UN CHEF-D'ŒUVRE DE SANYU REDÉCOUVERT

La maison Aguttes proposera à la vente le 11 mars à Paris un chef-d'œuvre redécouvert de l’artiste Sanyu : Pivoines en pot dans une jardinière bleue et blanche. Cette oeuvre estimée entre 2,5 et 3,5 millions d'euros fait partie de la vente Peintres d’Asie, œuvres majeures (24) et porte le numéro de lot 1. 

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SANYU (1901-1966)
Pivoines en pot dans une jardinière bleue et blanche, années 1950
Huile sur isorel, signée en bas à droite. 109.8 x 79.8 cm

PROVENANCE 
- Collection Comtesse Matilde Locatelli, Calle Recoletos, 13, Madrid, Espagne. Acquis auprès de l'artiste.
- Collection Xavier Regas Pages, décorateur d'intérieur à Barcelone le 18 mai 1971. Transmis familialement, offert par la précédente.
- Collection privée, Espagne. Acquis le 14 avril 1990 auprès du précédent.
- Collection privée.

BIBLIOGRAPHIE 
Sanyu, catalogue raisonné : oil paintings. Rita Wong. Lin & Keng Art Publications, 2001 p262, n°148 repr. et p 264, n°150 (pour des oeuvres en rapport)
2 500 000 - 3 500 000 €


Aguttes a le plaisir d'annoncer la vente d'un chef-d'œuvre du célèbre peintre chinois Sanyu (1901-1966). Le tableau provient d'une collection privée assemblée à la fin des années 30 et a été acquis directement auprès de l'artiste à la fin des années 50. Il est resté entre les mains des héritiers de la propriétaire d'origine, la comtesse Locatelli, jusqu'en avril 1990, date à laquelle il a été acheté par un collectionneur privé espagnol qui l'a conservé jusqu'à une date récente.

Ce tableau est une pièce majeure dans l’œuvre de Sanyu, car il illustre l'un de ses thèmes favoris - les fleurs en pot -, mais aussi de par ses couleurs vives et contrastées ainsi que par sa taille. Pivoines en pot dans une jardinière bleue et blanche, inconnu du marché depuis 70 ans, est estimé entre 2 500 000 et 3 500 000 euros. 
 
Sanyu est né en 1901 dans la province du Sichuan et fait preuve d'un grand talent artistique dès son plus jeune âge. Son père encourage sa créativité et lui permet de prendre des cours de calligraphie avec Zhao Xi, un éminent érudit de la prestigieuse Académie de Hanlin. Désireux de se familiariser avec l'avant-garde occidentale, il s'installe à Paris en 1923. Là, il est attiré par la scène artistique incandescente et va s’en inspirer pour chercher à réinterpréter la peinture traditionnelle chinoise.
 
Il suit des cours à l'Académie de la Grande Chaumière, école d'avant-garde qui encourage la liberté d'expression créative. Parmi les étudiants, on compte plusieurs artistes occidentaux célèbres, tels Amedeo Modigliani et Alberto Giacometti. Esprit curieux et brillant, Sanyu se lie avec de nombreux artistes et grands esprits de son époque.
 
A l'École de Paris, il apprend à combiner les aspects de son éducation traditionnelle chinoise en calligraphie avec le modernisme occidental, développant un style qui unit à la fois la sérénité orientale et l'esthétique occidentale. Largement influencé par le fauvisme, il en adopte les principes de composition et de couleur tout en intégrant des thèmes de la culture chinoise dans son travail. S'inscrivant dans une longue tradition picturale asiatique, il peint des fleurs en pots, vases ou paniers. Il en résulte un style épuré où la simplicité et la fluidité des lignes et des gestes capturent l'essence du sujet.

