SARTRE Jean-Paul (1905-1980).

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SARTRE Jean-Paul (1905-1980).
MANUSCRIT autographe pour Les Mains sales ; 28 pages sur 23 ff. in-4 (27 x 21 cm). Intéressant dossier sur la genèse de la pièce Les Mains sales. « Sartre a eu l'idée des Mains sales pendant les vacances de Noël de 1947 et a écrit son texte en quelques mois » (Sandra Teroni). C'est de cette époque que date le présent manuscrit, à l'encre bleue sur des feuillets vélin crème, avec quelques passages biffés et des additions. La pièce sera créée le 2 avril 1948 au Théâtre Antoine, dirigé par Simone Berriau, avec André Luguet, François Périer, Paula Dehelly et Marie Olivier dans les principaux rôles. L'idée de la pièce trouve son origine en pleine crise de l'idéal marxiste, dans le contexte de la guerre froide. En situant le drame au sein d'un parti « prolétarien », Sartre désirait porter sur la scène un débat autour des notions cruciales de l'idéal, de l'action et la liberté, et poser la question du droit que le révolutionnaire a, ou non, de « se salir les mains ». Inconnu des éditeurs du Théâtre complet dans la Bibliothèque de la Pléiade, ce manuscrit fournit des renseignements inédits sur la genèse de la pièce, dont le manuscrit définitif a été donné par Sartre à Jean Cocteau (aujourd'hui conservé à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris). Dans ces notes préparatoires, Sartre a dressé des fiches détaillées sur les personnages principaux (certains changeront de nom) : Victor (qui deviendra Hugo), Hoederer, Jessica, Olga, Trotzky (qui deviendra Karsky), sur leurs motivations, et sur les thèmes abordés. Ainsi : « Victor, 19 ans. L'orgueil. Hanté par la personnalité de T[rotzky]. Seul avec sa femme dans le bureau de T, touche les objets que touche T pour en tirer leur secret. [...] A ceci de bien qu'il ne prend pas sa mission au sérieux. [...] N'arrive pas à se mettre dans la peau de l'assassin. [...] Se regarde faire (réflectif) ne s'en évade que par le jeu. Voudrait s'en évader par l'acte (destructeur). La jeunesse : fier de sa jeunesse et crainte de vieillir. Veut mourir jeune secrètement : se pense incapable d'être, homme mûr, aussi bien que jeune. Se sent précieux. Veut agir. Mais l'acte est chez lui destructif. But : réconciliation de l'être et de l'existence, de lui-même avec lui-même mais dans la mort. [...] Ses rapports avec le parti : croit bien sûr au but dernier du parti. Mais surtout besoin de discipline. L'objectif : se débarrasser de la subjectivité »... Etc. Un plan de la pièce montre que, dans un premier temps, celle-ci était structurée en 3 actes contenant chacun 3 scènes (la version définitive comportant 7 tableaux contenant de 1 à 6 scènes) : Hugo-Victor s'y prénomme Henri. Une quinzaine de pages présentent des schémas puis des esquisses de plusieurs scènes : on y trouve des débuts de dialogues à développer, des indications scéniques, des réflexions qui nourriront les répliques. On assiste à la naissance de l'intrigue et des articulations internes de l'action : « Scène III. 1) L'attente avec les gardes du corps. Ils s'en vont. 2) Arrivée de Trotzky. 3) La dispute et conciliation de Jessica ». Des indications psychologiques ou rappels de faits préparent de futures répliques : « feint d'être vexé », « lui veut être moral. Elle est de mauvaise foi », ils « se sentent bien faibles, bien petits »... Etc.
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