Mary CASSATT (1844 - 1926)

Lot 22
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Mary CASSATT (1844 - 1926)
Portrait of Pierre, vers 1906 Pastel sur papier marouflé sur toile Signé en bas à gauche Pastel on paper laid on canvas, signed lower left 58 x 48 cm - 23 x 19 in Provenance - Collection de Madame Albert Morel d'Arleux, mère du modèle (acquis auprès de l'artiste) - Collection particulière, France (par descendance) Bibliographie - Adelyn Dohme Breeskin, Mary Cassatt: a catalogue raisonné of the oils, pastels, watercolors, and drawings, Washington : Smithsonian Institution Press, 1970, répertorié sous le n°480 - Mary Cassatt: a new catalogue raisonné of the paintings, pastels, and watercolors originally published by Adelyn Dohme Breeskin, The Cassatt Committee, répertorié sous la référence n°MCCR 437 "Miss Mary Cassatt est peut-être le seul peintre de ce temps qui ait donné de l'enfant une interprétation limitée à lui-même : elle n'a pas, devant cet être en formation, l'impatience de deviner sa maturité. Elle arrête sa contemplation tranquille et sûre à la minute même où lui apparaît la créature étudiée, elle en saisit l'âme présente, et cela lui suffit pour créer une psychologie neuve, attachante et fortement inspirée de la nature. [...] Miss Mary Cassatt aura eu le mérite rare de noter l'âme de l'enfant dans sa première phase, à deux ou trois ans, et de ne la montrer ni anticipée ni informe, par la seule force d'un regard de pénétrant peintre qui ne sépare pas la chair de l'esprit, et elle aura dû à son admirable sincérité picturale de pouvoir réussir en cette recherche si difficile sans recourir à aucun artifice intellectuel. Elle fait de la peinture, et rien de plus, elle figure ce qu'elle voit ; elle n'use ni du stratagème de l'ombre, ni du décor, ni de l'allégorie - et l'analyse à la fois large et patiente de son dessin précise, par le geste vrai, par l'ingénuité vive des moues, des rires et des clins d'yeux, la pensée inhérente à la formation musculaire : chez les enfants qu'elle peint, l'âme a l'âge exact de l'ossature et du système nerveux, le caractère individuel s'associe au caractère ethnographique, et parce qu'elle a beaucoup regardé nous pourrons beaucoup réfléchir.[...] Ce qui frappe d'abord en elle c'est le besoin d'expression immédiate et l'amour de la santé. En cette vaste série de jeunes femmes et d'enfants, pas un visage névrosé, pas une velléité de psychologie déroutante ou ambiguë. Les carnations franches, les regards riants et clairs, les lèvres pures et bonnes, les chairs heureuses d'une belle race, les gestes libres, naturels et logiques, plaisent par la simplicité. [...] Miss Cassatt s'est tour à tour manifestée par la peinture à l'huile et le pastel : c'est un des premiers pastellistes de ce temps. Elle use de ce moyen exquis avec un éclat, un goût, une franchise rares, et en sa façon d'en user elle me semble très proche de Manet. Comme lui elle repousse la mièvrerie qu'on a faussement accolée au nom même du pastel, elle en écrase violemment les sucs, elle profite de leur éclat floral, plus brillant que toute couleur à l'huile, mais elle broie les bâtons avec décision, comme faisait Manet, pour éclairer vivement une lèvre ou un œil, pour restituer la pulpe d'une joue ou d'un cou, sans serrer trop ses hachures, sans estomper du doigt, en gardant à chacune des touches son éclat distinct et sans accumuler les poussières. [...] Miss Cassatt prouve par toute son œuvre que les qualités viriles ne sont pas incompatibles avec la féminité : il y a dans ses scènes enfantines des gestes qu'une femme seule pouvait observer, comprendre et transcrire, et c'est ce qu'elle a fait avec une telle vérité que ses toiles dureront : relativement peu connues d'un public auquel l'artiste ne s'est point soucié de s'imposer, les montrant peu et n'ambitionnant rien, elles resteront les témoignages d'une organisation supérieure, elles compteront spécialement dans l'impressionnisme, auprès des chefs-d'œuvre de Degas, pour montrer à quel point cet art si décrié jadis a, dès le début, aimé le naturel et regardé la vie avec un réalisme pieux. Avant tout s'offriront à l'admiration les enfants peints par Miss Cassatt, leurs yeux illuminés de joie, leurs corps nus d'une chair si blonde et si fraîche, leurs bras agités vers l'avenir et levés vers tous les fruits, pommes carminées des vergers ou seins rosissant dans la blancheur déclose des corsages. [...] L'œuvre entière de Miss Cassatt donne bien l'impression d'une psychologie s'élaborant en même temps que l'organisme, sans le précéder, sans le suivre ; elle a su fixer une heure ingrate, difficilement saisissable, de l'évolution humaine, et en cela elle est vraiment un des peintres de notre époque qui ont le plus naturellement touché à la constatation de la pensée à travers la constatation de la forme. [...]" Camille Mauclair, "Un peintre de l'enfance, Miss Mary Cassatt", in. L'Art décoratif, août 1902, pp. 177 - 184 Adelyn Dohm
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