BRETON André (1896-1966)

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BRETON André (1896-1966)
MANUSCRIT AUTOGRAPHE. «Lettre à une petite fille d'Amérique». S.l.n.d. (1952). 5 et 1 ff. in-8, légère mouillure sur la 1ère feuille. Ce manuscrit publié dans la revue des Arts est une tentative de réponse aux questions embarrassantes d'une jeune personne sur l'enseignement de l'art et l'éveil à une sensibilité pour l'art abstrait. (...) Mieux que quiconque, notre ami Jean-Jacques [Rousseau] a compris que l'enfance reproduisait dans ses étapes successives l'évolution de l'humanité (...).Il est donc de grand intérêt que cette évolution soit retracée à l'enfant et elle ne peut lui être rendue plus fidèle et plus sensible qu'à travers les témoignages artistiques qui se succèdent à partir du plus primitif. Encore faut-il, comprenezvous, qu'à aucun moment l'oeuvre présentée à l'enfant ne se situe à un stade du développement de l'humanité qui dépasse le stade du développement de l'esprit correspondant à son âge (votre papa vous expliquera). Pour m'éclaircir d'un exemple, mettons que j'apprenne de vous que vous avez, plus petite, raffolé de Lewis Carroll et que vos goûts vous portent aujourd'hui vers Atala, je vous dirai que vous me paraissez fort bien orientée dans la voie de la connaissance tandis que si vous m'assuriez que vous êtes en train de lire Rimbaud je protesterais, quoique Rimbaud ait parlé merveilleusement de l'enfance, mais pour en juger vous verrez un jour qu'il faut avoir toute l'enfance derrière soi. Avide de savoir comme je vous vois, tant pis si cela doit vous faire enrager (...). Tout ce qui se présente dans le très jeune âge est seulement objet de plaisir ou de déplaisir. Les associations de couleur et de structure ne viennent qu'ensuite ; plus tard encore s'installe la notion de généralité qui aboutit par degrés à l'abstrait (...) Vous découvrirez vous-même dans quelques années qu'il y a des artistes dits, surtout en Amérique, «abstraits» qui ont su garder le contact avec la nature et que ceux qui ont perdu ce contact (...) ont tout perdu (...). Allant même plus loin, je ne pense pas que les «déformations» volontaires qui, chez beaucoup d'artistes modernes, sont le produit de ce que les grandes personnes appellent d'un grand mot la «spéculation intellectuelle», inaccessible par définition à l'enfance, puissent être données en exemple à l'enfance. Mais il est vrai que quelques artistes modernes ont tout fait pour renouer avec le monde de l'enfance : je pense notamment à Klee, à Miró qui, dans les écoles, ne sauraient être trop en faveur. Par ma fille qui s'y trouvait encore à vôtre âge, j'ai pu me faire une idée des méthodes employées aux États-Unis pour éveiller le sens de l'art chez les enfants. (...) Alors ? me dites-vous. Eh bien ! décidément, je n'ai pas l'étoffe d'un éducateur (...).La dernière page est écrite par sa seconde femme, Jacqueline Lambavte.
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