STENDHAL Henri Beyle (1783-1842)

Lot 209
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Estimation :
4000 - 5000 EUR
STENDHAL Henri Beyle (1783-1842)
L.A.S. «H. Beyle», Brunswick 3 octobre 1807, à François PÉRIERLAGRANGE à Grenoble ; 3 pages et quart in-4, adresse avec marque postale de la Grande Armée. Longue et belle lettre sur ses soucis d'argent, alors qu'il est en Allemagne avec la Grande Armée, adjoint du commissaire des guerres Martial Daru. [Son ami Francois Périer-Lagrange (1770-1816) épousera l'année suivante Pauline Beyle, la sœur tant aimée de Stendhal.] En ce qui concerne sa dépense, «si mon père me veut donner cent louis ou mille écus par an, je donne ma parole de n'en pas demander davantage, mais il faut de l'exactitude. On me demande 41ll d'une paire de bottes, si je paye tout de suite je rabats 3ll et j'ai les bottes pour 38ll. Si je paye au bout de 3 mois je donne 41ll et 30s d'étrennes. De même pour tout». Puis il justifie son besoin de 250 livres par mois : «Un travail immense et avoir l'air de ne pas travailler, être de toutes les parties de Mr D. [DARU] et recevoir chez moi tous les camarades qui passent, être jour et nuit sur pied et toutes les semaines faire au moins 40 lieues, les chevaux ne me coûtent rien bien entendu, mais les étrennes, mais la nourriture, mais une immensité d'habits qui s'usent. Tout cela pour 200F de traitement et 125ll de frais de bureaux, arriérés toujours de 2 mois. Depuis 8 jours j'ai 2 secrétaires, et voici 3 nuits que j'ai passées à travailler avec eux, ayant été obligé d'aller le jour à la chasse avec le beau-frère de Mal [Martial] qui a passé ici, et pour 45ll de fournitures de b[ure]au et pour 13 ou 14ll de ports de lettres de service que les gens qui me prennent pour une autorité oublient d' affranchir. Voilà, mon meilleur ami, une légère esquisse de mes finances». Il donne des instructions pour l'envoi de l'argent par son père à qui il ne demandera plus rien : «Je diminuerai même cela dès que je serai simple adj[oin]t au Com[missai]re des Guerres pour les app[ointement]s comme je le suis pour la dépense. Communique ma lettre à mon grandpapa et tâchez de m'obtenir de l'exactitude dans les payemens. Cette ennuyeuse matière terminée, je te dirai que je meurs de fatigue»... Il espère devenir commissaire des guerres, mais «je ne le serai pas de si tôt à ce qu'il me semble. Mr D[aru] reste en Prusse cet hiver. Je ne crois pas qu'on rende Berlin, ni la Silésie à ce nigaud nommé Friederick III. Les provinces ne payent pas. Tâche de mettre un peu d'ordre dans la machine de mon père. [...] Tu as bien raison je sers, mais mon caractère m'éloigne diablement du rôle que je joue. Je le quitterais un jour si j'avais un peu de bien, mais je crains bien que les spéculations ne mangent le fonds comme les revenus. [...] Tu m'exorthes à me marier prouve moi que j'ai du pain pour deux. Si la famille me demande qu'avez-vous que puis-je répondre ? Quelques dettes, 200F d'app[ointement]s par mois, et un père spéculateur qui promet et ne donne rien. Tu vois que je me ferais éconduire. Il faut temporiser jusqu'à ce que ma place mette un peu plus de brillant dans ma position. Je t'assure que je ne suis guère heureux. Le présent est pénible et l'avenir nébuleux. Adieu, aime moi toujours, tu me sauveras de la tempête»... Correspondance générale, t. I, n° 292 (p. 619)
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