SAND George (1804-1876)

Lot 276
Aller au lot
Estimation :
800 - 1200 EUR
Résultats avec frais
Résultat : 975EUR
SAND George (1804-1876)
L.A.S. «George», [Paris fin novembre 1842 ?], à son amie Rozanne BOURGOING ; 6 pages petit in-4 à son petit chiffre gothique (légèrement fendue au pli). Très longue et belle lettre sur l'art du roman, sur les revues et les éditeurs, et sur son roman Consuelo.Elle a lu le «roman» de Rozanne [Héléna, nouvelle publiée à Vienne en 1844] «Il y a de très jolies choses, des caractères, de la poësie, des vérités philosophiques, et beaucoup de coeur. Il n'y a pas assez d'incidens, trop de simplicité dans le sujet et dans les événemens. C'est trop une histoire réelle et véritable, et pas assez un roman. Ce n'est point un tort de ton esprit et de ton caractère, au contraire c'est un mérite. Mais le roman demande plus d'animation et de variété, des scènes plus inattendues, des personnages moins faits d'une pièce, une intrigue plus compliquée, plus d'art enfin. L'art n'est pas fait pour toi, tu n'en as pas besoin. Mais le roman ne peut guère s'en passer, et à ta place je recommencerrrais ccelui-là, ou j'en ferais un autre. Ne prends mon avis cependant, que pour ce qu'il te semblera valoir. Il est possible qu'à force de faire des romans moi-même, j'aie le goût gâtée,comme on l'a sur le bon vin quand on a trop humé le piot de Boutarin. J'ai fort peu de confiance en mon jugement et te supplie de ne pas l'accepter sans examen». Elle peut l'aider à publier Héléna, «mais les difficultés sont grandes. D'abord la Revue indépendante n'a que trop de romans, outre les miens ; on lui en présente tous les jours, et elle demande au lieu de cela des articles de politique, de bibliographie et de science, dont le monde actuel est fort pauvre, ou fort avare. La Revue de Paris m'est fermée comme le Paradis l'est au diable. Buloz et Bonnaire en tiennent les clefs d'une main et celles de la Revue des 2 Mondes de l'autre. Ma recommandation serait donc très fâcheuse, brouillés avec nous, furieux, désespérés qu'ils sont dans ce moment-ci». Il faudrait trouver un éditeur, mais «ces messieurs ne veulent point se risquer sur un nom inconnu [...] Il n'y a plus d'éditeurs confians en la parole d'autrui, encore moins d'éditeurs aventureux pouvant et voulant risquer une petite somme. Ils sont tous ruinés, le public est blâsé. Le commerce va à la diable : voilà ce qu'ils disent tous, et quand j'aurai essayé tout ce qui est possible, pour la centième fois de ma vie en pareille rencontre, j'aurai un refus». Elle essaiera, mais elle prévient : «On t'imprimera à condition que tu payeras les frais d'impression et les annonces si tu en veux (ce qui est indispensable au succès du livre et coûte fort cher). Ensuite le libraire consentira à vendre en partageant avec toi les profits. Mais il prélèvera sa part, et quand il l'aura prélevée, il ne s'occupera plus de la vente, ton livre sera épuisé, oublié, il n'en vendra pas vingt exemplaires à ton compte. Je le suppose seulement indolent et peu délicat comme ils sont tous. S'il est radicalement fripon comme ils le sont presque tous, il te dira qu'il n'a rien vendu et te demandera encore des indemnités pour s'être chargé de tout cet embarras. Car enfin, la surveillance de l'impression, l'emmagasinement des exemplaires, les démarches auprès des débiteurs en détail, &c. tout cela représente une peine qui demande salaire. Les moyens de contrôle sont impossibles». Ainsi, elle pense qu'on la «trompe épouvantablement sur le tirage de Consuelo en volumes in-8º. Mais je ne puis le prouver et il faut que j'aie l'air de ne pas m'en douter. Il y a de grands éditeurs tels que Gosselin &c. d'honnêtes éditeurs tels que Perrotin qui fait mon édition populaire. Mais ceux-là ne veulent point faire de petites opérations. Elles leur prennent trop de tems et nuisent aux grandes. PERROTIN ne veut plus éditer un à un les romans que je publie en in-8º depuis qu'il a commencé mon édition complète in-18». Cela risque donc de coûter 2 500 à 3 000 fr. par volume, «sans beaucoup d'espoir d'être indemnisée par la vente. Si le roman a du succès, tu trouveras des éditeurs sans peine, et le second roman marchera tout seul». Mais on ne sait à quoi tient le succès : «Avant tout, il faut amuser le lecteur, ou l'étonner»... Elle a réabonné Rozanne à la Revue indépendante, que ne dirige pas Anselme Pététin, «mais deux hommes qui sont dans les mêmes idées et les mêmes sentiments qui ont gouverné la revue jusqu'ici. LEROUX leur a donné cette direction qui lui prenait trop de temps, et l'empêchait d'écrire et de faire paraître avec exactitude. Ces Messieurs ont apporté des fonds, et nous ont mis à même de faire un cautionnement et de paraître tous les 15 jours. Leroux continue à y écrire comme par le passé, et moi aussi assidûment, Consuelo étant encore destinée à faire beaucoup de numéros. J'y vais mettre aussi des morceaux qui ne seront pas de sitôt publiés à part. Enfin je crois que si cette revue t'a intéressée jusqu'ici, elle ne t'intéressera pas moins à l'avenir et j'y porte quant à moi le même intérêt de co
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue