BLOY Léon (1846-1917)

Lot 85
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7000 - 8000 EUR
BLOY Léon (1846-1917)
67 L.A.S. «Léon Bloy» et 2 P.A.S., Paris, Montmartre, «Chameaux-surSeine», Créteil, Le Tréport, Bourg-la-Reine 1905-1917, à Léon BELLÉ, libraire-imprimeur à Lagny (Seine-et-Marne) ; 110 pages formats divers, la plupart avec enveloppe ou adresse, montées sur onglets en un volume in-4, rel. maroquin rouge, dos à nerfs, contreplats doublés de maroquin noir, gardes de soie rouge moirée, étui (Semet & Plumelle). Très belle correspondance à l'imprimeur de Lagny («Cochonssur-Marne») devenu un ami de Bloy. Pleine de fougue, d'humour, de férocité et souvent de pathos, elle témoigne de l'activité littéraire intense de l'écrivain, de sa détresse matérielle, son optimisme, sa foi ardente, et sa pitié pour le pays en guerre. L'auteur du Désespéré se déclare «l'homme le plus espérant qu'il y ait au monde». Nous ne pouvons donner ici qu'un rapide aperçu de cette magnifique correspondance, publiée en mai-juin 1951 dans le Mercure de France. 1905. 4 juin. «L'affiche [pour Quatre ans de captivité à Cochonssur-Marne] est amusante. Mais pourquoi veut-on, à toute force, que Cochons-sur-Marne soit Lagny & non pas Meaux ou Château-Thierry ? À qui faire croire que les pourceaux sont tellement rares sur les berges de l'antique Matrona qu'on ait pu les localiser dans l'unique trou honoré, 4 ans, de ma littéraire présence ?»... Oublier qu'il est «une espèce de romancier» peut exposer à des gaffes ridicules... Bloy se moque avec verve des imbéciles : «Ignorants de la littérature & de l'art autant que les plus fangeux tapirs, mesurant l'âme d'un Ecrivain à leurs basses âmes & se sentant avec cela fort merdeux, ils ont dû croire idiotement & salopement - comme il convenait - que j'avais employé les 4 susdites années à épier avec soin leurs turpitudes. Ils ont cru que j'allais divulguer leurs canailleries boutiquières, leurs adultères, leurs incestes, leurs infanticides ou parricides ignorés, leurs ignominies à faire dégueuler des hippopotames... L'œuvre d'art qu'est mon livre les a tous trompés»... Il invite Bellé à faire l'usage qu'il voudra de cette lettre... 10 juin. Demande d'aide pour trouver un libraire à Meaux qui prenne son livre en dépôt : «j'imagine que mes Cochons seraient surtout achetés par les prêtres du diocèse, vous savez pourquoi»... [11 juin]. Il regrette que Bellé n'ait pas écrit lui-même l'article du Briard : «vous n'auriez pas fait la gaffe très-provinciale de souligner tout le temps ma misère, ce qui est maladroit et désobligeant. Vous auriez compris que ma “mendicité” est beaucoup moins une réalité qu'un panache»... 26 juin. Envoi d'une lettre à insérer dans Le Briard : «Ce n'est pas “la réponse multiple à toutes les turpitudes signalées”. À quoi bon ?» Félicitations sur l'affiche pour Meaux ; il a su par un ecclésiastique que des Cochons circulaient au séminaire... 27 juin, amusant post-scriptum additif à sa lettre ouverte, le rédacteur ayant confondu scatologie et obscénité... 7 juillet. Il se plaint d'un nouvel article dans le Briard : le journaliste se sert de Bloy contre ses ennemis, et dénature sa pensée en altérant le texte cité : «“un urinoir d'ignominie”, au lieu d'un miroir ! Il serait enfantin de supposer une coquille. Votre voyou de Provins a cru faire une trouvaille en rapprochant de ce mot le Nom de Jésus. J'appelle ça du goujatisme»... 23 juillet. Apprenant qu'on fait une plainte et une enquête contre l'auteur de Cochons, il s'afflige que le personnage de l'abbé Galette soit «privé, par l'indifférence ou l'hostilité bête du parquet, de la grandiose volée de coups de pied au cul qu'un procès en diffamation lui vaudrait infailliblement»... 27 juillet. Explications sur le sort de Sueur de sang, soldé par le successeur de Dentu, et des conséquences contractuelles mal entendues : «Pour ce qui est de mon “autorisation formelle”, faudra-t-il que je l'envoie, scellée d'une bulle d'or de Basileus byzantin, contresignée par trois cents notaires impériaux & portée par une ambassade fastueuse, puissamment armée»... 1906. 6 janvier. Bloy reproche à Bellé de ne pas se décider à être son ami «simplement, sans phrases ni excuses, sans humilité absurde, sans m'écrire des lignes ou des pages où vous avez l'air de demander pardon d'être un pou sur une tumeur, [...] vous me plaisez & j'estime que c'est la plus sans réplique & la plus forte raison qui puisse être donnée d'une amitié»... 3 octobre. «Non seulement le vrai Marchenoir, votre ami, n'est pas mort, mais encore il s'emmerde, ce qui suppose une indiscutable vitalité»... 1907. 4 janvier. Explications sur l'affaire du Gil Blas, où il n'a pas perdu l'occasion de dire son mépris complet pour l'Académie Goncourt... «Je tiens à ne pas ignorer ce que HuYsmans dit de moi. C'est un mauvais homme qui me hait d'autant plus qu'il me doit beaucoup. Je tiens à ne pas le perdre de vue»... La protestation de Bellé a
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