Le coffret à bijoux de Mai Thu

 

Durant la Renaissance, à l’âge d’or hollandais ou encore à la Belle Époque, les artistes ont trouvé l'inspiration dans les scènes d’intimité féminine. Au boudoir, au salon, au jardin, ou encore dans la cuisine, un certain mystère imprègne ces compositions. Ce thème est parfaitement évoqué par le Portrait présumé de Gabrielle d’Estrées et de sa sœur la duchesse de Villars, une peinture réalisée en 1594 par l’Ecole de Fontainebleau qui a marqué la postérité. Conservé au Louvre, ce chef d'œuvre de la Renaissance représentant la favorite d’Henri IV a sans doute pu être admiré par de nombreux artistes et suscité diverses inspirations. Ainsi dans la lignée des plus grands, Mai Trung Thu fait partie de ces artistes ayant mis en scène une atmosphère féminine comme l’illustre Le coffret à bijoux. Loin de la sensualité affichée à la Renaissance française, c’est une représentation tout en retenue et pudeur qu’offre l’artiste vietnamien. Si cette scène d'intimité où se lit la confiance entre les deux femmes est d’apparence occidentale, l’artiste parvient à y instiller de nombreuses références à sa culture sino-vietnamienne.

 

Ecole de Fontainebleau
Le portrait présumé de Gabrielle d’Estrées et de sa sœur la duchesse de Villars, 1594
MAI TRUNG THU (1906-1980)
Le coffret à bijoux, 1960



La boite en laque au décor typiquement asiatique est composée de délicats bijoux : bracelets en jade et collier de perles viennent compléter cette vision extrème-orientale. Vêtues de tenues traditionnelles et de voiles à la fine transparence, les deux jeunes femmes dont l’une porte l’ao daï représentent un idéal féminin merveilleusement dépeint. La chevelure ébène, le teint de porcelaine, le cou gracile et la silhouette svelte, ces modèles sont d’une délicatesse remarquable.
 

Si le raffinement de cette œuvre est lié aux charmes de ses protagonistes, il est également permis par une technique propre à l’artiste. Maîtrisant à la perfection la peinture sur soie, Mai Trung Thu l’adapte aux codes de la peinture occidentale. La construction de la composition notamment est savamment étudiée. Le cadrage frontal permet au spectateur de pénétrer aisément dans cette scène tout en gardant une certaine distance permise par la table servant de reposoir. Une ligne serpentine se dessine entre les différentes mains et les jeux de regard. En utilisant une palette pastel et poudrée, l’artiste accentue la féminité de cet univers.

A travers un métissage des techniques et des cultures, Maï Trung Thu offre une œuvre subtile et délicate au parfum féminin. C’est une ode à la femme, qu’elle soit d’Occident ou d’Extrème-Orient.

Ce tableau s'est envolé à 297 080 euros le 8 mars dernier sous le marteau de maître Aguttes.



PEINTRES D’ASIE, ŒUVRES MAJEURES HỌA SĨ CHÂU Á, TÁC PHẨM QUAN TRỌNG 亞洲繪畫,經典傑作
Lundi 8 mars 2021, 11h
Aguttes Neuilly

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Expert
Charlotte Reynier-Aguttes : reynier@aguttes.com - +33 (0)1 41 92 06 49 

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