GIDE André (1869-1951).

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GIDE André (1869-1951).
MANUSCRIT autographe, Les Nourritures terrestres, [1895-1897] ; 5 cahiers brochés in-4, et 2 volumes in-4 reliés. Exceptionnel ensemble des manuscrits du chef-d'œuvre de jeunesse d'André Gide. Ce manuscrit, comprenant 5 cahiers autographes contenant les livres I à VI, un volume relié contenant le livre VII, et un volume relié pour la Ronde de la grenade du livre IV, présente de nombreuses corrections et variantes : il a servi pour la publication du volume en 1897 aux éditions du Mercure de France. Le VIIIe et dernier livre manque (collection Bruno Roy). Gide a vingt-cinq ans lorsqu'il commence à composer ce livre étrange, mêlant poème en prose, ballades et rondes, fragments de carnet de voyage, dialogues... Deux fragments sont publiés en revue durant l'année 1896, mais quand le livre paraît l'année suivante, il tranche si radicalement sur la production littéraire du moment qu'il déconcerte jusqu'aux amis les plus proches de l'auteur. Dans une société rigide, André Gide lançait une sorte d'anti-manuel pédagogique, fondé sur une mystique de la sensation, l'apprentissage par la vie nomade, le dénuement, le contact avec l'herbe, l'eau, les fruits, le corps désiré, et toutes les « nourritures » dont on peut jouir sur cette terre. S'adressant à un garçon, Nathanaël, cet hymne à la liberté et à l'émancipation intellectuelle et physique est porté par un souffle lyrique et panthéiste. Le texte du manuscrit est soigneusement préparé pour la composition du volume paru en 1897, et porte des marques typographiques au crayon bleu, ainsi que des noms de typographes portés en marge au fur et à mesure de la composition. Il est entièrement autographe, sauf deux passages déjà parus en revues, dont l'auteur a inséré à l'emplacement prévu les pages imprimées extraites des revues L'Ermitage et L'Art jeune. Certaines pages, partiellement découpées, sont de format variable, d'autres sont constituées de plusieurs morceaux montés par collage. Les très nombreuses biffures, corrections, adjonctions marginales ou surcharges représentent un nombre considérable de variantes, dont nous signalerons les plus importantes. I. Les Nourritures Terrestres. Cahiers I à V [Livres I à VI]. Cinq cahiers autographes. Cahiers in-4 (28 x 22 cm), couvertures de papier fort bleu, dos de percaline bleue ; étiquettes de titre sur le plat sup. des couvertures ; en tout 109 pages autographes à l'encre noire, plus 7 pages imprimées, sur papier vergé ivoire (à l'exception de quelques pages de plus petit format sur papier vélin), sous chemise et étui chagrin fauve (étui taché). Cahier I. Titre : « Les Nourritures Terrestres / Cahier I. / Voici les fruits dont nous nous sommes nourris sur la terre... Coran. II, 23 ». 23 pages. Ce cahier contient le prologue et le Livre I. L'auteur y raconte comment une maladie et sa convalescence, des voyages et l'enseignement de Ménalque l'ont guéri de sa tristesse et conduit lui-même à adorer la vie avec une ferveur qu'il souhaite communiquer à son lecteur. On compte 29 biffures et corrections, la plupart des mots ou lignes biffés restant lisibles, et des variantes. L'adresse inaugurale à Nathanaël, prologue qui sera composé en italiques dans le livre, occupe les deux premiers feuillets ; elle comporte 9 lignes largement biffées à la mine de plomb (plus une correction antérieure à l'encre). : dans ces deux paragraphes, Gide explique l'intention du livre, en insistant sur son rejet de l'artifice littéraire : « Dans ce livre, j'ai voulu laisser mon adoration, ma passion ou mon désir, se répandre, sous une forme non limitée, regardant ici toute préoccupation littéraire comme un artifice qui leur eût fait perdre l'apparence de leur spontanéité, par quoi surtout elles valent de leur sincérité. / Plus d'apprêt c'eût été moindre transparence. Même je n'écrivis souvent ici que juste ce qu'il te fallait pour me suivre. - Je n'écrivis que le moins possible. Encore ce peu le voudrais-je pouvoir supprimer. » (pp. 1-2). On note deux vouvoiements corrigés en tutoiements. La plupart des corrections, conservées dans l'édition, visent à une parfaite limpidité, ou bien traquent les expressions qui pourraient sembler usées, pour se rapprocher de la vérité de la sensation. Gide a également modifié l'ordre de quelques paragraphes. Le cahier se termine sur un sizain biffé, accompagné de la mention qu'il devrait « commencer le deuxième cahier » : « Tu chercherais encore longtemps / Le bonheur impossible des âmes »... ; mais ces vers formeront en fait la première strophe de la Ronde de la grenade au livre IV. Cahier II. Titre : « Les Nourritures Terrestres / [Nathanaël biffé] I ». 28 pages. Ce cahier contient les Livres II et III, où Gide pose la question du bonheur à partir de sa propre expérience avant d'illustrer son propos par des notes de voyage en Italie et en Tunisie. On compte une cinquantaine de biffures et 23 corrections. À la première page, Gide a biffé l'épigraphe
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