Alix Aymé, une artiste peintre entre Europe et Indochine


 
Au milieu du XXe siècle, le gouvernement français, souhaitant promouvoir ses colonies, met en place un dispositif officiel permettant une large diffusion des cultures indigènes. Désireux de renforcer la politique colonialiste, l’Indochine est particulièrement mise en avant pour son exemplarité. Ainsi, de nombreux artistes sont choisis pour représenter la culture indochinoise lors des Expositions Universelles. Alix Aymé fait partie de ces représentants officiels et est mandatée par l’Etat français pour décorer le pavillon du Laos pour l’Exposition Universelle de 1931.

Parallèlement à cette peinture officielle, l’artiste, curieuse et infatigable voyageuse, n’a de cesse de s’imprégner de la culture asiatique. Représentant les paysages qui l’entourent mais aussi les modèles autochtones posant au sein de son atelier, Alix Aymé immortalise une époque. Sa formation occidentale n’est jamais très éloignée et peut se lire dans ses œuvres.



Alix AYMÉ (1894-1989)
Nu aux lotus, circa 1938
Huile sur toile
68 x 109 cm -26 3/4 x 42 7/8 in.


 
Nu au lotus, proposé aux enchères le 7 juin prochain lors de notre 29e vacation dédiée aux Peintres d'Asie, reprend ainsi un sujet typique de la culture artistique européenne. A la façon de l’Olympia de Manet, une jeune femme nue est allongée, confortablement installée sur ses coussins et un édredon. La main gauche délicatement posée sur son ventre, elle semble endormie. Le soleil vient éclairer discrètement cette scène tandis qu’un léger vent agite les voilages aux fenêtres. Les préceptes enseignés par son maître, Maurice Denis, nabi et grand coloriste se retrouvent. La palette superbement maîtrisée offre une éclosion de tonalités. Les couleurs se libèrent et sont même parfois arbitraires : ainsi des touches orangées, jaunes ou encore bleues peuvent se lire sur le modèle. Alix Aymé emprunte aux impressionnistes le cerne noir également cher à Gauguin. Grâce aux tonalités rosées une atmosphère très féminine se dégage de cette composition.



Édouard Manet (1832-1883)
Olympia,1863
Musée d'Orsay, Paris

 
Paul Gauguin (1848-1903)
Te tamari no atua, 1896
Neue Pinakothek, Munich
Paul Gauguin (1848-1903)
Te aa no areois, 1892
MOMA, New York
 
A l’image de Titien dans sa Vénus d’Urbino qui utilise un petit chien, Alix Aymé reprend le symbole de la féminité à travers le lotus. Fleur composée de huit pétales, elle appartient à l’iconographie de la sensualité. Toutefois, cette vision lascive est temporisée par l’approche indochinoise de cette scène. Ainsi, la jeune femme n’a pas le regard défiant de certains modèles occidentaux, celle-ci est simplement assoupie. Elle partage l’innocence des nus féminins tahitiens de Gauguin. Sensible au primitivisme et à l’ethnographie, Alix Aymé couche sur la toile une douce vision de l’Indochine. La jungle apparaissant à la fenêtre mais également ces lotus cultivés en Asie qui sont aussi simplement appréciés en tant que fleur complètent ce décor autochtone. Alliant une technique artistique européenne à une sensibilité et à un respect pour la société asiatique, l’artiste s’inscrit comme l’une des meilleures ambassadrices de la culture indochinoise.



Titien, Tiziano Vecellio dit (vers 1488-1576)
Venus d'Urbino,1538
Galerie des Offices, FLorence



 






PEINTRES D'ASIE, ŒUVRES MAJEURES
HỌA SĨ CHÂU Á, TÁC PHẨM QUAN TRỌNG 亞洲繪畫,經典傑作

Lundi 7 juin, 14h30
Aguttes Neuilly

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Expert
Charlotte Aguttes-Reynier : reynier@aguttes.com - +33 (0)1 41 92 06 49 

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