KESSEL Joseph (1898 - 1979)

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KESSEL Joseph (1898 - 1979)
19 MANUSCRITS autographes, dont 2 signés «J. Kessel», [juillet-août 1945] ; 155 pages in-8. Chroniques judiciaires de Joseph Kessel lors du procès du Maréchal Pétain. Correspondant de guerre pour France-Soir depuis 1943, Joseph Kessel suivit, à la demande de Pierre Lazareff, ce procès qui se tint pendant trois semaines, du 23 juillet au 15 août 1945, devant la Haute Cour de Justice et un jury composé de parlementaires et de non-parlementaires issus de la Résistance. Le 15 août 1945, après 22 jours d'auditions et de délibérations, Philippe Pétain fut déclaré coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison à une haute voix de majorité, condamné à mort et à la dégradation nationale, peine commuée par le général de Gaulle en peine de réclusion à perpétuité. Philippe Pétain fut interné à l'île d'Yeu où il décéda le 23 juillet 1951 à l'âge de 95 ans. Les articles de Kessel sont rédigés à l'encre noire ou au stylo bleu, ou encore au crayon, pour trois d'entre elles, soit sur des feuillets de papier ligné au bord supérieur dentelé, soit sur des feuillets à en-tête de France-Soir. Ils présentent de nombreuses ratures et corrections, et ont servi pour l'impression, avec des annotations des typographes ; 11 feuillets ont été coupés à l'imprimerie, puis recollés. Certains chapitres ne portent pas de titre ; les titres ont été ajoutés à la rédaction du journal, et parfois modifiés lors de leur reprise en volume. Dans une écriture fiévreuse et rapide, Kessel met ici toute sa connaissance des hommes et des faits, ainsi que ses dons d'observateur, pour décrire l'ambiance tout à fait extraordinaire d'un tel procès, les confrontations entre les anciens et les nouveaux serviteurs de l'État, le déroulement des audiences et des dépositions qui se succèdent quotidiennement de façon intense et parfois dramatique. Dans un style vif et précis, Kessel dresse le portrait des principaux protagonistes de ce procès historique, venus témoigner à charge ou à décharge sur les actions et les responsabilités du maréchal Pétain. Après leur publication dans France-Soir (souvent en édition spéciale), ces articles furent repris dans Terre d'amour et de feu (Plon, 1965) et dans le volume Les instants de vérité (Témoin parmi les hommes, 1969). Ils sont à nouveau disponibles dans la collection «Texto» des éditions Tallandier dans le volume Jugements derniers (2007) pour la plupart ou dans L'heure des châtiments (2009), à l'exception d'un seul d'entre eux qui n'a pas été repris dans ces volumes, Spectres de Vichy, mais qui a bien été publié dans France-Soir (9 août 1945). Un vieil homme dans un vieux fauteuil (publié le 24 juillet). Kessel décrit l'atmosphère du premier jour d'audience, l'attente des spectateurs, le silence qui se fait à l'entrée du vieux maréchal... «Votre client» (25 juillet). Seconde audience, où Paul REYNAUD vient témoigner. Le Maréchal ne veut pas répondre (26 juillet). Troisième audience, avec la déposition de DALADIER. À la question du bâtonnier lui demandant si selon lui, Pétain a trahi la France, Daladier répond que selon lui le maréchal a trahi son devoir de Français : «M Daladier a souvent et profondément ému l'auditoire par des mouvements passionnés, par une sincérité évidente et aussi par une savante violence, par une voix grondante ou brisée, tandis que de lourdes gouttes de sueur coulaient le long des plis profonds qui cernent ses lèvres». Les ombres des otages commencent à paraître (27 juillet). La mémoire du sang versé par le régime de Vichy se fait jour pour la première fois, à travers le témoignage de Jules JEANNENEY, ancien président du Sénat, évoquant les otages fusillés et notamment ceux du camp de Châteaubriant en Bretagne. Et Kessel relève la somnolence du maréchal Pétain pendant cette déposition. Léon Blum arrache un geste au Maréchal Pétain (28 juillet), et Le mystère du Maréchal (29 juillet). À la cinquième audience, c'est Léon BLUM qui se présente : «Sous sa parole, dans sa transcription, tout devenait nouveau, affreusement vivant. Toute la honte, toute l'horreur, tout le désespoir de ces semaines étaient là de nouveau. [...] M Léon Blum montre le peuple de France frappé aux centres vitaux, assommé, écrasé. Un peuple malheureux qui demandait, suppliant, une lumière, un guide. [...] Et le maréchal de France usa de sa gloire pour conduire le malheureux peuple français à la honte. [...] Seul, de tous les témoins, M. Léon Blum a su rompre les invisibles défenses derrière lesquelles s'est retranché l'accusé. Il l'a arraché à son impassibilité. Il l'a fait répondre, sinon de la voix, du moins par le geste. Et seul parmi tous les hommes d'État qui ont déposé, M. Léon Blum a su effacer les murs de la salle étroite, surpeuplée et donner au procès son véritable cadre qui est toute la France, avec son malheur et son honneur, et toute sa mesure au crime dont est accusé le maréchal Pétain, c'est à dire la mesure même de sa gloire»... Les crimes après l'armistice (
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