La Revue
UNE GUITARE DE TRIANON



 
Détenue jusqu’à nos jours par la descendance de la marquise de La Rochelambert-Thévalles, intime de la Reine Marie-Antoinette, cette exquise guitare est le nouveau chef d’œuvre redécouvert par notre département Arts Classiques.


Cette guitare dite « en bateau », conçue à la fin du XVIIIe siècle (vers 1775) est un trésor de modernité et de raffinement, elle est l’œuvre du luthier parisien Jacques-Philippe Michelot (1744-1814).

Michelot, que la réclame disait “renommé pour les guitares en bateau dont les avantages sont de réfléchir le son au dehors d'une manière plus sensible” semble être l’inventeur de cette forme nouvelle de guitare dont la table d'harmonie est plus importante que le fond et les éclisses sont en conséquence disposées en oblique, donnant à l'ensemble de la caisse une forme de bateau. Notre exemplaire est singulièrement enrichi de filets d’ivoire et d’ébène et offre une rosace d’ivoire remarquable au motif d’un autel d’Amour, symbole emblématique de Trianon… !



GUITARE DE TRIANON 
Rare guitare dite en bâteau, la caisse en bois fruitier orné de filets d’ivoires et ébène, la table en épicéa d’un beau grain serré,
pistagnes parisiennes et remarquable rosace en ivoire ajouré représentant un deux colombes s’embrassant sur un temple de l’Amour
Paris, Jacques-Philippe Michelot (1734-1814), fin du XVIIIe siècle, vers 1775
Caisse : 44 cm - Corde : 64 cm

PROVENANCE 
- Cadeau présumé de la Reine de France Marie-Antoinette à la marquise de La Rochelambert-Thévalles (1758-1835)
- Marquise de La Rochelambert-Thévalles, née Louise Elisabeth de Lostanges (1758-1835), dame de compagnie de Madame Adélaïde de France, intime de la Reine
- Passé par héritage à son neveu Henri, marquis de La Rochelambert (1789-1863)
- Passé par héritage et conservé jusqu'à ce jour par la descendance





La première propriétaire de cette guitare fut la  marquise de La Rochelambert-Thévalles. Née Louise Elisabeth de Lostanges, elle fût baptisée à Versailles le 11 août 1759, son parrain fût Louis de Bourbon, dauphin de France, père du roi Louis XVI et sa marraine Louise-Elisabeth de Bourbon, dite Madame de France, fille de Louis XV. Ses parents étaient des familiers de la Cour. Elle devint dame de compagnie de Madame Adélaïde et intime de la Reine Marie-Antoinette dont elle avait presque le même âge.
 
Férue de musique, la Reine Marie-Antoinette chercha à développer à Versailles le plaisir musical. Au Trianon, elle organisa de nombreux concerts de chambre ainsi que des représentations d'opéras dont la marquise de La Rochelambert était une intervenante assidue.

Les mémoires de Louis XVIII rapportent même :
« Dans un concert que donna la Reine, où elle chanta avec la marquise de La Rochelambert qui, à une figure charmante joignait une voix délicieuse, sa Majesté demanda au comte de Haga s’il avait été satisfait. Ah ! Madame, répondit le Prince, comment ne le serait-on pas, quand on entend Madame de La Rochelambert. »

Bien qu'à ce jour, aucun document ne permette d'attester formellement que cette guitare fût l'objet d'un cadeau de la Reine Marie-Antoinette cette information familiale doit être sérieusement envisagée : Patrick Barbier, historien de la musique rapporte dans son ouvrage «  Marie Antoinette et la Musique » que Marie-Antoinette avait en effet pour habitude d'acheter de nombreux instruments de musique sans aucunes factures et quelle en faisait volontiers cadeau à son entourage immédiat. Considérant la proximité attestée de la Reine Marie-Antoinette et de la marquise de La Rochelambert, c'est donc tout à fait probable.

Cette marquise qui a su séduire tous les mélomanes de la cour a pu survivre à la Révolution en s’exilant en Suisse. A son retour à Paris, elle fréquenta notamment le salon de Joséphine de Beauharnais. Elle s'éteignit en 1835, laissant son nom à une variété de roses fort prisée : la “Madame de La Roche-Lambert” et léguant cet instrument à son neveu, le marquis Henri de la Rochelambert (1789-1863).

Depuis, la mémoire de cette grande dame ainsi que sa guitare se sont transmises dans la descendance du marquis jusqu’à ce jour. 
La maison Aguttes n’a donc pas seulement retrouvé un rare instrument du XVIIIe siècle mais également un témoignage du raffinement de Marie-Antoinette et de ses proches à Trianon. 




Portrait de Félicité-Louise de Frézals (1765-1854), née Esmangard de Beauval, dame d'atour de Marie-Antoinette
1785
Huile sur toile
91 x 71,5 cm
Musée Carnavalet, Histoire de Paris (P1305)
CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris



 
ARTS CLASSIQUES

Vente aux enchères
Le vendredi 9 décembre 2022 à 16h
Aguttes Neuilly


Grégoire de Thoury
Responsable du département Arts Classiques
+33 1 41 92 06 46 • thoury@aguttes.com