LES GRANDS COURANTS CONTEMPORAINS BIENTÔT AUX ENCHÈRES CHEZ AGUTTES

À l’occasion de sa première vente entièrement consacrée à l’art contemporain qui se tiendra le vendredi 29 mai à Neuilly-sur-Seine, une sélection d’œuvres réalisées par des pionniers de la peinture asiatique contemporaine dont un important tableau de Chu Teh-Chun et une puissante œuvre de Yan Pei-Ming seront mises à l’encan. Les grandes figures occidentales seront également bien représentées avec des œuvres remarquables signées Villeglé ou Botero.

 

Les pionniers de la peinture asiatique contemporaine : Chu Teh-Chun, Yan Pei-Ming et Zhuang Hong Yi

La vie et le travail de deux grands peintres chinois, Chu Teh-Chun et Yan Pei-Ming, se répondent de façon surprenante et ce à plusieurs décennies d’intervalle. Tous deux sont nés en Chine, l’un en 1920 l’autre en 1960, tous deux arrivent jeunes à Paris où ils nourriront d’inspirations occidentales leur apprentissage chinois.


 

CHU TEH-CHUN (1920-2014)
Composition n°62
, 1960
Huile sur toile, signée en bas à droite, numérotée, contresignée et datée au dos
Oil on canvas, signed lower right, numbered, countersigned and dated on reverse
65 x 100 cm
25 1⁄2 x 39 3/8 in.

Un certificat de la Fondation Chu Teh-Chun en date du 31 janvier 2020, ainsi qu’une copie du certificat rédigé par l’artiste en date du 03 novembre 2006, seront remis à l’acquéreur.

PROVENANCE
Acquis auprès du peintre dans les années 1960 et transmis depuis.
Collection privée, France
Estimation : 250 000 – 350 000 €


CHU TEH-CHUN (1920-2014)
Composition n°19, 1960
Gouache sur papier, signé en haut à droite,  contresignée et numérotée au dos
41 x 32 cm - 16 1/8 x 12 ½ in.
Un certificat de la Fondation Chu Teh-Chun en date du 21 décembre 2018 sera remis à l'acquéreur.

PROVENANCE
Collection privée, Paris
Estimation : 60 000 – 80 000 €

Alors que Chu Teh-Chun a appris la grande calligraphie traditionnelle chinoise, il abandonne la figuration pour se tourner vers l’abstraction. A l’inverse, Yan Pei-Ming a appris son art au contact de la propagande politique chinoise des années 1960-1970 et ne quittera jamais la peinture figurative. Là où Chu Teh-Chun travaille des couleurs multiples et parfois vives, Yan Pei-Ming pour sa part réalise des portraits en monochromes, bien souvent de rouge ou de gris. Le trait et la technique des deux artistes diffèrent également. Chu Teh-Chun emploie les courbures et les subtilités de la calligraphie, tout en y joignant le souffle de l’abstraction française, comme dans cette œuvre Composition n°62 de 1960. De son côté Yan Pei-Ming travaille plutôt à la brosse avec des gestes expressifs, comme dans Portrait-Robot de 1992 ou Autoportrait de 2002.


 

YAN PEI-MING (né en 1960)
Autoportrait
, 2002
Huile sur toile, signée, datée et titrée au dos
Oil on canvas, signed, dated, titled on reverse
150 x 150 cm
59 1/16 x 59 1/16 in.

PROVENANCE
Galerie Anne de Villepoix, Paris Collection privée, Paris
Estimation : 100 000 – 150 000 €

Contemporain de Yan Pei-Ming, Zhuang Hong Yi croise lui aussi dans ses œuvres, l’influence occidentale qui le marqua lors de son installation aux Pays-Bas et l’héritage de son éducation chinoise. Né en Chine en 1962, il apprend les techniques traditionnelles de la porcelaine et l’utilisation du papier riz, matériaux qui marquent aujourd’hui encore son travail, au Sichuan College of Fine Arts.

Les œuvres en relief de Zhuang Hong Yi, notamment la série des Flowerbeds à laquelle notre tableau appartient, se caractérisent par une extrême minutie. L’artiste plie le papier de riz afin de former des milliers de fleurs, aspergées de peinture et retouchées ensuite une-à-une, créant ainsi des effets d’optique fascinants. En effet, l’œuvre change de couleur, quoi qu’elle conserve un aspect irisé, selon le point de vue du spectateur et son placement autour de l’œuvre.

