GERRIT VAN HONTHORST & ATELIER UTRECHT, 1592 - 1656

Lot 33
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Estimation :
20000 - 30000 EUR
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Résultat : 27 300EUR
GERRIT VAN HONTHORST & ATELIER UTRECHT, 1592 - 1656
Loth et ses filles Huile sur toile 110 x 140 cm Entre misère et splendeur, la Rome du Seicento n'est pas qu'un lieu de gloires fastueuses, mais elle est aussi celui de l'excès, de la vie nocturne et des dangers. En 2015, l'exposition Les Bas-fonds du Baroque1 présente l'autre visage de la Ville Éternelle au XVIIe siècle, son caractère sombre, vicié et dont nous aurions presque perdu le souvenir. L'émulation artistique d'alors fréquente assidument cette «Rome à l'envers» qu'elle vit et qui l'influence. Cette vie, Gerrit van Honthorst y a goûté, participé et son admiration pour le Caravage (1571 - 1610) lui enseigna de nouveaux codes visuels et normes de la beauté. Datant d'une période proche de ses années en Italie, Honthorst fait de sa composition l'incarnation de cet esprit de décadence qu'il a côtoyé à Rome. Loth et ses filles, épisode vétérotestamentaire, fait référence à la destruction de Sodome et Gomorrhe : «Et l'Eternel dit : Le cri contre Sodome et Gomorrhe s'est accru et leur pêché est énorme.». Condamnées pour leurs péchés, les villes sont détruites par le «souffre et le feu». Les deux anges envoyés de Dieu, accueillis par Loth juste avant qu'ils n'agissent, le laissent s'enfuir avec sa femme et ses deux filles. Sa femme, ayant jeté un regard en arrière, est immédiatement changée en statue de sel. Les trois autres rescapés, après être passés par la ville de Zoar, se réfugient à l'écart dans la montagne. Ses deux filles, craignant de ne trouver d'hommes convenables (partageant des origines communes), enivrent leur père afin de s'assurer chacune une descendance. L'une donna naissance à Moab, premier des Moabites, la seconde à Ben-Ammi, le premier des Ammonites, peuples voisins d'Israël. Loth et ses filles se fait catharsis de ces basfonds. Mêlant luxure, inceste, ivresse, tromperie, l'épisode choisi par Honthorst met en scène l'homme dans ce qu'il a de plus vil. La trivialité du thème et de la scène, la promiscuité des personnages, la monumentalité, la composition en frise, le coloris chaud, la facture lisse et la présence d'une source lumineuse artificielle sont autant de références aux codes formels de Caravage que le peintre se réapproprie. En 1620, Gerrit van Honthorst, surnommé désormais Gherardo delle Notti («Gérard des nuits»), rentre et fonde l'École d'Utrecht, initiant ses émules au caravagisme. L'attention portée aux expressions exaltée, la maîtrise d'une dynamique assez calme, le travail de la touche au niveau des visages nous invitent à y voir la main directe du maître, complétée par des tissus et une nature morte peut-être moins assurée, suggérant la participation d'un pinceau plus jeune. Inédite, l'oeuvre n'était connue jusqu'à aujourd'hui que par une gravure (Fig. 1), réalisée en 1782. Dans l'inventaire de sa vente après-décès, une copie d'après la composition originale se trouvait dans la collection du cardinal Fesch2. La gravure comme la copie se référant à une oeuvre originelle, il est probable que la première version ait servi de modèle à la nôtre ou que cette dernière ne soit elle-même, le modèle d'origine. 1. Francesca Cappelletti, Annick Lemoine, les Bas-fonds du Baroque, Paris, Petit Palais, 24 février - 24 mai 2015, Officina Libraria Editions, 304 p. 2. Catalogue des tableaux composant la galerie de feu son Eminence le Cardinal Fesch, Rome, J. Salviucci et fils, 1841, f. 9, n°168. Ce lot est vendu en collaboration avec la maison Fournié & Cortès.
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