GIDE André (1869-1951).

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GIDE André (1869-1951).
24 L.A.S. « André Gide », 1934-1949, au Docteur Louis GESLIN, à Marseille ; 51 pages in-4 ou in-8 (dont 2 cartes postales), enveloppes ou adresses. Belle correspondance autour de la traduction de Shakespeare et du Journal. Habitant Marseille, le Dr Louis GESLIN (1900-1957), médecin aux Messageries maritimes, a écrit à Gide en novembre 1934 pour lui faire des remarques sur sa traduction d'Antoine et Cléopâtre de Shakespeare (1921, 2e édition en 1925) ; il a lui-même entrepris de traduire Shakespeare pendant ses loisirs. Une correspondance va donc se nouer entre eux, et Gide fera appel au médecin lorsqu'il reverra sa traduction d'Antoine et Cléopâtre pour le Théâtre complet de Shakespeare dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1938 ; le médecin adresse de longues lettres (les minutes sont jointes) à Gide, touchant également la traduction d'Hamlet, et le Journal de Gide, à qui il envoie également ses propres compositions littéraires. Les lettres de Gide sont écrites de Paris, Cuverville, Dalaba (Guinée), La Boissière (Calvados), du château de Chitré, Luxor, Nice, Cap d'Ail, Grasse, Alger, Constantine, Le Caire et Juan-les-Pins ; nous ne pouvons en donner qu'un aperçu. La correspondance s'ouvre par une réponse polie à des remarques sur sa traduction d'Antoine et Cléopâtre ; Gide se défend sur quelques points, et évoque sa traduction de Hamlet, interrompue au premier acte : « Cet acte seul m'a donné plus de mal que les cinq actes d'Antoine et Cléopâtre ; mais j'ose dire que j'en suis plus satisfait » (12 décembre 1934)... Au sujet de sa traduction du premier acte d'Hamlet (1930), il n'accepte pas toutes les remarques du docteur, mais a égaré la lettre qu'il avait préparée (18 mars 1935). Revenant vers le Dr Geslin en 1938, il demande à lui confier les épreuves du Shakespeare de la Pléiade, qui reproduira la traduction de François-Victor Hugo, sauf quelques pièces traduites par Maeterlinck, Pourtalès, Supervielle, etc., et son Antoine, pour laquelle il déplore d'avoir égaré les notes du médecin... Il obtient un délai supplémentaire pour tenir compte de ses remarques critiques... Il eût voulu discuter avec lui de quelques passages qu'il a maintenus : « Déjà les quelques vers : “This common body... To rot itself with motion” m'avaient donné beaucoup de mal. (Je ne connaissais pas le très intéressant commentaire de Katherine Mansfield que vous citez.) Je l'ai de nouveau réétudié, retourné dans tous les sens, si j'ose dire. Texte infernal » (21 juillet 1938)... Il supplie Geslin de ne pas céder au vertige du « supplice de l'asymptote », car la ligne de la traduction ne rejoindra jamais parfaitement celle du texte, et il répond longuement à ses dernières objections. « Shakespeare lui-même, ainsi que tout vrai poète, s'occupe moins du sens exact des mots que de leur sonorité et de leur puissance évocatrice » (28 juillet 1938)... Il réitère sa gratitude pour les retouches heureuses apportées grâce à Geslin, et débat de quelques mots et passages difficiles, tout en critiquant un extrait de François-Victor Hugo, où il ne resterait de Shakespeare que le sens : « Quelque chose d'informe, sans plus d'élan, de rythme ni de vie » (18 août 1938)... Gide n'a pu tenir compte des propositions de correction de Geslin pour son Journal, arrivées trop tard en 1940 ; l'année suivante, il explique cependant qu'un journal n'est pas une œuvre : « c'est une trace, et l'on ne peut, sans tricherie, revenir là-dessus. Rien de plus instructif que ce perpétuel effort d'amendement de certains poètes », comme Baudelaire ou Ronsard... Et de comparer les remarques du médecin à celles de Voltaire sur Corneille, souvent justes, mais prêtant à sourire (Grasse 5 septembre 1941)... Il insiste sur l'authenticité du Journal... Le conseil de Geslin lui eût été utile pour la traduction d'Hamlet : il le consulte sur un vers particulier, qu'il croit avoir mieux rendu que ses prédécesseurs... Gide exprime des réserves sur les boutades et réflexions qu'il trouve dans les manuscrits de Geslin, notamment concernant Toulet, Vauvenargues et Joubert, qui ne méritent pas tant d'attention... Il lui soumet sa traduction de vers célèbres d'Hamlet, et regrette de ne pas avoir d'exemplaire encore de cette première édition parue en Amérique, « qui n'a pas droit d'accès en Europe » (20 juillet 1945)... Etc. On joint un important dossier contenant la copie par Geslin de sa correspondance avec Gide, avec ses propres lettres souvent très longues ; un gros ensemble de notes de Geslin sur Shakespeare et sur le Journal de Gide ; une l.a.s. de l'éditeur Jacques Schiffrin, fondateur de « la Pléiade », à Geslin (1938) ; et un jeu d'épreuves d'Antoine et Cléopâtre pour la Pléiade, corrigé et commenté par Geslin.
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