GUILLAUME COURTOIS, DIT LE BOURGUIGNON SAINT-HIPPOLYTE, 1626 - Lot 21

Lot 21
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Estimation :
30000 - 40000 EUR
GUILLAUME COURTOIS, DIT LE BOURGUIGNON SAINT-HIPPOLYTE, 1626 - Lot 21
GUILLAUME COURTOIS, DIT LE BOURGUIGNON SAINT-HIPPOLYTE, 1626 - 1679, ROME Portrait de jeune femme Huile sur toile 108 x 86 cm Le portrait représente une jeune femme tournée vers le spectateur en train de jouer d'un petit orgue positif ; à l'arrière-plan, dans l'ombre, une loggia s'ouvre sur un paysage verdoyant. Le fait qu'il s'agisse sans aucun doute d'un portrait et non d'une sainte Cécile ou d'une allégorie de la musique est confirmé non seulement par l'absence de nimbe, mais aussi par les traits physionomiques accentués du sujet. Dès la première lecture, l'oeuvre se révèle particulièrement fascinante et d'une complexité intrigante, combinant habilement un travail des matières vénitien, d'habiles raccourcis et un réalisme expressif où l'on perçoit une influence nordique. Des références à Pierre de Cortone (1596-1669) se retrouvent également, ainsi qu'aux maîtres émiliens déjà actifs à Rome et qui ont été les précédents essentiels de Cortone et de la culture baroque. Parmi eux, Annibal Carrache (1560-1609) et Giovanni Lanfranco (1582-1647). Tous ces éléments mis en lumière nous amènent à situer l'oeuvre dans le climat artistique romain de la première décennie des années 1650, tandis qu'une recherche plus approfondie et des comparaisons appropriées nous amènent à reconnaître, dans ce beau portrait, la main de Guillaume Courtois, dit Le Bourguignon. Né dans le Doubs, alors comté de Bourgogne, Guillaume Courtois, plus fréquemment appelé Guglielmo Cortese, a vécu et travaillé toute sa vie à Rome où il est arrivé à l'âge de seize ans, en 1644. Avant son installation, il passe les premières années de sa vie à voyager dans diverses villes du Nord de l'Italie à la suite de son frère, le déjà célèbre Jacques Courtois (1621-1676), peintre de batailles. Ici, après une première phase qui correspond à son séjour dans l'atelier de Cortone, aux influences historicistes du courant classique, au goût néo-vénitien de Pier Francesco Mola (1612-1666), ainsi qu'aux résultats raffinés auxquels parvient son presque contemporain et ami Carlo Maratta (1625-1713), Guillaume Courtois change profondément son style dans une direction baroque. Ce tournant correspond au passage des années 1660, au moment où le Bernin le choisit comme principal décorateur de ses bâtiments. Les exemples ne manquent pas : Castel Gandolfo, Ariccia et surtout Rome, l'église Saint André du Quirinal étant un témoignage incontestable de son extraordinaire maturité. L'importance de Guillaume Courtois sur la scène artistique romaine du troisième quart du XVIIe siècle a été d'abord développée par Pascoli1, puis dans une monographie pionnière de Salvagnini en 19372, et a été récemment réaffirmée par les études d'Erich Scheier3 et de Dieter Graf4 qui font aujourd'hui autorité. Ces études laissent toutefois dans l'ombre la jeunesse de Courtois, c'est-à-dire la période qui précède immédiatement ou qui est contemporaine des fresques de la basilique Saint-Marc au Capitole, adjacente au Palazzo Venezia (décorations confiées au peintre par l'ambassadeur vénitien Nicolò Sagredo (1606-1676), ainsi que première commande «officielle» du maître Pierre de Cortone). Cette période, qui ne manque pourtant pas d'intérêt pour comprendre l'évolution de notre artiste, fait l'objet d'un essai fondamental de Simonetta Prosperi Valenti Rodinò5, à qui l'on doit également un catalogue détaillé des nombreux dessins de Courtois, conservés au Gabinetto Nazionale delle Stampe de Rome6. Traitant de l'activité de jeunesse de l'artiste, Rodinò a souligné le rapport étroit et prépondérant de la commande des années 1650 avec les Pamphilj, famille du pape Innocent X (1574-1655). En effet, entre 1651 et 1654, nous retrouvons Courtois à l'oeuvre sur une frise dans la Sala dei Paesi7 du Palazzo Pamphilj, place Navonne8, probablement à la suite de Pierre de Cortone qui travaillait au décor de la galerie. Ensuite, vers 1654, il est au Palazzo Pamphilj à Nettuno9. Enfin, dans la seconde moitié de cette décennie, il travaille à la résidence d'été de Camillo Pamphilj (1622-1666) à Valmontone, au côté d'autres maîtres reconnus de l'époque comme Pier Francesco Mola (1612-1666), Francesco Cozza (1605-1682), Mattia Preti (1613-1699) et Gaspard Dughet (1615-1675). Au Palazzo di Valmontone, Courtois peint le plafond de la Stanza dell'Acqua et travaille sur la Sala del Principe, ces deux chantiers apparaissant sans doute comme les plus intéressants et les plus complexes avant les années 166010. Là, le cadre architectural et décoratif, bien que rappelant le célèbre exemple d'Annibal Carrache à la Galerie Farnèse, est actualisé sur des modèles de composition plus dynamiques, comme ceux proposés par Giovanni Lanfranco (1582-1647) et Pierre de Cortone. Dans la chambre du prince, le motif des jeunes personnages regardant par-dessus la
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