Les années 1930 sont très productives. Son travail est remarqué par un marchand d'art à l'œil vif, Henri-Pierre Roché (1879-1959), connu pour son soutien à divers artistes modernes comme Picasso, Picabia, Brancusi, Man Ray et Dubuffet. Roché fait sortir Sanyu de l'ombre et lui donne les moyens financiers de se consacrer à son travail.
Les productions de Sanyu à cette époque se caractérisent par leur palette réduite. Le rose y est la couleur prédominante, que ce soit pour les corps, les fleurs ou les animaux, sur un fond blanc opalescent ou noir d'encre. Bien que le rose ait été en vogue dans les années 30, le choix de cette teinte n’était pas anodin pour l’artiste. Il avait épousé une camarade rencontrée à Paris dans la classe de dessin de la Grande Chaumière et traversait une période très heureuse sur le plan matériel, créatif et émotionnel. Ses fleurs, peintes avec des lignes fermes et vigoureuses dans des couleurs souvent contrastées, brossées délicatement donnaient vie à la composition.
 
Le thème des fleurs est omniprésent dans l'art de Sanyu : il l'a exploré à l'infini dans différentes versions tout au long de sa carrière. À travers ces bouquets de fleurs, Sanyu ne propose pas seulement l'esthétisme d'une nature morte, il convoque également une réflexion culturelle et spirituelle entre l'Orient et l'Occident. Comme dans le reste de son œuvre, on peut constater des changements dans le traitement pictural de ses compositions florales. L'évolution de l'utilisation des couleurs va de pair avec une stylisation de plus en plus puissante. Les traits deviennent plus incisifs, les formes plus graphiques. L'artiste s'éloigne d'une représentation directe de la réalité, créant des œuvres plus expressives où l'essence même des sujets est intensifiée.
  
Des années 1940 aux années 1950, des nuances de brun, de vert jade ou de bleu de Chine commencent à apparaître dans l'œuvre de Sanyu, mais il continue à faire contraster des couleurs saturées avec des tons plus doux. Ses formes deviennent plus simples et il commence à jouer avec différentes échelles et différents points de vue. Ses nus deviennent encore plus graphiques, ses fleurs plus stylisées et ses animaux plus symboliques, perdus dans de vastes étendues naturelles. De plus, à partir de la fin des années 1940, on constate une disproportion toujours plus grande entre la plante et le pot qui la contient : le contenant semble beaucoup trop étroit pour supporter l'imposante étendue des fleurs, qui s'étendent et s'allongent dans l'espace. Pour les admirer, le spectateur est obligé de les regarder de bas en haut, procurant un sentiment de grandeur indéniable. Dans les années 1950, ses peintures de fleurs lui permettent de transformer sa solitude en  images spirituelles et joyeuses.
 
Contrairement à ses contemporains Xu Beihong et Lin Fengmian, qui avaient décidé de retourner en Chine à la fin des années 20 et qui ont rapidement vu leur travail salué et reconnu, Sanyu a choisi de rester à Paris pour poursuivre sa quête artistique. Cette décision lui a coûté la reconnaissance qu'il aurait pu avoir en Chine. Son œuvre est restée incomprise et n'a été connue que de très peu de personnes de son vivant. Cependant, à partir de la fin des années 1990, son travail a été progressivement redécouvert et plusieurs rétrospectives internationales lui ont été consacrées. Aujourd'hui, le monde de l’art consacre enfin l'œuvre de Sanyu.
 

Vente aux enchères
Mercredi 11 mars 2020,14h30
Paris, Drouot salle 2

Exposition publique
Aguttes Neuilly-sur-Seine : 164 bis, avenue Charles-de-Gaulle
Du lundi 24 février au jeudi 5 mars : 10h - 13h et 14h - 18h
sauf le vendredi après-midi et le week-end

Paris, Drouot salle 2 : 9, rue Drouot
Lundi 9 et mardi 10 mars : 11h - 18h
Mercredi 11 mars : 11h - 12h

Expert : Charlotte Reynier-Aguttes • reynier@aguttes.com • +33 (0)1 41 92 06 49
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