En 2024, le département consacré à l'Asie chez Aguttes, avec ses dix ventes aux enchères dédiées, a totalisé plus de 14,5 millions d’euros. Leader historique pour la section Peintres d’Asie, Aguttes défend particulièrement l’art moderne vietnamien et chinois. La maison de vente familiale et française se positionne également activement sur la mise en lumière des arts plus traditionnels, comme en atteste, en cette fin d’année, l’adjudication d’une Guanyin à près de 988 000 €.



Peintres d’Asie

Depuis 2014, Aguttes apporte un remarquable éclairage sur les travaux des peintres ayant reçu, au début du XX e siècle, un double enseignement asiatique et occidental. Alors que l’on célèbre le Centenaire de l’École des beaux-arts de l’Indochine, Charlotte Aguttes-Reynier a publié, en février 2024 chez In fine éditions d’art, l’ouvrage L’art moderne en Indochine. Cette publication, la première à proposer une synthèse du rôle de l’École des beaux-arts de l’Indochine dans la création artistique, dévoile cet art, négligé depuis 70 ans. Ces artistes marquent depuis quelques années régulièrement des records aux enchères.

Tandis que le musée Cernuschi (Paris) présente jusqu’au 9 mars 2025, Lê Phô, Mai- Thu, Vu Cao Dam. Pionniers de l’art moderne vietnamien en France, une œuvre d’Adrien-Jean Le Mayeur de Merprès (1880-1958), présentée par Aguttes, a rejoint le Museum Pasifika (Bali). Vendue 235 080 €, le 10 septembre 2024, cette peinture (lot 3) s'intitule Deux femmes dans un intérieur.

Quelques chiffres :

Alors que 96,15% des lots¹ sont vendus à des enchérisseurs installés à l’étranger, Aguttes fait régulièrement des découvertes venant enrichir l’histoire de l’art : Le bol bleu de Lê Phổ, peinture typique de la période algérienne de l'artiste, restée pendant 80 ans en Algérie, ou encore un bronze de Vũ Cao Đàm (1908-2000) s’intitulant Jeune fille annamite, le modèle Paul Reynaud. Vendue 150 880 € le 22 mai 2024 (lot 10), cette sculpture constitue le 2 e record mondial pour une œuvre sculptée de l’artiste. Parmi les moments forts de 2024, on retiendra notamment la découverte de deux œuvres de Thang Trần Phềnh (lots 5 et 6, le 22 mai 2024). Le chef du village à cheval demandant son chemin et Le lettré lisant devant les villageois ont marqué le marché de l’art avec un double résultat à 452 000 €. En 2024 chez Aguttes, 20 œuvres de Lê Phổ ont totalisé 2 490 000 € tandis que 17 de Vũ Cao Đàm, 1 890 000 €, et 21 de Mai Trung Thứ, 2 555 000 €. Au-delà des têtes d’affiche, Charlotte Aguttes-Reynier remarque que d’autres artistes de l’École des beaux-arts de l’Indochine, à l’instar de Trần Văn Cẩn, Gia Tri, Nguyễn Phan Chánh, se font de plus en plus remarquer des enchérisseurs et des collectionneurs. Rêverie, 1936 (lot 6) de Trần Văn Cẩn (1895-1973) changeait de main à 369 060 €, le 5 novembre 2024, et Aguttes réalisait ainsi le record mondial pour l’artiste. Vendue 203 180 €, Jeune femme songeuse pensant à l’être aimé, 1936 (lot 7.bis) offrait à Trịnh Hữu Ngọc (1912-1997) un nouveau record mondial, le 22 mai 2024.

Depuis ces 10 dernières années Aguttes a présenté plus de 400 travaux de Lê Phổ, Mai Trung Thứ et Vũ Cao Đàm, pour 37 millions d'euros :
- Environ 155 œuvres peintes par Lê Phổ et 13.9 millions € totalisés
- Environ 135 œuvres peintes par Mai Trung Thứ et 15.2 millions € totalisés
- Environ 110 œuvres peintes par Vũ Cao Đàm et 7.8 millions € totalisés

72,5 millions d'euros totalisés : Total Aguttes réalisé par la spécialité Peintres & Arts d’Asie sur la période 2014-2024.

Les Arts d’Asie terminent avec brio l’année : longtemps conservée  à Neuilly-sur-Seine, une statue de Guanyin récemment redécouverte a enthousiasmé les enchérisseurs, trois en salle et deux au téléphone, le 4 décembre 2024. Cette rarissime Guanyin, datant de la dynastie Song (960-1279), s’est envolée à près de 988 000 €. En bois sculpté, cette statue présente encore des traces de dorure et de polychromie. Autrefois abritée dans un hôtel particulier ayant appartenu à la famille Charcot, cette sculpture provient de la collection de Juliette Lecomte. Fille d'Auguste Pellerin, célèbre collectionneur, elle avait acquis cette Guanyin dans les années 1930. Près d'un siècle après cette acquisition, cette statue, transmise par descendance, revenait ainsi pour la première fois sur le marché de l'art, chez Aguttes. Clémentine Guyot, en charge de cette section chez Aguttes,
a observé, cette année, un très fort intérêt des acheteurs chinois pour les bronzes bouddhiques. Au cours de la vacation qu'elle a organisée du 18 septembre 2024, une statue de Vajrapani en bronze doré a culminé à  81 344 € tandis que les enchérisseurs s'étaient arraché une statue de lama en bronze doré à 56 416 € (lots 148 et 84), le 5 juin 2024. Les pièces d’orfèvrerie vietnamienne en lien avec le pouvoir impérial ont également suscité l’intérêt des collectionneurs : une paire de verseuses impériales couvertes en émaux polychromes sur cuivre "phap lam" (lot 8) a emporté, le 4 décembre 2024, 23 050 €, alors qu’un Porte-décoration en or 18k repoussé et ciselé (lot 6)
avait décroché 82 656 €, le 18 septembre 2024.  Quant à elle, la porcelaine chinoise de qualité continue de susciter l’engouement des acheteurs et engendrent des résultats parfois spectaculaires, à l’instar d’un vase en porcelaine bleu-blanc (lot 18), qui a marqué 160 064 € le 4 décembre 2024.