Vente 
UNE AUTRE ŒUVRE INÉDITE ET ICONIQUE DE LOUYSE MOILLON



 
Alors que la maison de ventes Aguttes marquait, le 25 mars 2022, un record mondial aux enchères pour Louyse Moillon (1609/1610-1696), avec Nature morte à la coupe de fraises, elle présente, le 28 juin 2022 à Drouot, un autre tableau inédit de cette artiste du XVIIe siècle : Nature morte au panier de quetsches estimé 800 000 - 1 200 000 €.

 
Quand le marché de l’art vient enrichir l’histoire de l’art : deux découvertes majeures pour la peinture française du XVIIe siècle, en quelques mois.
 
Extraordinaire découverte au sein de l’École française, Nature morte à la coupe de fraises, panier de cerises, branche de groseilles à maquereau de l’artiste Louyse Moillon (1609/1610 - 1696) s’est envolée, le 25 mars 2022 à Drouot, à 1 662 400 €, à l’issue d’une bataille d’enchères entre 8 téléphones et la salle. La maison Aguttes décrochait ainsi le record mondial de cette artiste.


 

Louyse MOILLON (1609/1610 - 1696)
Coupe de fraises, panier de cerises et groseilles à maquereau
Huile sur panneau
Signé et daté en bas à droite Louyse Moillon / 1631
Résulat :
1 662 400




Quelques mois plus tard, Grégoire Lacroix découvre une autre œuvre de ce peintre majeur du XVIIe siècle : Nature morte au panier de quetsches, huile sur panneau réalisée près de trois ans après la première citée.



 



Louyse MOILLON (1609/10 - 1696)
Nature morte au panier de quetsches, vers 1634
Huile sur panneau
47,9 x 39 cm
Estimation : 800 000 - 1 200 000 




Les œuvres de certains artistes s’avèrent rares, et Louyse Moillon fait partie de ces peintres dont on découvre des tableaux au fil du temps. Avec ces deux remarquables découverte par Grégoire Lacroix, directeur du département Tableaux & dessins anciens chez Aguttes, le marché de l’art contribue à venir enrichir le corpus de cette femme artiste.

Œuvre inédite sur le marché de l’art, cette peinture fut réalisée vers 1634, année des 24 ans de l’artiste prodige. Ce panneau, qui représente des quetsches plus vraies que nature témoigne du remarquable savoir-faire de l’artiste et constitue une extraordinaire découverte au sein de l’École française. Cette œuvre se verra bientôt intégrée au supplément du catalogue raisonné rédigé par le docteur Dominique Alsina, qui prépare la notice du catalogue de la vacation du 28 juin 2022. Le corpus de l’artiste compte aujourd’hui près de 80 œuvres.




Panier de quetsches,
œuvre inédite de Louyse Moillon

Peinture nouvellement découverte, jusque-là demeurée dans l’ombre, Panier de quetsches invite l’esthète, comme la majeure partie des œuvres de Louyse Moillon, à prendre le temps de la contemplation, et il semblerait paradoxal de parler de « nature morte » pour ses tableaux. Avant le milieu du XVIIIe siècle, on employait les termes de « nature reposée » ou « nature silencieuse » pour les désigner. Ils se rapprochaient davantage de ses traductions anglaise, Still-Life, ou hollandaise, Stilleven. Effectivement, l’artiste ne représente pas la mort, ni même la vanité ou la fugacité inexorable du temps, mais au contraire la vie.

Louyse Moillon développa, au cours du XVIIe siècle, son identité artistique dans la suite de la tradition flamande et hollandaise de nature morte. De l’obscurité, l’artiste fait jaillir les sujets de son étude, dont elle souligne la pure simplicité dans l’économie des couleurs et des formes.

Fille de Nicolas (1580-1619), sœur d’Isaac Moillon (1614-1673) et belle-fille de François Garnier (1600-1672), Louyse Moillon (ci.1610-1696) appartient à cette génération des peintres dits de « la réalité » et elle occupe une place de premier plan dans ce genre considéré à l’époque comme le « petit genre » : la nature morte, domaine dans lequel elle excelle.

