CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961).

Lot 17
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Estimation :
20000 - 25000 EUR
CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961).
34 L.A.S., 1940-1948, au Dr Alexandre GENTIL, à la Maison de santé Sainte-Marie à Nogent-sur-Marne ; 88 pages formats divers, la plupart in-4 ou in-fol., une carte postale, nombreuses enveloppes (fentes à quelques lettres). Importante correspondance avec un ami médecin, sous l'Occupation et pendant l'exil danois. Alexandre GENTIL (1878-1949), ancien médecin militaire, que Céline avait rencontré à l'hôpital du Val-de-Grâce en 1914, devint sous l'Occupation un proche du couple Destouches. Ils eurent de nombreux amis communs : Gen Paul, Le Vigan, Jo Varenne, leurs confrères Clément Camus, Charles Bonabel, Auguste Bécard, etc. Sous l'Occupation, Gentil accompagna Céline à quelques réunions ou dîners du Cercle européen. Il fut un correspondant fidèle aux premiers temps de l'exil de l'écrivain, qui lui écrivait en signant de ses initiales, du prénom de sa femme ou sous le pseudonyme de Courtial (personnage de Mort à crédit). Nous ne pouvons donner qu'un aperçu de cette passionnant correspondance. Paris [septembre ? 1940]. « Je suis pourri d'ambition - on me dit qu'il n'y a plus de médecin à l'Opéra est-ce exact ? Qu'ils sont tous partis plus ou moins en Zone libre... pour raisons juives...Ces bruits m'affriolent »... [Automne]. Il s'est mal expliqué pour l'Opéra-Comique. « Je serai bien entendu infiniment flatté d'être de l'O.C. surtout avec toi mais tu sais le chant moi... Je ne suis pas initié. Tandis que je suis féru, ravagé par la danse. Alors puisqu'il s'agit de mirages ! je préférerais l'Opéra. C'est dans ce sens que je t'écrivais - et pour que simplement tu tâches de savoir par “ceux” de l'Opéra s'ils ont des disponibilités éventuelles - lointaines... vaguement possibles... À moins que la chose soit simplement comme je le soupçonnais tout crûment réservée aux Juifs et aux internes. Dans ce cas il faudrait que je me dispose encore à provoquer l'émeute »... [1941 ?]. Commande de vêtements d'homme et de femme ; invitation : « Tu coucheras dans le lit de la fille - et pour une fois je coucherai avec elle »... [Février 1942 ?]. « Avec ce verglas je n'ai pu traîner ma moto jusque chez Quillet ! Vous me pardonnerez peut-être ! Je voudrais avoir trois peaux de mouton à poils plus longs, bruts, comme ceux du manteau de ma femme »... [1942 ?]. Recommandation du Dr Gentil, « un grand patriote et un grand chirurgien et un grand cœur, et praticien plein de science et d'esprit »... Saint-Malo 20 [février 1944]. « Dans cet univers de fou St Malo n'est pas épargné tu t'en doutes ! - Ils ne savent plus s'ils nous chassent nous rasent nous brûlent nous assassinent nous font crever de feu, d'enculage, ou de faim ! Enfin on rentrera au début de mars attendre les alliés annoncés »... [Paris début mars]. « On a été éreinté à St Malo par mille soucis et ennuis ! d'époque ! On te racontera ! »... [1944 ?]. Présentation d'Éliane Bonnabel, « une très gentille demoiselle [...] une très ancienne malade et petite amie à moi de Clichy »... [15 juin]. « Il a fallu d'une façon pressante partir à la campagne ! Bien chagrinés tous les deux de ne t'avoir pas vu ! avant le départ ! mais je n'osais pas téléphoner ! J'espère que ce ne sera pas long ! On pense bien à toi. Je te ferai parvenir des nouvelles. - Tu recevras peut-être à l'improviste la visite de GEN PAUL et LE VIGAN. Je leur ai dit que tu voudrais peut-être bien les recevoir qq jours - bien entendu sans alimentation ! Mais ils sont ici sur la ligne de feu ! »... [Céline quitte Montmartre deux jours plus tard, avec Lucette et le chat Bébert.] Copenhague 30 août [1945]. La lettre, d'une écriture appliquée, est écrite et signée comme si elle était de « L. Almanzor » : « Nous avons été tous bien malades pendant toute l'année dernière. Louis surtout avec ces affreux événements, de plus il a été... légèrement blessé. Il va maintenant légèrement mieux et moi aussi. [...] Enfin tout de même le cauchemar de la guerre s'éloigne mais il nous a laissé un souvenir abominable »... 15 septembre. Nouvelle lettre comme « Lucie Almanzor », parlant de sa fille « Georgette » (Lucette). Il annonce la mort de sa mère, « morte je crois au fond de chagrin », et évoque le sort du « pauvre Berthier » [le Dr Auguste Bécart, arrêté]. « Nous vivons très seuls avec ma petite Georgette, qui va « donner peut-être bientôt des leçons de castagnettes [...] Mr Bartholin notre hôte est maître de ballet [...] il est à demi-israélite c'est un homme charmant. Vous savez que j'ai toujours vécu entouré d'israélites. On me l'a assez reproché ! Cette race est appelée à diriger le monde, son intelligence lui en donne les droits et je dis toujours à ma petite Georgette que rien ne vaut une amitié israélite »... Il voudrait des nouvelles de Jo Varenne, qui « sentait la corde et le pendu ». Métaphore médicale sur sa situation : « Je traîne encore bien péniblement mon état. Il me faudrait sans doute m'affirme-t-on ici une opération ? (l'“amnystite” l'appellent-ils à peu près...) [...] une o
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