CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).

Lot 27
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CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
L.A., Val de Loup mercredi minuit 10 juin [1812], à la duchesse de DURAS ; 4 pages et demie in-4. Belle et longue lettre au sujet de sa situation fi nancière, et des pamphlets et attaques contre lui. [Venait de paraître une nouvelle édition du pamphlet de Cadet-Gassicourt, Saint-Géran ou la nouvelle langue française, suivi de la parodie Itinéraire de Lutèce au Mont-Valérien, auquel Hoff mann a consacré trois feuilletons du Journal de l'Empire]. « C'est un singulier entêtement à vous, chère sœur, de ne pas vouloir croire à ce que je vous dis sur mes aff aires ! Je vous assure qu'elles ne sont pas plus mauvaises que je ne vous le dis. 15,000ll les arrangeroient parfaitement, exceptant toutefois les 10,000 francs de Mde de coislin prêtés pour trois ans et dont je fais la rente à 7 1/2 pour cent sur la caution de M. de tocQueVille ; et les 20,000 francs hypothéqués de tous temps sur la Vallée et dont je paye la rente à 6. Ces deux rentes font sur mon revenu une diminution de 1,600 francs, trois actions ajoutées à nos actionnaires couvriroient ce défi cit. Il n'y a donc de très urgent que les 15,000 francs des libraires. Cette somme étant éparpillée sur la place en billets négociables, quand ces billets me rentrent, il faut les payer ; et comme je n'ai pas les fonds je suis forcé de les emprunter à un intérêt de 50 et 60 pour cent. À ce jeu là le capital de la dette se trouvera doublé dans un an, quadruplé dans deux &c... Et tout cela il n'y a pas de ma faute. Ce sont les fruits d'une banqueroute de libraire ; je suis d'ailleurs si bien dans mes aff aires, qu'en abandonnant à lenorMAnt la dernière édition de l'Itinéraire, j'ai payé une masse de dette de 54,000 francs. Vous voilà, chère sœur, satisfaite sur ce point ; mais je crève d'écrire tout cela. Vous aurez vu par vos journaux que la bataille que je vous avois annoncée est commencée. La rage est à son comble contre moi. Toutes les gazettes ont ordre d'entasser injures sur injures. C'est le fruit de mon obstination à ne pas vouloir prononcer un second discours. On dit aussi qu'il est bon d'occuper le public de quelque chose ; et on me fait l'honneur de regarder mon nom comme une diversion aux grandes scènes de l'Europe. Ne soyez pas trop malheureuse de tout cela. Je me renferme dans ma vallée avec l'estime des honnêtes gens. J'opposerai le silence et le mépris aux apothicaires qui font des Parodies et aux Bouff ons qui font valoir les œuvres des apothicaires. Car vous ne savez peut-être pas que l'auteur de ces Parodies est un nommé cAdet-GAssicourt, Apothicaire de S.M., et son commenteur M. HoFFMAn. J'avoue cependant que je suis un peu las de cette vie passée au milieu des orages ; et que je tourne quelquefois les yeux vers une patrie où je pûsse achever en repos le reste de mes jours. Vous sentez aussi que si je ne dois pas renoncer à écrire, je dois du moins renoncer à publier, et laisser le champ de batailles aux laquais qui y fi gurent. Tout cela tournera au profi t de l'histoire, et la journée de demain ne sera pas écoulée, que la première page de ce grand tableau ne soit tracée. S'ils savoient ce qu'ils font par ces ignobles persécutions, ils ne seroient peut-être pas si empressés. J'ai toujours craint, chère sœur, de vous envoyer quelques vers de ma tragédie [Moïse]. J'ai mes raisons pour cela. Vous verrez les cinq actes au mois d'août. Cela vaudra mieux. [...] Bonsoir chère sœur. Encore une fois ne vous affl igez pas pour moi. Songez que je suis désormais hors de pareilles atteintes ; et qu'elles ne déshonoreroient que ceux qui les portent si ces gens-là pouvoient être déshonorés ». Correspondance générale, t. II, n° 567.
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