DELACROIX Eugène (1798-1863).

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DELACROIX Eugène (1798-1863).
L.A.S. «Eugène Delacroix», [forêt de Boixe] «à la maison des gardes» 23 octobre 1818, à Achille PIRON, «employé de l'administration des Postes, Hôtel des Postes», à Paris; 3 pages et quart in-4, adresse (petite déchirure au cachet). Belle et longue lettre lors d'un séjour chez sa soeur Henriette de Verninac en Charente. Il commence par railler les «doutes injurieux» de son ami sur le retard de ses lettres: «Tu aurais dû remarquer, toi qui fais tant de remarques que: “entre gens séparés, ceux qui par leur déplacement, le mouvement qu'ils se donnent, le pays qu'ils parcourent, les observations qu'ils sont à portée de faire” &c., sont aussi ceux qui par les objets nouveaux qu'ils rencontrent, par le peu de distribution stable qu'ils peuvent faire de leur temps dans les premiers temps d'une excursion et par mille choses très dignes de remarques, sont bien excusables d'un retard involontaire, bien involontaire, envers ceux qui restés paisiblement dans leur taupinière, suivant le fil de leurs travaux habituels n'ont rien de mieux à faire que de penser à leurs amis absents et de leur marquer par un petit mot de lettre qu'ils ne les oublient pas quoiqu'éloignés d'eux. Il faut croire que tu attendais de moi une statistique du dépt de la Charente; mais comme je n'ai les talents ni la volonté de la faire, je t'ai parlé simplement de ce qui m'intéressait le plus, de toi, de mes amitiés, de nos parties à Paris et des miennes ici»... Quant à la «bouderie» de son ami: «C'est un sentiment que l'on doit passer aux habitans de Paris [...] ils sont habitués à être amusés pour ainsi dire malgré eux. Ils vont au spectacle où on les fait rire quand ils sont tristes, et pleurer quand ils ont envie de rire. Ils sont accoutumés aux caprices de leurs coquettes qui les conduisent comme des enfants volontaires et chagrins qu'on s'amuse à turlupiner. Chaque pas qu'ils font ne fait que renforcer leur humeur chagrine: car sur leur pavé glissant, ils reculent au lieu d'avancer. [...] Ton système de persécution m'atteint jusque dans mes innocentes récréations. Toi qui es un excellent chasseur sans doute, tu ris de mes chétives proies: je regrette infiniment tes leçons, que tu pourras du moins me donner par théorie quand je serai de retour près de toi»... Il va se coucher pour calmer son aigreur contre son ami, «qui vient sans doute de ce que j'ai été malheureux à la chasse». Il va bientôt rentrer à Paris: «Alors plus de chasse, plus de fusil. Mais en récompense j'y reverrai des amis parmi lesquels tu n'es pas le plus indifférent. Je pense toujours avec un sentiment de plaisir à nos par­ties passées de natation et de musique. [...] Pourquoi ne sais-je point jouer de la basse ou du piano: ce n'est pas que j'aie pris en dégoût ma chère guitare: mais pour accompagner la flute elle est insuffisante: ses bonnes qualités se perdent et l'on en tire que le mauvais. Avec le temps je compte acquérir quelques connaissances de plus en musique et alors quel concert, quelle révolution chez les chats de la rue de l'Université ou de la rue Simon-le-Franc»... Après avoir regretté l'accident arrivé à M. Buissonneau, il évoque briè­vement «une belle chasse au renard dont je fus hier et les mille tours que ces impertinents nous firent faire. Je dois aujourd'hui disséquer un de ces messieurs, dont un des gardes a déjà pris la peau pour s'en faire un bonnet». Il termine en évoquant l'accident arrivé au «pauvre Guillemot» [le peintre Alexandre-Charles GUILLEMOT (1786-1831)], priant Piron de «le circonvenir [...] d'une manière flatteuse pour obtenir de lui un petit don», la gravure qu'il a faite à Rome de la Descente de croix de Daniele da Volterra «et qui est fort bonne»... Lettres intimes (X, p. 54).
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