe siècle, un Guarnerius, datant de la période de pleine maturité du luthier (17330-1740), a été proposé aux enchères.
Bartolomeo Giuseppe Guarnerius, dit « del Gesù », et Stradivarius s’imposent comme les deux plus grands luthiers de tous les temps. Plus de 650 instruments de Stradivarius nous sont parvenus, et quelques 150 seulement pour Guarnerius.
Régis Pasquier se remémore la véritable révélation que fut pour lui la puissance sonore exceptionnelle du « del Gesù », lors de la séance de test à la Salle Gaveau parmi une sélection de 8 violons célèbres : au moment du contact entre l’archet et les cordes, la résonance de la caisse en bois s’avéra tout de suite différente et projetait le son considérablement plus loin, offrant ainsi la possibilité de le jouer dans de très grandes salles. « Cet instrument sonne tout seul ; il offre une résonance exceptionnelle », selon le musicien.
En se séparant de son violon, Régis Pasquier s’inscrit avant tout dans une démarche de transmission à l’attention de la jeune génération. L’artiste estime qu’il faut accorder un certain respect à un instrument tel que le « del Gesù », et qu'il est temps de passer le témoin et de le confier à un musicien qui continuera à faire vivre l'instrument. Son souhait le plus cher se voit concrétisé grâce à l’acquisition de son fidèle compagnon par un violoniste. Un musicien germano-américain, David Garrett, s’en est emparé aux enchères, le 3 juin 2022, et le violoniste quadragénaire a déclaré : « Je me réjouis de disposer désormais de deux merveilleux instruments, un Stradivarius de 1716 et un « del Gesù » de 1736, que je vais à l’avenir jouer dans tous mes concerts classiques. ».