VALLÈS Jules (1832-1885)

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VALLÈS Jules (1832-1885)
L.A.S. «JV», [Londres 1871], à un ami graveur ; 6 pages et demie in-12 remplies d'une petite écriture. Poignante lettre d'exil après l'échec de la Commune. [Après la Commune, Vallès s'est enfui en Belgique puis réfugié à Londres ; il sera condamné à mort par contumace en juillet 1872.] Il ne regrette pas Paris avec «l'odeur du sang caillé» et ses arbres qui «doivent sentir le roussi et le crime ! Grand cimetière de fédérés ! - Quand je quittai la barricade de Belleville le 28 Mai, brisé, désespéré, tout couvert de rouge, éclaboussé par vingt blessés, je croyais que j'allais mourir, et je ramassai ce qui me restait de salive pour le cracher au visage de ceux qui devaient me tuer ; mais je me jurai, si je survivais par miracle, de ne plus revenir dans ce Paris qui n'avait pas su vaincre ! J'ai échappé à la mort, au poteau, à l'agonie ! Je suis libre, libre et heureux. Je ne rentrerai en France que pour la journée de combat, s'il y en a une ; et que les balles m'épargnent, après avoir fait ma besogne, je repartirai. Vous voyez que l'exil ne m'est pas bien lourd !» Puis il évoque son travail et ses projets : «j'ai ébauché une pièce, commencé un David Copperfield à ma manière, c'est-à-dire continué le testament d'un blagueur. Il m'a pris l'autre jour l'envie de faire un journal», à 6 pence ; il en explique le contenu, les illustrations, et il demande à son ami de lui trouver des collaborateurs... Il y a bien des amis de Félix qui ont beaucoup de talent comme dessinateur et qui connaissent à Paris ceux qui en ont... «J'ai hérité - s'il n'y a pas de pertes, j'aurai mes 4 francs de rente par jour, environ ! pas davantage ; mais c'est une chemise blanche, du pain de seigle, une fenêtre sur un faubourg ou sur un champ ! La Rue m'a valu ça ; c'est un de ses lecteurs qui a fait ce testament»... Il termine tristement : «Est-il vrai qu'un jeune homme nommé Martin qui était mon commensal chez Laveur a été fusillé à ma place ? Oh ! ces huit jours !»
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