La Revue 
CHASSES ET VOLERIES IMPERIALES DE MAXIMILIEN Ier

 
Riche d’un fabuleux décor, ce panneau de tapisserie tout à fait exceptionnel narre les épisodes de Chasses et Voleries Impériales de l’Empereur Maximilien Ier (1459-1519). Provenant des ateliers de la ville de Tournai, elle est imaginée au début du XVIe siècle et fait partie d’un ensemble de tentures, tissé de laine et de soie. Mesurant initialement plus de 100 mètres de longueur pour 3.05 mètres de hauteur, on ne conserve aujourd’hui de ce chef-d’œuvre que ces fabuleux 10 mètres, qui ont nécessité près de dix ans de travail.  


De la plus grande rareté, la tapisserie fut achetée par Maximilien Ier au marchand lissier Arnaud Poissonnier, moyennant la somme de 1.410 livres tournois. Remarquable pour son camaïeu de détails, la tenture est le fruit d’un travail consciencieux. Les personnages évoluent dans une scène de chasse, accompagnées de leurs chevaux, chiens et volatiles dans la forêt de Soignes, non loin du château de Bouchout, que l’on aperçoit dans les profondeurs de la scène, en haut à gauche. 





(Détail) Chasses et Voleries Impériales de Maximilien Ier en forêt de Soignes
Panneau du début du XVIe siècle, des Flandres, provenant des ateliers de la ville de Tournai
Laine et soie
Hauteur : 3,05 m, Largeur : 10,00 m




Au début du XVIe siècle, les tapisseries étaient pourvues de plusieurs usages. Celle-ci, particulièrement, meublait sans doute la galerie du Château de Wels, en Autriche. Au-delà de la mise en valeur du lieu dans laquelle elle fut exposée, la tapisserie contribuait à la notoriété de son commanditaire. Inspirée des références religieuses, mythologiques, littéraires ou d’usages courants, elle avait la vertu de distraire ses admirateurs. 

La symbolique végétale y est particulièrement importante et illustre une flore printanière. La profusion de fleurs rappelle les tapisseries de Paris, dont celle des Vendanges, conservée au musée de Cluny. Promesse d’amour et gage de mariage, l’œillet se dissémine dans l’ouvrage parmi les grenades, narcisses, cyclamens, chardons et iris, adorés des connaisseurs. La recherche de perspective, entre autres par l’usage de souches d’arbres éparses, vestige de la coupe hivernale, caractérise les tapisseries de Tournai, participant à leur renom. 

Les traits flamands de la tapisserie se lisent dans l’affluence des personnages, le modèle raffiné des vêtements de couleur rouge et jaune, dont la superposition des tissus est caractéristique de l’Europe du Nord, mais aussi  par la présence du motif récurrent de la grenade. Les visages sont peu expressifs mais toutefois individualisés, permettant l’identification des personnages.

Au XVIe, l’évocation dans la tapisserie de l’entourage du commanditaire est courante. À droite de l’ouvrage, fastueusement vêtu, se tient à cheval l’Empereur Maximilien Ier, accompagné de sa sœur, Cunégonde d’Autriche (1465-1520). Dans le prolongement de deux personnages, à droite de la tapisserie, Philippe de Habsbourg, dit Philippe " Le Beau " (1465-1520) trône à cheval. À gauche de la tapisserie, Wolfgang Von Polheim (1452-1512), conseiller de Maximilien Ier, est devant la reine Jeanne Ière de Castille (1479-1555), richement vêtue. L’abondance d’ornements complexes, tant sur les personnages que sur leurs montures, dont les détails sont particulièrement travaillés, ainsi que la multiplicité des références végétales et animales, rendent cette scène de chasse admirable.

Classée au titre de monument historique dès juin 1942, la tapisserie des Chasses et Voleries impériales, ainsi qu’un autre panneau ont été acquis vers 1870 par un ambassadeur français. N’ayant pas souhaité s’en dessaisir suite à une proposition d’achat pour le compte du maréchal Goering, le propriétaire en fit donation à l’État français fin juin 1942. Mécontent de cette ingérence, Goering menaça le gouvernement de Vichy, qui établit alors l’impossibilité de conserver les tapisseries. Remises à Goering, elles quittèrent le sol français au mois d’août, la même année. Retrouvées après la guerre par les Monument’s Men, elles firent l’objet d’un long procès concluant que la donation était fictive et qu’ainsi, l’État devait assurer la restauration des deux tapisseries. L’une d’elle fut rendue en 1961, tandis que l’autre, resta en dépôt au Mobilier National, à Paris, jusqu’en 1967. Leur localisation était depuis lors inconnue.


La Maison Aguttes proposera ce chef d’œuvre redécouvert à la vente à de décembre 2022.




 
(Détail) Chasses et Voleries Impériales de Maximilien Ier en forêt de Soignes
Panneau du début du XVIe siècle, des Flandres, provenant des ateliers de la ville de Tournai
Laine et soie
Hauteur : 3,05 m, Largeur : 10,00 m







HAUTE ÉPOQUE

Vente aux enchères
Le vendredi 9 décembre à 14h30

Expert : Frank Kassapian

Grégoire de Thoury
Responsable du département Mobilier & Objets d'Arts
+33 1 41 92 06 46 • thoury@aguttes.com