La revue
JOHN MARTIN OU L'EXPÉRIENCE DU SUBLIME



Au Pays de Canaan où Dieu l’avait envoyé après la mort de Moïse, Josué découvre à flanc de montagnes l’étendue des terres promises. Dardant ses derniers rayons au creux des falaises, le soleil se couche dans un horizon flamboyant, obligeant ses quelques spectateurs à une halte contemplative.

Cet univers insulaire qu’il a pu découvrir au cours de ses pérégrinations, John Martin le restitue au prisme de l’univers fantastique qu’il s’est constitué toute sa vie durant. Artiste romantique, il cherche à faire jaillir le sublime, à dévoiler ce que la nature a de plus puissant - voire dévastateur - et met l’homme face à sa petitesse au regard du divin. Le sujet vétéro-testamentaire de la découverte d’un nouveau monde n’est que prétexte à la représentation d’une étendue vaste à l’extrême, vertigineuse dans ses reliefs et marquée par les aspérités des temps immémoriaux qui s’y sont succédés.

Artiste d’origine modeste, Martin arrive à Londres en 1806 et commence à exposer à la Royal Academy de Londres à partir de 1811. Dès ses premières années, le jeune artiste puise son inspiration dans la Bible et la littérature. A la suite de ce qu’avait pu amorcer Füssli (1741-1825), Martin explore des univers où se côtoient fantastique, merveilleux, rêve et cauchemar. Lui ne rejette, ni ne contourne toutefois les règles académiques mais réinterprète à sa manière, la tradition du paysage historique. Les quelques figures placées çà et là justifient les thèmes de ses compositions et lui permettent dans le même temps de laisser s’épanouir une nature sublimée.

Exploitant la rapidité qu’impose la technique de l’aquarelle, Martin donne de l’emphase à l’âpreté des rochers au sein desquels se niche un lac aux eaux tranquilles. Propice aux forts contrastes d’ombres et de lumière, cette fin de journée au pays de Canaan se pare d’un ciel aux teintes orangées d’où jaillit un soleil d’un rouge saturé, réchauffant le bleu sourd qui l’entoure.



Ce paysage, Martin l’aura sans doute croisé au fil de ses séjours sur l’île de Man entre 1848 et 1853, année où paralysé, il s’y installe et meurt peu après. Une variation de la composition existe, sur le même thème et se trouve aujourd’hui dans les collections du musée de l’Île de Man (Fig. 1 ; inv. 1954-3583).




Prochaine vente 
Du mercredi 14 au mercredi 28 juin 2023
Aguttes Neuilly

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