Quelle est la place d’Aguttes, maison française sur le marché de l’art asiatique ?
Avec l’annulation des grandes foires d’art sur le territoire chinois et notamment à Hong-Kong, haut lieu du marché de l’art asiatique, les collectionneurs concentrent leurs achats dans les ventes aux enchères. Celles-ci leur garantissent des objets expertisés aux provenances rares. Les objets anciens issus de l’Hexagone sont très convoités par les riches hommes d’affaires asiatiques en quête de distinction sociale et culturelle et la France représente une plate-forme clef pour ces transactions. Nos acheteurs présents depuis longtemps sur nos ventes par le biais d’internet ont encore prouvé leur foi en la maison Aguttes en enchérissant pour près de 4 millions d’euros lors de notre dernière vacation consacrée aux Peintres d’Asie le 6 octobre dernier. Cela présage de très belles enchères pour nos ventes en Arts d’Asie.


Chine, XVIIIe - début XIX^e siècle.
Grand brûle-parfum tripode en bronze doré, cuivre doré et émaux cloisonnés (détail).
Adjugé 78 000 € TTC


Pourquoi la Chine convoite-t-elle les objets provenant de France ?
Dès le XVIII^e siècle les européens s’entichent de « chinoiseries » et débutent des collections d’art asiatique. Associés au passé conquérant de la France, ces phénomènes multiplient la présence sur notre territoire de très belles pièces de collection dont les héritiers méconnaissent parfois leur histoire et la valeur. Ces nombreux objets nourrissent le marché de l’art français actuel. Nous sillonnons régulièrement la France à l’occasion de journées d’expertises pour venir estimer gratuitement ces objets en vue de ventes.



Chine, marque et époque Qianlong (1736-1795).
Garniture d’autel en bronze de patine brun clair destinée aux cérémonies bouddhiques.
Adjugée 13 650 € TTC 


Quels sont les objets recherchés par les collectionneurs ?
Nous avons dernièrement observé l’appétence particulière de nos acheteurs pour les porcelaines aux marques et époques de grandes dynasties. Les porcelaines sous Qianlong (1711-1799) arrivent en tête de liste des objets rares recherchés. Il en va de même pour les bronzes chinois qui se déclinent tantôt sous forme de brûle-parfums, d’élégantes coupes ou de sujets traditionnels tels les chiens de fô et autres divinités bouddhiques. Les chinois apprécient particulièrement leur patine liée aux altérations naturelles du temps et plus généralement, leur très bon état de conservation. Enfin, les jades représentent pour notre clientèle chinoise une valeur sûre en termes d’investissement. Appréciés tant pour leur symbolique que la pureté de la pierre, les jades peuvent être comparés au diamant. Les peintures anciennes de l’époque Yuan, les laques de cinabre de l’époque Ming et autres objets marqués sont autant désirés.



Chine, époque Qianlong, xviiie siècle. Vase couvert en jade blanc rehaussé de quelques tâches de rouille. Adjugé 667 120 € TTC 
Chine, XX^e siècle. Brûle-parfum en bronze représentant un Qilin stylisé. Adjugé 13 650 € TTC


Pouvez-vous m’en dire plus sur les bronzes chinois et leur symbolique ?
Les chinois ont su employer très tôt les ressources naturelles dont ils disposaient pour cristalliser science et art dans leurs objets. La plupart des bronzes incarnent une force protectrice et marquent un attachement profond aux pratiques rituelles. C’est pour accompagner les défunts ou décorer les mausolées qu’ils furent conçus. Au fil des époques, le travail des bronziers évolue vers la création d’objets de luxe qui signifient le pouvoir et la reconnaissance.
Ils imitent dans leur décor les motifs des textiles ou des laques, et représentent des créatures mythiques rares et puissantes ou des éléments de bon augure : dragons, phénix, pêches de longévité, mains de Bouddha, enfants parmi fruits et fleurs. Ils reflètent aussi la maîtrise des arts du feu comme pour ce superbe brûle-parfum tripode dont les émaux cloisonnés révèlent un vrai talent d’orfèvrerie.