TANGUY Yves (1900 - 1955)

Lot 288
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TANGUY Yves (1900 - 1955)
70 L.A.S. «Yves Tanguy» puis «Yves», dont 5 avec dessin, Paris, New York puis Woodbury (Connecticut) 1935 - 1954, à Marcel JEAN ; environ 140 pages formats divers, principalement in-8 ou in-4, dont 9 cartes postales, enveloppes ; plus quelques pièces jointes ; le tout monté sur onglets en un volume in-fol., demi-toile noire. Magnifique et rare correspondance sur le mouvement surréaliste, et son travail et son existence aux États-Unis où Tanguy s'installa en 1939. [Peintre et écrivain surréaliste, ami de Tanguy, Marcel JEAN (1900 - 1993) occupa divers emplois de dessinateur industriel, en France, aux États-Unis et en Hongrie. Auteur de peintures, dessins, frottages, gravures et objets, il participa aux activités du groupe surréaliste dans les années 1930, avant de se tourner vers l'abstraction après la guerre. Il publia plu­sieurs ouvrages théoriques et historiques, notamment Maldoror (1945) et Histoire de la peinture surréaliste (1959).] Plusieurs lettres sont contresignées, notamment par Max Ernst et son épouse Dorothea Tanning (1), par les écrivains surréalistes Georges Hugnet (1) et Jehan Mayoux (2), ou par les deux épouses de Tanguy Jeannette Ducrocq (2) et Kay Sage (2)... Les premières lettres et cartes de Tanguy, de Paris, résonnent de la joie anticonformiste qui régnait autour de lui, Georges Hugnet ou Jehan Mayoux, et évoquent l'activité du groupe surréaliste : exposition chez Pierre Loeb en 1939, la revue Minotaure, etc. Yves Tanguy reprend contact avec Marcel Jean en octobre 1940, un an après son installation aux États-Unis, et parle de ses efforts pour faire venir André Breton ; il évoque Marcel Duchamp, Pierre Mabille, Matta, W. Paalen... Alors que Breton et la plupart des Français sont rentrés au pays, Tanguy décida de rester aux États-Unis avec sa femme ; il s'installe à la campagne, à Town Farm, dans le Connecticut (dont il envoie des photos). Il parle donc dans ses lettres de ceux qui sont restés, notamment Max Ernst (amusant récit d'une visite à Ernst dans le désert d'Arizona) et Marcel Duchamp, et évoque les artistes de passage, comme Dubuffet ou Matta (il défend celui-ci dans l'affaire du suicide du peintre Arshile Gorki). Il parle aussi de son travail de peinture, et de ses ventes, principalement aux musées américains, ses relations avec le galeriste Pierre Matisse et différents acteurs du monde de l'art moderne comme Frederick Kiesler. Tanguy livre ses souvenirs des premiers temps du surréalisme, en répondant aux questions de Marcel Jean qui avait entamé la rédaction d'une Histoire de la peinture surréaliste (parue en 1959) ; il évoque sa rencontre avec Prévert, l'arrivée «très aragonesque» de Dali soutenu par Éluard, et l'affaire des Ballets russes contre Ernst et Miró. Il s'informe continuellement des soubresauts du groupe surréaliste, et évoque sou­vent le revirement d'André BRETON à son encontre et son exclusion du mouvement ; il commente l'affaire Carrouges : «Cette fois c'est bien la fin du groupe surréaliste». L'humour d'Yves Tanguy, qui cache une profonde tendresse sous un apparent détachement, ajoute un charme supplémentaire à la lecture de ces lettres, dont cinq sont illustrées d'amusants dessins. Nous n'en citerons que quelques extraits. Paris, 22 avril 1939. «Minotaure va paraître avec des reproductions en couleurs de Chirico, Archimboldo, Paalen, Onslow Ford, Matta, Seligmann, et votre serviteur. Et beaucoup d'autres choses. [...] Nous avons eu une belle exposition chez Pierre Loeb, des tableaux de Frida Rivera [Frida Kahlo] tableaux anciens mexicains, objets, etc. [...] Ne parlons pas de la guerre, ça vaut mieux. Je ne travaille pas beaucoup. J'ai vendu (indirectement heureusement) une toile à Monsieur Albert Sarraut qui s'est empressé de l'accrocher au-dessus de son lit et qui se pâme devant !!! Il l'a dit à Breton un peu trop longuement pour notre petite vanité ou modestie (c'est la même chose). On voit de temps en temps Masson - toujours le même - passionné à outrance et révolté»... New York, 26 octobre 1940. «Tu ne peux t'imaginer combien ta lettre m'a fait de plaisir. J'avais demandé partout de tes nouvelles sans succès et j'étais inquiet de ton sort. Voilà aujourd'hui un an que je suis ici. beaucoup de choses se sont passées depuis. Je commence à peine à m'accoutumer à ma nouvelle vie. Trop de choses sont restées là-bas. Ici nous sommes beaucoup - Gordon, Matta de plus en plus loufoque, Calas assagi, Seligmann toujours le même, Hayter plus emmerdant que jamais. Le plus sage et le meilleur de tous est Paalen [...] Nous faisons tout notre possible, Kay et moi, pour faire venir André [Breton], Jacqueline et Aube et Mabille qui l'ont enfin demandé. C'est malheureusement de plus en plus difficile mais nous avons quand même grant espoir que cela s'arrangera. Pour Masson également. André et Mabille sont dans le Midi. Péret est rentré de Paris après beaucoup d'aventures. Je n'ai malheureusement pu obtenir aucunes nouvelles de Jean [May
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