YAN PEI-MING (Né en 1960)
Portrait-Robot,
1992

Huile sur toile, signée et datée au dos
Oil on canvas, signed and dated on reverse
55 x 46 cm
21 3/4 x 18 in.

PROVENANCE
Galerie Liliane et Michel Durand-Dessert, Paris
Collection particulière, Paris
Estimation : 28 000 – 35 000 €

ZHUANG HONG YI (né 1962)
Flowerbed n°2
, 2015

Technique mixte sur toile et papier de riz, signée, titrée et datée au dos
Mixed media on canvas and rice paper, signed, titled, dated on reverse
60 x 200 cm
23 5/8 x 78 3/4 in.
Nous remercions l’artiste Monsieur Zhuang Hong Yi d’avoir aimablement confirmé l’authenticité de cette oeuvre.

PROVENANCE
Collection privée, Belgique
Estimation : 12 000 – 15 000 €


 

Les affichistes-lacérateurs français : Jacques Villeglé et Raymond Hains


 


 

JACQUES VILLEGLÉ (né en 1926)
Rue de Rennes
, juillet 1987

Affiches lacérées contrecollées sur toile, signées en bas à droite, monogrammées, titrées, datées au dos
27.3 x 42.5 cm
Un certificat d’authenticité délivré par l’artiste en date du 17 mars 2020 sera remis à l’acquéreur.

PROVENANCE
Collection privée, Paris
Estimation : 8 000 - 12 000 €

Parmi les européens, Jacques Villeglé et Raymond Hains figurent également en belle place. Après leur rencontre en 1945, les deux bretons arpentent ensemble les rues de Montparnasse à la recherche de panneaux et d’affiches à arracher. Ces deux grands représentants du courant qu’il est convenu d’appeler « les affichistes lacérateurs » récupèrent dans les rues des panneaux encombrés d’affiches superposées, dont ils arrachent certaines couches afin d’obtenir une composition d’effets de matière et d’images figuratives. Leur œuvre s’inscrit dans le Nouveau Réalisme, du nom d’une exposition tenue en 1961 à Paris, qui regroupe notamment Armand, François Dufrêne ou Yves Klein et est parfois vue comme une adaptation française du Pop Art. Jacques Villeglé ne quittera jamais les lacérations telle que Rue de Rennes, juillet 1987 proposé à la vente, alors que son ami Raymond Hains, expérimentera toute sa vie le champ de la photographie et aura également un goût prononcé et constant pour des jeux de langage dans ses photos ainsi que dans ses lacérations comme avec Ça passe ou ça gaze, réalisé en 1987, qui sera également en vente.
 


 

RAYMOND HAINS (1926-2005)
Ça passe ou ça gaze
, 1987

Affiches «Gaz de France» déchirées sur tôle, signée en bas à droite
40 x 80 cm à vue
PROVENANCE
Cette œuvre a été acquise par le propriétaire actuel à l’artiste Jean Mas, ami de Raymond Hains.
Collection privée, Nice
BIBLIOGRAPHIE
Reproduit dans le catalogue d’exposition «Raymond Hains : itinéraire d’un piéton de l’art», Centre International d’Art Contemporain, Carros, 2006, p. 51.
Estimation : 20 000 - 30 000 €
 

Peintures, sculptures, photographies… : les grands noms de l’art contemporain nous en font voir de toutes les couleurs !

Aurélie Nemours (1910 – 2005) considère que la division de l’espace par des carrés est la manière la plus pertinente de représenter l’esprit du XXe siècle. C’est pourquoi elle s’inscrit dans le mouvement de l’abstraction géométrique. Ayant fréquenté les plus grands critiques et les plus grands artistes des années 1950, Aurélie Nemours découvre le travail de Piet Mondrian qui sera une révélation.

L’œuvre que nous présentons, Céphée de 1969, est une manifestation parfaite de l’esprit qui habite sa carrière. La construction presque mathématique de la division de l’espace dans la composition se met souvent au service de sa quête de monumentalité. Son travail connaîtra toujours une reconnaissance tant du public que des institutions et le Centre Pompidou lui consacrera une rétrospective en 2004 intitulée « Rythme, nombre, couleur ».
 

