La Revue
FABIENNE VERDIER : LA MÉTAPHYSIQUE DU CERCLE



Héritière des derniers grands peintres calligraphes Chinois, Fabienne Verdier se forme à Chongqing dans le courant des années 1980, après quatre années passées aux Beaux-arts de Toulouse. Elle découvre là-bas une peinture spontanée et ses subtils codes esthétiques, auxquels elle adhère très rapidement et qu’elle intègre à sa propre pratique artistique. Son travail est le résultat de nombreuses années d’étude, et d’un véritable métissage culturel.

À cheval entre modernité et tradition, entre l’Europe et l’Asie, elle crée un univers qui lui est propre, un travail qui évoque une forme d’absolu, d’universalité. Elle produit une peinture organique, vivante, qui représente des forces naturelles et invisibles, et concilie la contemporanéité et la transmission.

Fabienne Verdier travaille sur le monumental, sur de grands formats pour lesquels c’est l’entièreté de son corps qui crée le mouvement avec lequel son pinceau se déplace sur la toile colorée. Si le travail de Fabienne Verdier se concentre particulièrement sur les notions d’espaces, notamment lorsqu’elle représente les fjords en Norvège, les montagnes en Chine, ou la Sainte-Victoire, c’est ici la recherche d’un non-espace qu’elle évoque.



Nommée « Cercle – Ascèse », la toile renvoie à une forme de privation physique, de mépris du corps pour se concentrer sur le spirituel, sur l’immatériel. Le cercle représente donc une porte ouverte vers le monde de l’éthéré, ainsi qu’un rejet de l’existence tangible.

Son intervention sur le pinceau et sur la toile n’est alors qu’un vaisseau, une transition qui permets de passer d’une manifestation physique à une production métaphysique. Elle monte sur la toile pour produire un cercle parfait, idée qu’elle tire de la vision qu’elle eut d’un têtard sautant dans une mare et des cercles parfaits produit par l’onde.

Telle le derviche tourneur, dont la danse aux mouvements concentriques amène à la transe, le mouvement circulaire que l’artiste effectue pour produire ce cercle évoque une réflexion profonde et personnelle. Le cercle est un symbole d’unité, d’infini, il évoque la perfection naturelle et l’absolu.

Les éclaboussures de peinture autour du tracé du cercle ramènent le spectateur à la matérialité de la toile, et à l’aspect organique de celle-ci. Loin de gommer les imperfections, Fabienne Verdier les intègrent comme une composante indispensable de son travail.

Le cercle reste ouvert, inachevé. Le cercle représentant l'infini, le cercle brisé est un univers de possibilités : un monde qui n'est pas fermé mais qui est au contraire tourné vers l'extérieur. Il représente un esprit en conversation avec les énergies qui l'entourent, en connivence avec la nature et avec autrui. Le cercle est un ascèse, mais loin de se couper du monde, il reconnecte avec celui-ci et communique sur un plan spirituel. C'est un échange métaphysique.

Finalement, ses toiles sont le résultat d’un mouvement pur, spontané, et pourtant réfléchi et travaillé, dont le produit porte toujours une certaine proportion d’imprévu, qui finalement touche à quelque chose de profondément réel : à une forme de perfection cosmique.

Le 6 avril dernier, plus de 10 téléphones et un enchérisseur en salle se sont disputé cette œuvre exceptionnelle de Fabienne Verdier. La toile s’est vendue pour 362 970 €, près de trois fois son estimation haute. Il s’agit d’un record pour l’artiste dont la côte sur le second marché ne cesse de grimper et dont la qualité du travail la place déjà parmi les grands peintres de ce siècle.



Vente en préparation

Le mercredi 12 juillet 2023

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