JEAN-BAPTISTE-MARIE PIERRE

Lot 31
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Estimation :
3000 - 4000 EUR
JEAN-BAPTISTE-MARIE PIERRE
Combat d'amazones au pied d'une forteresse Craie noire, plume, encre grise, lavis brun 16,89 x 14 cm Les premières années de la carrière parisienne de Pierre Mignard, après son retour d'Italie, furent largement occupées par une activité, étonnamment féconde, de grand décorateur. En 1658, tout juste rentré de Rome où il venait de passer plus de vingt ans, le peintre avait reçu des commandes des portraits du roi et du cardinal Mazarin qu'on s'occupa durant l'été d'envoyer dans la ville des Papes, pour les faire traduire en sculpture par le Bernin. Mais dès le mois de mai Mignard «le Romain» avait signé un marché pour peindre le plafond du grand salon de l'appartement du Grand maître de l'artillerie, à l'Arsenal (les travaux devaient commencer l'année suivante) (1). Cette commande inaugurale ouvrait la voie à une impressionnante série de réalisations : les chantiers allaient se succéder dans les demeures de l'aristocratie parisienne - aux hôtels de Vendôme, d'Epernon, d'Hervart, de Lionne - avant de trouver un magnifique aboutissement dans la gigantesque peinture du dôme du Val-de-Grâce, achevée en 1666, qui fut célébrée un peu plus tard par Molière. Dans son poème de La Gloire du Val-de-Grâce (1669), Molière n'oublia pas de souligner l'exceptionnelle maîtrise de l'art difficile de la fresque que son ami avait acquise en Italie. Mais au-delà de cette supériorité technique, c'est dans le domaine du grand décor peint en général que «le Romain» manifestait son excellence, et même une sorte de primauté. Dans ce contexte très brillant, ses travaux à l'hôtel d'Hervart avaient une importance particulière du fait de la personnalité du propriétaire des lieux, Barthélémy d'Hervart. Ce protestant d'origine allemande était un des principaux financiers de Paris et un rouage essentiel de la politique de Mazarin (2). Il venait d'acheter au duc d'Epernon, en 1657, son grand hôtel de la rue Plâtrière - aujourd'hui rue Jean- Jacques Rousseau, à l'emplacement de la Poste centrale - et le remodelait, en faisant appel à des artistes de premier plan : Michel Anguier pour les sculptures, et pour l'architecture non seulement Louis Le Vau mais aussi un intime de Mignard, le peintre, architecte et théoricien Charles-Alphonse Dufresnoy. Mme Hervart (née Esther Vimart ou Wymar) joua peut-être alors un rôle décisif. Elle avait noué avec «le Romain» des relations de confiance qui avaient conduit à d'importantes acquisitions de tableaux italiens (on repère la présence à l'hôtel d'Hervart de plusieurs chefs-d'Oeuvre d'Annibal Carrache, de l'Albane, du Dominiquin...) (3). Ces liens durablement établis entraînèrent sans doute le choix de Mignard pour peindre les nouvelles salles. Exécutés, pour l'essentiel, de 1662 à 1664, ces décors furent célèbres (4). Ils suscitèrent mainte description jusqu'au moment où l'hôtel fut radicalement transformé, à partir de 1757, pour abriter la Poste. L'ensemble comprenait plusieurs pièces, notamment un «salon d'Apollon» dans lequel un texte de 1685 voyait : la plus belle Chambre qui soit à Paris pour les Peintures (5). Le 19 août 1692, à l'occasion d'un partage, une visite d'estimation (6) décrivait à l'hôtel cette : grande chambre cintrée à alcôve avec calotte, le tout peint avec figures et bas-reliefs feints sur des fonds d'or à l'exception de la calotte où estoit peint par Mons.r Mignard le Mont Parnasse et les Muses (...) un lambris au pourtour de ladite chambre et alcôve dans les cadres desquels sont des tableaux peints en fond d'or et partie d'image (?). Quelques années avant la destruction de ce décor, le comte de Caylus en donna à son tour une description particulièrement précise (et précieuse!) : un des ouvrages qui fait le plus d'honneur à Mignard. Dans la calotte ovale du plafond, qui peut avoir 14 ou 15 sur 10 ou 11 piés, on voit Apollon & les Muses. Ce morceau, quoiqu'un peu gris de couleur, est fort agréablement composé, & peint avec une légèreté de pinceau qui n'est pas ordinaire à ce Maître ; le coloris des quatre sujets qu'il a peints dans les espaces quarrés dont cette calotte est accompa/ gnée, sont d'un ton beaucoup plus vigoureux à la vérité, ils sont exécutés sur un fond d'or, toûjours plus avantageux pour la couleur ; ils représentent le jugement de Midas, la punition de Marsyas, la mort des enfans de Niobé, & les vices chassés du temple d'Apollon, par les vertus soûmises à ce Dieu des Arts. L'ordonnance de ces sujets, & la pureté du dessein les rend fort agréables (7). Or la bibliothèque parisienne de l'Arsenal conserve, dans son fonds de dessins, un groupe de cinq feuilles anonymes dans lesquelles on retrouve exactement les cinq compositions décrites par Caylus. Si la qualité de ces dessins est médiocre, leur intérêt documentaire est exceptionnel : on ne peut certes y voir la main d
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