AURÉLIE NEMOURS (1910-2005)
Céphée
, 1969
Huile sur toile, signée, daté et titrée au dos
92 x 73 cm

 

PROVENANCE
Galleria Melesi, Italie
Acquise par un ancien propriétaire auprès de celle-ci vers 1970
Vente Christie's, 11-12 décembre 2007
Collection privée, Neuilly-sur-Seine
Estimation : 25 000 – 35 000 €


 

Wim Delvoye fait partie des artistes dont le nom raisonnera aussi en salle de ventes le 29 mai. Né en 1965 à Werwik en Belgique, il investit le monde de l’art contemporain par ses œuvres provocatrices. Son travail interroge, entre autres, la société de consommation mais aussi le rapport à l’art comme investissement avec l’édition d’obligations monétaires.

Delvoye se caractérise par un travail pluridisciplinaire qui regroupe entre autres la peinture, la photographie, la sculpture et les installations. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’œuvre que nous présentons, Rude but cute babe, de 1998. Cette photographie de grand format, tirée à six exemplaires appartient à la série Mountains. Ici, la montagne est gravée d’un message à ses dimensions. Dès lors, son versant monumental et inébranlable se transforme en support pour un message ou une annonce légèrement vulgaire.
 

WIM DELVOYE (né en 1965)
Rude but cute 18 year old BABE 018 83 87 480,
2000

Cibachrome sur aluminium, signé, numéroté 6/6 au dos
100 x 125 cm
Nous remercions le Studio Wim Delvoye de nous avoir aimablement confirmé l’authenticité de cette œuvre.

PROVENANCE
Galerie Micheline Szwajcer, Anvers
Collection privée, Belgique
Estimation : 20 000 - 30 000 €
 

Enfin, les rondeurs chères à Fernando Botero s’expriment dans cette sculpture imaginée par l’artiste et représentant une femme allongée. Né en 1932 à Medellin en Colombie, où il a reçu en 1958 le premier prix du Salon des artistes colombiens, Botero vit et travaille aujourd’hui à Paris, en Toscane et aux États-Unis. Son style très particulier et inclassable, inspiré des arts populaires et précolombiens, se caractérise par des formes très rondes, qu’il s’agisse de peinture ou de sculpture, et sont particulièrement visibles dans sa série de sculpture Reclining Woman.

Ce style immédiatement identifiable lui a permis d’accéder à une reconnaissance internationale et ses œuvres sont présentes dans les collections les plus prestigieuses au monde ainsi que dans de grandes institutions muséales.
 

FERNANDO BOTERO (né en 1932)
Reclining woman

Bronze, signé, marqué du cachet fondeur Fonderia M Italy et numéroté 2/6 sur sa base
34 x 58.4 x 24.8 cm
Nous remercions Monsieur Fernando Botero de nous avoir aimablement confirmé l’authenticité de cette œuvre.

PROVENANCE
Collection Emiel Veranneman, Belgique
Collection privée, Belgique, depuis 1989

BIBLIOGRAPHIE
Martigny, Fondation Pierre Gianadda, Botero, du 6 avril au 10 juin 1990, p. 117, no. 92, illustré en couleur (œuvre similaire)
Estimation : 250 000 - 300 000 €

Trois grands noms et deux grands mouvements : l’expressionnisme de Bernard Buffet et l’abstraction lyrique de Gérard Schneider et Georges Mathieu

Bernard Buffet, Gérard Schneider et Georges Mathieu sont parmi les plus grands noms de la peinture française du début du XXe siècle. Appartenant à la même génération, ils suivent pourtant des chemins bien différents. En effet, la peinture de l’immédiate après-guerre est marquée par une scission entre deux grands mouvements picturaux qu’ils incarnent respectivement.
 

BERNARD BUFFET (1928- 1999)
Eglise de Landerneau
, 1968

Huile sur toile, signée et datée en haut à droite, contresignée et annotée au dos Noël 1996 Bernard 21
146 x 97 cm
Un duplicata du certificat de la Galerie Maurice Garnier sera remis à l’acquéreur.

