Vente
ALIX AYMÉ  : UNE ARTISTE ÉTHNOGRAPHE 
Vente aux enchères publiques
Le 2 juin 2022 à Neuilly-sur-Seine, France



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La maison de ventes Aguttes propose aux enchères un beau témoignage du talent d'Alix Aymé le 2 juin 2022 à Neuilly-sur-Seine. Le deuxième opus s’ouvrira avec 4 peintures d’un grand intérêt historique. En effet, elles proviennent du pavillon du Laos de l’Exposition Coloniale de 1931. Le décor original de ce pavillon regroupait 47 peintures réalisées par Alix Aymé, qui avait pour cela exploré les parties les plus reculées du Laos. Son beau-frère, Edouard Muller qui a épousé Suzanne née Aymé, conquis par le charme de ces toiles acquière les quatre présentées en vente dès la fin de l’Exposition. Préservé familialement depuis 90 ans, cet ensemble fut ainsi sauvé. Il est visible à partir du 17 mai avant sa vente le 2 juin 2022. Deux des peintures ont fait l’objet d’une demande de prêt et seront exposées par ailleurs à Évian, Palais Lumière, dans l’exposition « Itinéraire de l’ailleurs, artistes voyageuses de la Belle époque."





ALIX AYME 
(1894-1989) 
Les jeunes filles Moï, 1930
Huile sur toile 
55 x 46.5 cm 

Provenance 
Collection de la famille de l’artiste, acquis suite à l’Exposition Coloniale de Paris et transmis familialement 
 



« Sa connaissance de l’Extrême-Orient, des stylisations chinoises et japonaises dont la grâce et la fantaisie s’accommodent de disciplines traditionnelles devaient la pousser décidément vers la recherches délicates mélodies de la nature exprimées dans un style simple et clair ».
Marcel Aymé, beau-frère du peintre




En 1929, la Revue indochinoise illustrée consacre un article à Alix Aymé, intitulé « Madame Alix de Fautereau, peintre indochinois » et retrace le parcours atypique et remarquable de cette jeune femme peintre au regard d’ethnographe. 





Croquis d’Alix Aymé (dite Hava) rapporté dans Revue indochinoise illustrée n°62, mars 1932



Après le Conservatoire de musique à Toulouse, la jeune Alix Hava devient l’élève de Maurice Denis, chef de file du groupe nabi. Elle participe aussitôt au décor du Théâtre des Champs-Élysées, chef-d’œuvre d’un art décoratif nouveau, aux côtés des grands maîtres de l’avant-garde parisienne, tels que Bourdelle, Ker-Xavier Roussel ou Edouard Vuillard. Quand elle passe ses vacances en Bretagne, non loin de l’auberge Gloanec, elle s’imprègne du souvenir de Gauguin. Elle s’initie d’ailleurs aux bois gravés. 





Œuvre en rapport : Paul Gauguin, Deux femmes tahitiennes, 1899, Metropolitan Museum of Art



Tout au long de sa carrière, elle fréquente les milieux intellectuels, littéraires et artistiques parisiens. Elle devient ainsi l’amie de Foujita et de Saint-Exupéry. C’est avec Maurice Denis qu’elle demeure le plus proche et avec qui elle entretient une correspondance soutenue. Elle en retient un style où la couleur prime.

Artiste moderne, Alix Hava s’avère aussi être une grande voyageuse. Depuis son plus jeune âge, elle parcourt les mers et océans, des rivages méditerranéens à la Martinique. Avec son mari, Paul de Fautereau-Vassel, elle découvre l’Asie et se prend de passion pour les cultures extrême-orientales. À partir de 1921, elle travaille en lien étroit avec l’école des beaux-arts de Hanoï. Elle s’initie aux différentes techniques artistiques asiatiques dont la peinture sur soie et la laque et contribue alors avec Inguimberty au retour de l’enseignement de la laque dans l’école. En 1931, en épousant Georges Aymé, frère de l’écrivain Marcel Aymé, et Général de corps de l’Armée en Indochine, Alix de Fautereau devenue Alix Aymé continue d’exercer son métier dans cette région du monde qu’elle affectionne tout particulièrement. Proche du roi du Luang-Prabang, elle exécute la décoration murale de la salle de réception du palais de S.M. Sisavang-Vong.