Lorsque son père meurt en 1620, Louyse n’a qu’une dizaine d’années et, s’il a pu commencer à lui enseigner l’art de la peinture, son beau-père assure sa formation. Peintre de natures mortes, il représente l’influence la plus déterminante dans la construction de l’identité artistique de la toute jeune artiste. C’est lui qui, véritablement, lui transmet sa très belle maîtrise du pinceau et des couleurs.

Peintre protestante, l’artiste a été profondément influencée par la tradition des natures mortes flamandes et hollandaises contemporaines. Celle-ci s’était particulièrement diffusée à Paris alors que toute une communauté de peintres septentrionaux vit sur les rives de la Seine, permettant aux peintres locaux de les copier et de s’approprier leurs techniques.

Celle-ci connut une renommée internationale : en Angleterre, Espagne, France, les plus grands parmi ses contemporains, avec Charles Ier d’Angleterre, le Marquis de Leganes ou encore Claude de Bullion surintendant des finances du roi Louis XIII, adulèrent Louyse Moillon. 




Iconographie et style artistique de ce peintre prodige

Les « natures reposées » de Louyse Moillon sont-elles ou non porteuses de messages ou de symboles ? Ces questions reviennent fréquemment. Selon le biographe de l’artiste, Dominique Alsina, il ne faut voir, dans les fruits de l’artiste, que le souhait de nous présenter ce qu’elle a pu observer. Quatre siècles plus tard, les amateurs en contemplent encore toute la poésie...

Les fruits constituent un motif topos du corpus de l’artiste, et celle-ci montre, ici, toute sa maîtrise dans la représentation d’un fruit qu’elle a pris le temps de regarder et de penser. Elle l’éclaire d’une simple lumière latérale et dévoile le velouté des quetsches. Ce panier de fruits témoigne de l’archétype de Louyse Moillon, et nous invite à la contemplation de cette vie silencieuse à laquelle l’artiste s’est toujours attachée.

Suivant les codes des artistes nordiques et ceux qu’elle applique tout au long de sa carrière, Louyse  Moillon structure son espace d’une simple planche de bois légèrement inclinée vers nous ; elle dispose dessus une corbeille de prunes, dont une dérobée à l’ensemble, ouverte et placée comme un repoussoir au bord de la table. Seul l’ensemble est éclairé d’une lumière venue de la gauche, laissant le fond et l’environnement dans une complète obscurité. La sobriété de l’ensemble s’avère d’autant plus présente qu’elle se construit autour de formes simples.

La déclinaison des différents éléments permet, par ailleurs, à l’artiste de décrire les matières : la fragilité de la chair des fruits cohabite avec le râpeux de l’osier, la légèreté des feuilles et la simple rusticité de l’entablement. Épurée, la palette chromatique se décline autour des noirs, des violets, verts, jaune-orangé, où les jeux d’ombres enrichissent subtilement une gamme de couleurs restreinte. Le fond sombre choisi laisse, quant à lui, les éléments de la composition jaillir sous nos yeux.

L’œuvre peint de Louyse Moillon se caractérise par une grande sobriété de l’agencement, un dépouillement extrême et une forme de rigueur janséniste, à l’instar de ce que l’on peut voir dans les tableaux nordiques. De même les couleurs, plus chaudes que vives, semblent se plier à ce que le dogme protestant préconisait sous l’égide de Calvin : sans jamais céder à la superficialité, les peintres devaient ainsi se tenir sobrement à la représentation de l’objet ainsi que Dieu l’avait créé.



     
 
Détails






MAÎTRES ANCIENS 


Vente aux enchères
Le mardi 28 juin, à 15h 

Hôtel des ventes Drouot
9 Rue Drouot, 75009 Paris

Exposition publique

Aguttes Neuilly
Du lundi 13 juin au mardi 21 juin
Du lundi au jeudi : 10h - 18h
Les vendredis : 10h - 13h

Drouot Paris I Salle 9
Le samedi 25 juin et lundi 27 juin : 11h - 18h
Le mardi 28 juin : 11h - 13h


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Grégoire Lacroix
Directeur du département Tableaux & Dessins Anciens
+33 1 47 45 08 19 • 
lacroix@aguttes.com