PROVENANCE
Galerie Maurice Garnier, Paris
Collection privée, Suisse
Collection privée, Liban
Estimation : 70 000 – 90 000 €

L’expressionnisme de Bernard Buffet (1928 – 1999) se tourne vers une esthétique de l’apitoiement, reflet de l’atmosphère du début des années 1950. Sa peinture figurative se pare dès cette époque de son style caractéristique aux traits noirs et acérés. L’une des œuvres de Bernard Buffet que nous présentons, L’Eglise de Landerneau de 1968, synthétise très bien le style de Bernard Buffet et s’inscrit dans une période particulière de sa carrière. Bernard Buffet dispose en effet d’un atelier en Bretagne de 1965 à 1970, période durant laquelle il peindra la région et ses paysages. Sur le tableau L’Eglise de Landerneau, Bernard Buffet emploie une palette sombre et une composition qui accentuent la dimension mystique du clocher et du calvaire au premier plan.

L’abstraction lyrique de Gérard Schneider et Georges Mathieu prône à l’inverse, aux côtés de grands noms comme Pierre Soulages ou Hans Hartung, un retour à une abstraction radicale.

Gérard Schneider suit une formation à l’École des Beaux-Arts de Paris et l’artiste s’y installe définitivement en 1922. Alors que s’affirme, autour de peintres comme Bernard Buffet, une figuration d’apitoiement, des jeunes artistes comme Pierre Soulages et Gérard Schneider se tournent dans les années 1940 vers la démarche inverse : l’abstraction lyrique.

Après avoir participé à diverses manifestations culturelles dans le monde entier, Gérard Schneider (1896 – 1986) opère un changement de style dans les années 1960 et libère son geste et sa palette pour se concentrer sur des gestes larges et des couleurs vives. La série des Opus, entamée en 1945, est une suite que Schneider maintiendra toute sa vie et qui permet de réaliser l’évolution de son œuvre. Dans le tableau que nous présentons, Composition abstraite sur fond bleu Opus 18k de 1971, se manifeste tout à fait le style de la dernière partie de sa production : des œuvres très colorées, des couleurs juxtaposées sur un fond puissant avec des gestes libérés et tournoyants.
 

GÉRARD SCHNEIDER (1896-1986)
Opus 18 K, composition abstraite sur fond bleu, 1972
Acrylique sur toile, signée, datée en bas à gauche, titrée, datée au dos et portant l’étiquette de la Galerie Klopfer

116 x 89 cm

PROVENANCE
Galerie Lorenzelli, Milan, Italie Collection particulière, Milan, Italie
Galerie Klopfer*, Zürich, Suisse
Collection privée, France 1972

EXPOSITIONS
«Gérard Schneider», 25 août - 25 sept. 1972 Galerie Cavalero, Cannes, France 1974
«Gérard Schneider, huiles», 11 - 31 oct. 1974, Maison des Jeunes et de la Culture Les Hauts de Belleville, Paris, France

BIBLIOGRAPHIE
Gérard Xuriguera (préf.) ; Georges Boudaille, «Schneider», cat. expo., Paris, Maison des Jeunes et de la Culture Les Hauts de Belleville (11-31 oct. 1974), s. l., s. n., 1974, repr. n. p. Cette œuvre figurera sous le numéro GS-T-72- 005 au Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Gérard Schneider en cours de rédaction sous la direction de Mme Laurence Schneider et M. Christian Demare, et édité par la Galerie Diane de Polignac.
La lettre d’inclusion au Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Gérard Schneider sera remise à l’acquéreur.
Estimation : 20 000 - 30 000 €

 

Georges Mathieu (1921 – 2012) créera pour sa part un style reconnaissable entre tous, qui le fera connaître comme la figure centrale de ce mouvement. L’une des œuvres que nous proposons, Plainte captive, représente parfaitement la philosophie et le style de l’artiste, développé au contact de la calligraphie japonaise. Le geste est libéré, des traits dynamiques partent dans toutes les directions, les couleurs sont vives et ce dynamisme tranche avec la tranquillité des aplats doux et translucides au fond de la toile. La plainte qu’exprime les traits semble donc définitivement captive de ce fond évanescent.



GEORGES MATHIEU (1921-2012)
Plainte captive

Huile et technique mixte sur papier Arches, signée en bas à droite et titrée au dos
54.5 x 75 cm à vue

Estimation : 12 000 – 15 000 €



Vente
Vendredi 29 mai à Neuilly-sur-Seine
   
                                                                                                                                                                         
Spécialiste
Ophélie Guillerot : +33 1 47 45 93 02 • guillerot@aguttes.com

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