Ses œuvres sont à la confluence du style des Nabis et de la peinture traditionnelle vietnamienne.






ALIX AYME (1894-1989)
Flamboyants aux bords du Mékong à Vientiane, 1930
Huile sur toile
59.8 x 70 cm

Provenance
Collection de la famille de l’artiste, acquis suite à l’Exposition Coloniale de Paris et transmis familialement




La mission d'Alix Aymé 

Plus qu’une artiste moderne, Alix Aymé est une artiste ethnographe. En 1929 et 1930, elle est chargée de mission par le gouvernement général de l’Indochine pour le décor de la section Laos de l’Exposition Coloniale Internationale de Paris de 1931. 






ALIX AYME (1894-1989)
Laotienne devant sa paillote, 1930
Huile sur toile
78 x 54 cm

Provenance
Collection de la famille de l’artiste, acquis suite à l’Exposition Coloniale de Paris et transmis familialement



 
Telle l’exploratrice Alexandra David-Néel, elle s’aventure dans des contrées restées jusqu’à présent inaccessibles à des Occidentaux et part à la rencontre des populations indigènes éloignées. Partie de Luang-Brabang, elle remonte le Mékong en pirogue et poursuit sa route à cheval sur des sentiers de montagne. À la manière des grands peintres qui effectuaient le Grand Tour, elle prend soin de raconter ses voyages et de les illustrer. Ses récits, riches d’anecdotes truculentes et touchantes, nous sont parvenus via des articles publiés dans les revues spécialisées. Pendant ses expéditions, Alix Aymé se consacre à son art et exécute de nombreuses toiles, véritables témoignages ethnographiques de ces populations quasi inconnues à l’époque. Elle prend soin de décrire scrupuleusement chaque détail, relevant ainsi costumes, objets, paysages...




L'Exposition coloniale - Paris, 1931

L’Exposition coloniale avait été décidée par la loi promulguée le 17 mars 1920. Initialement prévue pour 1925, l’événement ouvre finalement ses portes le 6 mai 1931, à l’orée du bois de Vincennes, accompagnant l’achèvement de la ligne 8 du métro parisien.

Le protectorat français du Laos est représentée dans la partie sud du Bois, au milieu des autres possessions françaises de l’Indochine et du reste des colonies françaises, non loin de ce qui était considéré comme le « clou » de cette manifestation, la réplique du temple d’Angkor.





Plan de l’Exposition coloniale internationale par Albert Tournaire, 15 décembre 1928



Dans la section de l’Indochine, orchestrée par Victor Tardieu avec le soutien du peintre Lê Phổ, étaient notamment exposées la Tête d’annamite en bronze d’Evariste Jonchère et le Buste de jeune fille de Vu Cao Dam, aujourd’hui inscrits dans les collections du musée du Quai Branly. 

La section du Laos consiste en un microvillage de bâtiments traditionnels laotiens, où évoluent moines, artisans, chanteurs et musiciens. Les bâtiments religieux comprennent une réplique du Vat Xiengthong, l’un des plus anciens temples de l’ancienne capitale royale de Luang Pra-bang. Des fresques religieuses en ornent le péristyle. Cette réplique est réalisée par les architectes Charles et Gabriel Blanche sous la supervision d’Alix Aymé qui en a réalisé de nombreux croquis. À l’intérieur du temple sont placées des figures de Bouddhas de tailles diverses et des objets de cultes en matériaux précieux. Tout près du temple est construite une reproduction de la Bibliothèque religieuse du Vat Sisakhet à Ventiane. Enfin, derrière cette bibliothèque se trouve 
une petite chapelle dédiée à la méditation des moines.

Au milieu de cette section Laos se trouve le pavillon d’exposition proprement dit, construit dans le style laotien traditionnel où sont exposés bijoux et soieries traditionnels. Les murs sont recouverts des 47 peintures prises sur le vif par Alix Aymé. 






