FLAUBERT GUSTAVE 古斯塔夫·福楼拜 (1821-1880)

Lot 42
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FLAUBERT GUSTAVE 古斯塔夫·福楼拜 (1821-1880)
L.A.S., [Croisset] Dimanche [21 août 1859], à Ernest FEYDEAU; 6 pages in-8 sur papier bleu. Signed autograph letter, [Croisset] Sunday [21 August 1859], addressed to Ernest FEYDEAU; 6 pages in-8 on blue paper. Long letter written by Flaubert while writing Salammbo. 亲笔签名信札,1859年8月21日周日于克鲁瓦塞小镇,致Ernest FEYDEAU先生;8开的6页蓝色信纸。此长信函书写自福楼拜创作小说《萨朗波》之时。 Belle et longue lettre pendant l'écriture de Salammbô, avec une autobiographie fantaisiste. «Je vais très bien - & n'ai rien à te dire, si ce n'est que tu es fort gentil. Décidément je travaille assez roide cet été. Mon VIe chapitre va bientôt arriver au milieu; dans un an la fin s'apercevra. [Salammbo sera achevé en avril 1862.] Tu m'as l'air assez triste ? Prends garde à ton estomac. Ne travaille pas trop la nuit. Ça éreinte, quoi que nous disions. & ménage un peu ta tonnerre de Dieu de pine ! Tu me parais chérir la mère SAND. Je la trouve personnellement une femme charmante. Quant à ses doctrines, s'en méfier d'après ses oeuvres. J'ai, il y a quinze jours relu Lelia. - Lis-le ! Je t'en supplie relis-moi ça». Puis il met en garde Feydeau contre Louise COLET, son ancienne maîtresse: «Quant à la veuve Colet, elle a des projets, je ne sais lesquels. Mais elle a des projets. 41 Celle-là, je la connais à fond ! Ce qu'elle a dit de bien sur Fanny a un but. Tu lui as écrit, elle t'invitera à venir la voir. Vas-y. Mais sois sur tes gardes. C'est une créature pernicieuse. Quand tu voudras te foutre une bosse de rires, lis d'elle Une histoire de soldat c'est un roman [...] Tu reconnaîtras là ton ami, sous les couleurs odieuses dont on a voulu le noircir. - Et ce n'est pas tout. J'ai servi de sujet à une comédie inédite et à quantité de pièces détachées. Tout cela parce que ma pièce s'était détachée d'elle ! (et d'un !) Quant à mon biographe anonyme, que veux-tu que je t'envoie pour lui être agréable ? Je n'ai aucune biographie. Communique-lui, de ton crû, tout ce qui te fera plaisir. Dis que j'ai trois couilles et un canal raye, comme les canons, nouveau-modèle. On ne peut plus vivre maintenant ! Du moment qu'on est artiste il faut que messieurs les épiciers, vérificateurs d'enregistrement, Commis de la douane, bottiers en chambre & autres s'amusent sur votre compte personnel ! Il y a des gens pour leur apprendre que vous êtes brun ou blond, facétieux ou mélancolique, âgé de tant de printemps, enclin à la boisson, ou amateur d'harmonica. - Je pense au contraire que l'Écrivain ne doit laisser de lui que ses oeuvres. Sa vie importe peu. Arrière la guenille !» Puis il raille les littérateurs récemment décorés: Albéric SECOND, et D'ENNERY, «un grand homme, comme filateur de coton»... Il a vu Louis BOUILHET, décoré lui aussi: «Mais celui-ci est bien calme - et cet honneur qui doit faire des jaloux lesquels se vengeront à sa prochaine pièce, ne lui monte guère à la tête». Le prochain livre de Feydeau (Catherine d'Overmeire) lui «paraît une chose corsée, décidément. Jusqu'à jeudi, je suis complètement seul. J'en vais profiter pour avancer dans ma besogne car je travaille mieux dans la solitude absolue»... Il ajoute en post-scriptum: «Après mille réflexions, j'ai envie d'inventer une autobiographie chouette afin de donner de moi une bonne opinion. 1° Dès l'âge le plus tendre j'ai dit tous les mots célèbres dans l'histoire [...] 2° J'étais si beau que les bonnes d'enfants me masturbaient à s'en décrocher les épaules & et la duchesse de Berry fit arrêter son carrosse pour me baiser (historique). 3° J'annonçai une intelligence démesurée. Avant 10 ans, je savais les langues orientales et lisais la Mecanique celeste de Laplace. 4° J'ai sauvé des incendies XLVIII personnes. 5° Par défi, j'ai mangé un jour XV aloyaux - & je peux encore sans me gêner, boire 72 décalitres d'eau de vie. 6° J'ai tué en duel trente carabiniers. "Un jour nous étions trois. Ils étaient dix mille. Nous leur avons foutu une pile". 7° J'ai fatigue le harem du grand turc. Toutes les sultanes en m'apercevant disaient: Ah ! qu'il est beau ! taïeb ! Zeb Ketir ! 8° Je me glisse dans la cabane du pauvre & dans la mansarde de l'ouvrier pour soulager des misères inconnues. Là, je vois un vieillard... ici, une jeune fille etc. (finis le mouvement) & je sème l'or à pleines mains. 9° J'ai huit cent mille livres de rentes. Je donne des fetes. 10° Tous les éditeurs s'arrachent mes mss. Sans cesse je suis assailli par les avances des Cours du Nord. 11° Je sais le Secret des Cabinets. 12° (et dernier). Je suis religieux !!!!! J'exige que mes domestiques communient.» Correspondance (Pléiade), t. III, p. 35 (texte censuré).
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