CIORAN Emil M. (1911-1995).

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CIORAN Emil M. (1911-1995).
CAHIERS autographes, 1973-1980 ; 18 cahiers in-4, environ 2500 pages. Très important ensemble inédit de cahiers autographes, qui sont comme un journal intime et intellectuel de Cioran, mais aussi le laboratoire des livres à venir. Ces cahiers inédits prennent la suite du volume des 34 Cahiers 1957-1972, publié chez Gallimard en 1997. Certains fragments, ici en tout premier jet, se retrouveront dans Écartèlement (1979) ou Aveux et Anathèmes (1987), mais ce journal, composé d'aphorismes, réflexions philosophiques, événements de la vie quotidienne (expositions, rencontres, visites, promenades), souvenirs personnels, citations, notes de lecture, explosions de colère et sautes d'humeur, est majoritairement inédit. Observateur scrupuleux du détail, misanthrope convaincu, Cioran multiplie les réflexions sur le passage du temps, sa crainte du gâtisme, l'obsession de la mort... Il note ses journées de mélancolie, ses nuits d'insomnies ou de rêves, ses cauchemars, ses accès de désespoir et son exaspération devant les imbéciles et les importuns. Il parle souvent de l'écriture comme d'un symptôme de son mal-être - ou, a contrario, comme d'un remède passager à ses maux. Les feuillets de ces cahiers sont remplis, recto et verso, de son écriture au stylo bille bleu et rouge (parfois vert ou noir). Les couvertures portent généralement une lettre ou un chiffre romain, et la plupart, la date de la première entrée. Souvent corrigées en cours de rédaction, les entrées du journal peuvent aussi être signalées par des « X », des « ? » ou des traits marginaux, ou barrées. Les dates se font plus rares dans les tout derniers cahiers. A, XXXV. 22 novembre 1972-21 juillet 1973. Cahier à spirale de 162 pages in-4 (27 x 21 cm) et 1 page in-8 rapportée, couverture cart. rouge. Sur la couverture, Cioran a noté : « Le 17 juin 1973 ai remis le manuscrit à l'éditeur. De l'inconvénient d'être né ». Ce cahier a servi du 22 novembre 1972 au 21 juillet 1973. Deux pages blanches semblent signaler des entrées exceptionnelles. En voici la première : « La nuit du 1er au 2 mai 1973. 3/12 du matin. Je suis malade. Rien ne va plus. Mon corps (en l'occurrence, mon estomac) ne me suit plus. - Continuer jusqu'où, jusqu'à quand ? Mon corps n'est plus mon complice. - Seul avec le silence. Je suis coincé. Mais je garde un espoir, dont je ne sais quoi faire.. Il est curieux que j'arrive encore à m'intéresser à quoi. Si je pouvais n'y plus penser ! Mais ce sont mes maux qui m'y poussent »... L'autre page blanche se trouve face à l'entrée datée du 17 juin 1973 : « Aujourd'hui j'ai remis à l'éditeur De l'inconvénient d'être né. En plaçant devant lui le manuscrit, j'eus l'impression de me débarrasser d'un cadavre. Et d'ailleurs ma visite était bien chez un fossoyeur. - J'ai peiné plus de deux ans sur ce manuscrit, qui n'est au fond qu'un ramassis de boutades. Quelques-unes pourtant sont des cris pétrifiés. Mais qui les entendra ? - Vais-je me mettre à écrire un autre livre ? Je le voudrais. Pourvu que j'en aie la force, et le désir ! - Pendant quelques jours, pressentiment d'une explosion imminente. Angoisse et jubilation en même temps. Si cette sensation était devenue plus intense, quelle eût été ma réaction ? La jubilation, il n'en aurait été plus question »... Le cahier s'ouvre sur une soirée au théâtre pour une pièce de Roland DUBILLARD (22 nov.), et des conversations téléphoniques avec Eugène [IONESCO] saoul. Promenades au Jardin des plantes (l'air indifférent d'un lama lui inspire une réflexion sur le détachement qui sera plusieurs fois reprise et remaniée), à la campagne, au jardin du Luxembourg, dans la Beauce, dans la forêt de Dourdan... Discussion avec Georges DUMÉZIL (23 déc.), la visite de trois “pays” (5 janvier 1973), une émission où il se contemple en « vieillard grimaçant » (17 avril), chez le médecin (18 mai), torture chez le dentiste, pèlerinage à la Défense (juin), exposition SOUTINE (11 juin), promenade avec un pensionnaire occasionnel de Sainte-Anne (12 juin), conversation avec Henri MICHAUX (20 juin)... Il raconte ses rêves et cauchemars, fait allusion à quelques personnes, souvent désignées par des initiales, notamment X. ; anecdote sur sa voisine nonagénaire lubrique... Réflexions et aphorismes sur la fatigue, la sainteté, la religion, le style (« La sainte concision ! »), la mélancolie, le pessimisme, la connaissance de soi, le mensonge, les croyances, la mort (« La mort, de toute évidence, est une solution. La seule, malheureusement »), Hitler, la conscience, etc. Le 15 décembre, il note : « Mes droits d'auteur en France pour toute une année se chiffrent à cinq cents francs. Si j'étais un homme d'honneur je me foutrais une balle dans la peau. Je gagne donc en moyenne 40 francs par mois. Je serais donc l'homme le plus
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