ALIX AYME (1894-1989)
Couple Kha, 1930
Huile sur toile
54.4 x 66 cm

Provenance
Collection de la famille de l’artiste, acquis suite à l’Exposition Coloniale de Paris et transmis familialement




Cet ensemble pictural est remarquable non seulement pour sa qualité artistique mais aussi pour son intérêt ethnographique. Sur ses toiles, l’on reconnaît les vêtements traditionnels, tissus et accessoires telle que les pipes en bambou exposées lors de l’Exposition coloniale et entrées aujourd’hui dans les collections nationales. 

Si, après 1931, le gouvernement français a conservé nombres d’objets ethnographiques, les œuvres d’Alix Aymé ne sont pas entrées alors dans les collections publiques. De cette série incroyable de peintures dont nous avons perdu la trace depuis, il ne reste que les quatre toiles aujourd’hui présentées en vente. Acquises par le beau-frère de l’artiste à la fin de l’exposition, elles sont restées entre les mains de la famille jusqu’à ce jour. Après avoir voyagé des milliers de kilomètres depuis le Laos en 1931 et avoir été installées par Alix Aymé dans le Pavillon du Laos, elles ont ensuite été remarquablement préservées en France pendant près de cent ans et nous arrivent dans leur état original, à peine terni par les effets du temps.

Ces quatre tableaux illustrent le Laos, ni rêvé ni fantasmé mais vécu et observé. Ils témoignent de la diversité et la beauté du paysage et de la culture laotienne. Alix Aymé se fait l’Ambassadeur culturel de cette contrée encore peu connue à l’époque.




 


Pipe, début du XXe siècle, Commissariat général de l’Indochine, exposition coloniale de 1931, Musée du Quai Branly, Paris



« Les Laotiennes ressemblent aux tahitiennes et la nature ici est semblable à celle que Gauguin a représenté dans ses toiles. Je peins ici toute la journée, ce qui a toujours été mon rêve »  
Lettre d’Alix Aymé adressée à Maurice Denis, 10 décembre 1929







PEINTRES D'ASIE · ŒUVRES MAJEURES [34] L'INDOCHINE AU XXe SIECLE 

Vente aux enchères
Le jeudi 2 juin 2022, à 15h
Exposition sur rendez-vous du 16 au 31 mai de 14h à 17h30, sauf les week-ends
Aguttes Neuilly 


Charlotte Aguttes-Reynier
Expert Peintres d'Asie
+33 1 41 92 06 49 • reynier@aguttes.com






Aguttes, première maison de ventes en Europe sur le marché des peintres asiatiques du XXe siècle
Le département des Peintres d’Asie dirigé par Charlotte Aguttes-Reynier, experte, s’attache depuis une dizaine d’année à remettre en lumière les artistes asiatiques méconnus du XXe siècle. Aguttes a ainsi présenté plusieurs dizaines de peintures de Lê Phổ, de Mai Trung Thứ ou encore de Vu Cao Dam, et a obtenu au régulièrement de nouveaux records mondiaux. Ces efforts ont permis à la maison de ventes de se hisser à la première position en Europe sur le marché des peintres asiatiques, pour la satisfaction d’acheteurs venant de l’international.
Parmi les signatures qui sont recherchées des collectionneurs asiatiques, et qu’Aguttes défend avec passion, citons entre autres Lê Phổ, Nam Son, Alix Aymé, Le Thy, Vu Cao Dàm, Mai Trung Thứ, Inguimberty, Nguyen Phan Chánh, Nguyen Tien Chung, Tran Phuc Duyen, Le Thi Luu…Raden Saleh… Et aussi Sanyu, Lin Fengmian, Pan Yuliang…mais aussi tous les artistes issus des écoles des Beaux-Arts de ces régions d’Asie.
Des ventes sont organisées de manière trimestrielle à des dates choisies avec attention, en lien avec l’actualité du marché sur les plus grandes places internationales.