FRANCESCO BATTAGLIOLI MODÈNE, 1714 - VENISE, VERS 1796

Lot 37
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FRANCESCO BATTAGLIOLI MODÈNE, 1714 - VENISE, VERS 1796
Vue d'une scène de l'opéra Didone abbandonata (Acte I, scène 9) de Métastase et Galuppi organisé par Farinelli au Coliseo del Buen Retiro Entre 1754 et 1759 Huile sur toile 81 x 110, 5 cm Vue d'une scène de l'opéra Nitteti (Acte III, scène 1 ou 7) de Métastase et Conforto organisé par Farinelli au Coliseo del Buen Retiro Entre 1756 et 1759 Huile sur toile 80,8 x 110 cm Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la veduta d'opéra est généralement réservée au dessin et à l'estampe. Les dessins sont tantôt des documents liés à la préparation des spectacles (et dans ce cas, tracés par les décorateurs eux mêmes), tantôt des croquis d'artistes qui, tel Gabriel de Saint-Aubin, dessinaient à l'opéra. Les estampes, quant à elle, sont le plus souvent commémoratives et pouvaient illustrer des relations, des livrets ou des partitions imprimées. En peinture, ce genre est extrêmement rare et l'investissement que représente une telle commande ne peut provenir que d'un mélomane très riche ou bien des artistes concepteurs de ces spectacles. On reconnaît ici les conventions du genre, comme on le voit dans une autre rare huile sur toile représentant la Scène finale de l'opéra Lucio Papirio dittatore au Théâtre royal de Turin (vers 1752, Turin, Palazzo Madama) du peintre Giovanni Michele Graneri (autrefois attribué à Domenico Oliviero) : acteurs costumés et en action dans un immense décor, vue du bord et du cadre de scène, de la fosse d'orchestre et des loges,... Il ne manque que les musiciens et les spectateurs que Francesco Battaglioli n'a peut-être pas eu le temps de réaliser. Modénois formé en partie à Venise auprès d'Antonio Joli, Francesco Battaglioli fut védutiste et scénographe. Il a été appelé en 1754 par le célèbre castrat Carlo Broschi dit Il Farinelli, pour succéder à son ancien maître comme décorateur du Coliseo del Buen Retiro, opéra royal de la cour d'Espagne construit dans un palais de villégiature aux abords de Madrid. Il retourna à Venise en 1760, après la mort des très mélomanes souverains d'Espagne, Marie Barabara et Ferdinand VI. Dans un lavis ornant l'un des deux manuscrits de Farinelli, Battaglioli s'est représenté lui même en train de peindre des décors dans l'une des salles jouxtant le théâtre (Fig. 1). La conception des décors trahit l'influence des scénographies des Bibiena (voire des architectures de Filipo Juvarra), notamment par la perspective per angolo du premier tableau et par les escaliers fantaisistes du second. Son pinceau quant à lui reprend les caractéristiques de la veduta vénitienne à la façon de Canaletto, avec ses architectures panoramiques, son atmosphère légèrement rosacée et ses ciels bleu-vert tachetés de nuages laiteux. La façon de tracer les personnages est caractéristique du peintre : mains et pieds à peine esquissés, forte utilisation du rehaut blancs et du noir pour indiquer les yeux, la bouche et le nez. Farinelli, qui assura la direction des spectacles musicaux à la cour espagnole entre 1747 et 1758, était à l'origine de la commande d'au moins douze tableaux auxquels appartiennent les deux qui sont ici en vente, pour décorer les murs du Coliseo, avec quatre vues du jardins d'Arranjuez, commémorant les illuminations et fêtes navales qu'il avait imaginées. Jusqu'ici, les travaux érudits de la professeure Margarita Torrione ont permis d'en identifier neuf représentant des scènes de trois opéras dont Farinelli pouvait s'enorgueillir du succès : Armida Placata de Giovanni Ambrogio Migliavacca et Giovanni Battista Melle (créé en 1750), Didone abbandonata de Métastase et Baldassare Galuppi dit « il Buranello » (repris plus de 14 fois entre 1752 et 1755), ainsi que La Nitteti du même Métastase et de Niccolò Conforto (repris au moins 13 fois entre 1756 et 1758). À la fin du XVIIIe siècle, l'inventaire royal de 1789 dénombre huit tableaux qui sont restés au Buen retiro (jusqu'en 1800), et quatre autres que Farinelli aurait amenés avec lui à Bologne en décembre 1759. Sur les neuf tableaux connus jusqu'ici, les cinq qui sont à Madrid font partie des huit restés dans les collections royales (Museo del Prado, inv. P007730 ; Real Academia de Bellas artes de San Fernando, inv. 0365, 0406, 0407, 0411), tandis que les deux qui sont à l'Opéra Garnier proviennent de la collection dispersée de Farinelli (BnF, Bibliothèque-Musée de l'Opéra, MUSÉE-361 A et B).
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