Henri MANGUIN (1874-1949)

Lot 37
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Henri MANGUIN (1874-1949)
Nu de trois quarts dans l'atelier, 1916 Huile sur toile Signée en bas à gauche 116 x 89 cm - 45 5/8 x 35 in. Un certificat de Madame Lucile Manguin, en date du 3 décembre 1982, sera remis à l'acquéreur. PROVENANCE - Collection Madame Henri Manguin, Saint-Tropez - Vente, Tableaux modernes, Me Blache, Versailles, Hôtel Rameau, 5 décembre 1982, lot 46 - Collection particulière, France (acquis au cours de la vente précédente) BIBLIOGRAPHIE Lucile et Claude Manguin [sous la direction de], Henri Manguin, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, Neuchâtel : Ides et Calendes, 1980, décrit et reproduit sous le numéro 530 p. 197 OEUVRES EN RAPPORT - Henri Manguin (1874 - 1949), Étude, Le lever au peignoir, 1916, huile sur toile, 41 x 33 cm, Genève, Petit Palais - Henri Manguin (1874 - 1949), Le lever, femme au peignoir, 1916, huile sur toile, 81 x 65 cm, collection particulière C'est grâce à Félix Vallotton, au début de l'année 1910, qu'Henri Manguin entreprend son premier séjour en Suisse. Les Manguin sont «enthousiasmés par le pays admirable» et le «temps radieux» permet à l'artiste de peindre sur le motif quatre paysages dont une vue de la chocolaterie de Gruyères. Claude Vallotton, le fils de Paul, se plaît à décrire «un homme très gai. [...] Quand il se rendait à pied d'oeuvre, Madame Manguin portait châssis, chevalet, toiles, couleurs, etc., et lui prenait la tête du cortège en portant... son inspiration et un pinceau». Vers le 8 octobre, les époux Manguin se rendent à Winterthour où ils logent à la Villa Flora chez Arthur et Hedy Hahnloser, des collectionneurs parmi les plus avantgardistes de leur temps et d'authentiques ambassadeurs de l'art français en Suisse. Leur collection est exceptionnelle puisqu'elle ne se limite pas à des oeuvres de Vallotton et de Manguin mais compte aussi des chefsd'oeuvre de Vuillard, Bonnard, Renoir, Matisse, Cézanne et Van Gogh. Le peintre est introduit dans un milieu où l'art est un thème de discussion et de préoccupation quotidienne et il fait la rencontre d'importants collectionneurs suisses comme Richard Bühler, le cousin d'Hedy, et Hans Schuler, celui de Glaris. Il fait aussi la connaissance de Paul Fink, bientôt conservateur du Kunstmuseum de Bâle. la Villa Flora est une réelle source d'inspiration pour Manguin qui s'empare de tout objet pour agrémenter ses compositions : des textiles («couvertures indiennes brodées, boukharas aux dessins éclatants») aussi bien que les vernaculaires céramiques d'un artisan des bords du lac de Thoune. Après un mois passé à Winterthour, les Manguin poursuivent leur périple automnal à travers la Suisse (Rapperswil, Lucerne, Brunnen et Lugano) sous un ciel qui ne se montre pas favorable au travail du peintre. Il brosse cependant quelques paysages qu'il cède aux collectionneurs dont il a fait la connaissance chez les Hahnloser. Le 1er août 1914, l'Europe bascule dans la guerre. Dès le mois de septembre, Henri Manguin reçoit son ordre de mobilisation mais il est très vite réformé. Félix Vallotton aide alors le peintre et sa famille à trouver refuge en Suisse. Fidèle à ses thèmes de prédilection, Manguin brosse à Lausanne de grands bouquets de fleurs et des nus, sa femme Jeanne se prêtant toujours de bonne grâce aux longues séances de pose en intérieur. Nu de trois quarts dans l'atelier la représente de dos, la tête de profil à demi-dissimulée par son bras, dans un coin de l'appartement de la rue de Rumine qui sert d'atelier. Devant elle, se tient une chaise en rotin prise en étau entre un divan vert sur lequel sont jetés pêle-mêle ses vêtements et un grand rideau à décor imprimé. Jeanne, debout sur un tapis garance, vient à peine de se déshabiller. Ainsi sa chemise est-elle encore roulée en boule à ses pieds, telle un piédestal cotonneux aux faux airs de nuage. Comme Bonnard avec Marthe, elle est le modèle quasi-permanent de Manguin. Et si elle se dresse en majesté au centre du tableau, elle se voit cependant disputer la vedette avec l'Indienne servant de rideau. L'ivresse du peintre face à sa muse et à son environnement se traduit par l'usage d'une palette de teintes vives qui colonisent tout l'espace disponible du champ pictural : du sol aux murs en passant par la chevelure et la courbure du dos de Jeanne qui se parent de couleurs non imitatives à l'instar du bleu et du gris-vert, autant de réminiscences du passé fauve de Manguin. Parmi les nus peints autour de 1916, Nu de trois quarts dans l'atelier tient une place tout à fait exceptionnelle par son format, la richesse de sa composition et sa puissance chromatique. C'est peut-être parce que, resté dans la famille de l'artiste jusqu'en 1949, il a été un objet d'attention constant pour le peintre qui a seulement paré le rideau de ses motifs imprimés dans un second temps, comme en atteste une photographie ancienne conservée dans les archives familiales.
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