La Revue
QUAND MAI THU S'EXERCE AU TRAVAIL ACADÉMIQUE



 


« L’art moderne est né le jour où Cézanne a découvert que, pour l’artiste, la pomme n’était pas la pomme, mais un sujet d’observation »
Pierre Francastel, historien de l’art

La pomme est un riche sujet de la peinture, des classiques jusqu’aux modernes, jouant du rapport de l’art au réel.
Sujet d’observation, elle est au regard de l’histoire de l’art un véritable outil dans la formation de l’artiste. Elle éduque l’œil et l’esprit du peintre, qui tente au fil des siècles de la représenter de la manière la plus fidèle au réel, puis aux impressions qu’elle inspire. Henri Fantin-Latour, Le Caravage, Picasso, Cézanne, ou encore Magritte, explorent tous à leur façon ce fruit, devenu un objet du quotidien, décliné sous toutes ses formes à travers vanités, natures mortes ou sculptures contemporaines...






MAI TRUNG THỨ (1906-1980)
Pommes, 1959
Encre et couleurs sur soie, signée et datée en bas à droite. Dans le cadre d’origine fait par l’artiste
30 x 30 cm 
Estimation : 100 000 - 150 000€

Provenance : Galerie Apesteguy, Deauville, été 1976 Collection privée, Paris (reçu en cadeau en 1976 et conservé depuis)



Le peintre Odilon Redon disait « L’art de peindre réside, pour qui sait peindre, dans une pomme, au coin d’une table. Peindre une pomme, quoi de plus bête ! Et cependant pour faire de cette donnée si simple quelque chose qui s’élèvera à la beauté, il faudra que la peinture y soit tout entière, solide, souple, riche et substance.»
REDON, Odilon. A soi-même. Journal 1867-1915. José Corti Editions, 1989.


Ici, Mai Trung Thứ offre sa vision personnelle de la nature morte à la pomme, apposant ses touches d’encre sur la délicatesse de la soie. Cette figure nous laisse percevoir la vision tendre du peintre sur l’esthétique traditionnelle de la pomme. Posée sur un plat octogonal d’un jaune lumineux, une moitié de pomme cache le tranchant de la lame, et deux autres au second plan, servent l’équilibre de la composition. Mai Thứ souligne la délicatesse des fruits d’un trait simple. Cette apparente simplicité ne dissimule pas longtemps l’art du maître, lorsqu’un œil attentif s’attarde sur les détails de ses œuvres. La restitution des formes fondamentales par des lignes claires et l’utilisation soigneuse des couleurs et de l’encre sur la soie sont des attributs propres aux œuvres de Mai Thứ. Les lignes s’affirment à l’encre noire, tandis que les degrés de coloration et les tons sont subtils et délicats, contrastant ainsi avec les fonds neutres de ses compositions.





© DR
Œuvre en rapport : ALFRED SISLEY (1839-1899)
Nature morte aux pommes, 1868
Museum of Art, Michigan





© DR
Œuvre en rapport : BERTHE MORISOT
Nature morte avec pomme coupée et pichet
Musée Marmottan Monet





© DR
Œ
uvre en rapport : PAUL CEZANNE
Nature morte aux pommes, vers 1890
Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg



 

Les nuances des couleurs de Mai Trung Thu participent à la virtuosité de son œuvre. Sa sensibilité artistique s’exprime à travers la subtilité de sa palette, qu’il manie avec douceur. Amateur de musique, sujet récurrent de son œuvre, Mai Trung Thu se sert de sa palette de peintre comme d’une partition bercée par les teintes de ses mélodies. Celle-ci détient les curieux secrets de l’âme de l’artiste, devenant peu à peu l’attribut du peintre, comme un prolongement de sa main et de son esprit.






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Charlotte Aguttes-Reynier
Expert Peintres d’Asie
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